mardi 21 juin 2022

TIM SALE (1956-2022)


Tim Sale est mort le 16 Juin dernier. Il avait 66 ans.


Après Neal Adams et George Pérez, c'est une nouvelle perte immense pour les comics. Hospitalisé la semaine dernière dans un état préoccupant, selon ses proches, la nouvelle de sa disparition a ému les fans et ses pairs, surpris par la rapidité avec laquelle la situation a dégénéré. Comme Adams et Pérez, Tim Sale était unanimement apprécié et admiré.


Il dessinait depuis l'enfance et en 1976, John Buscema le prit sous son aile. Mais de l'aveu même de Sale, l'expérience aboutit à une déception car "Big John" n'était pas bon pédagogue. Pourtant la découverte des travaux de John Byrne puis Frank Miller pousson le jeune homme à persévérer et sa rencontre avec Mike Friedrich fut décisive : il partit pour New York où il fit la connaissance de Matt Wagner - qui lui confiera plus tard des épisodes de sa série Grendel.
 

Mais, bien entendu, c'est sa collaboration au long cours avec le scénariste Jeph Loeb qui fit basculer la carrière de Tim Sale. Ensemble, ces deux-là produisirent des classiques voués à rester dans l'histoire du média, à commencer par leur reprise de Challengers of the Unknown, création de Jack Kirby, qui les adouba.


Puis ce fut une longue liste de succès critiques et publics : Batman : A Long Halloween et Batman : Dark Victory, le sublime Superman For All Seasons, pour DC Comics, et chez Marvel la "tétralogie des couleurs" avec Daredevil : Yellow, Spider-Man : Blue, Hulk : Grey et Captain America : White (dont la réalisation s'étala sur huit années !).


Tim Sale allait aussi se faire un nom grâce à la série télé Heroes car c'est lui qui réalisa les planches prophétiques peintes par le personnage d'Isaac Mendez. Le saviez-vous ? L'artiste était daltonien et ne pouvait donc coloriser lui-même ses images : c'est ainsi qu'il noua une longue complicité avec Dave Stewart.


L'autre particularité de Tim Sale, au-delà d'un style identifiable entre tous, tout en courbes,avec une science du clair-obscur magistral, des designs non-réalistes, c'était qu'il puisait son inspiration non seulement dans les comics américains (Alex Toth, Mike Mignola, Bruce Timm, Darwyn Cooke - pour qui il dessina Superman : Kryptonite) mais aussi parmi ses collègues européens, avouant son admiration pour Yslaire, Juanjo Guarnido ou l'affichiste René Gruau.


J'aimai ce que faisait Tim Sale, homme discret, dessinateur exceptionnel. Il ne ressemblait à personne et ses productions ne ressemblaient à aucune autre. C'est la marque d'un dessinateur, d'un narrateur précieux. Que la faucheuse nous l'ait ravi à 66 ans rend son destin tragique et nous, ses lecteurs, inconsolables.

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