lundi 6 juin 2022

THE BLUE FLAME #1, de Christopher Cantwell et Adam Gorham

 

Aujourd'hui et dans les prochains jours, je vais revenir sur une série, encore en cours de publication (jusqu'u mois de Juiller), qu'un ami vient de me faire découvrir : The Blue Flame, parue chez Vault, un éditeur indépendant américain. C'est une histoire en dix épisodes qui sera compilé en un recueil au mois de Septembre, écrite par Christopher Cantwell et dessinée par Adam Gorham. J'étais passé à côté et si je vous en parle, c'est parce que c'est une merveille.



Blue Flame parcourt l'univers jusqu'en des secteurs inconnus. Il utilise un jetpack alimenté par du cobaltium et porte une combinaison et un casque bleus, équipés d'une technologie de pointe.


Cette fois, il 'est aventuré jusqu'à une planète non répertoriée. Il s'y pose. L'endroit et aride et paraît désolé jusqu'à ce qu'une délégation armée vienne à sa rencontre et l'intime de la suivre.


Blue Flame refuse d'abord puis cède. Il est conduit dans une infrastructure abritant le Tribunal du Consensus qui l'a choisi pour défendre la Terre que les Arbitres menacent de détruire.


Sur Terre, Sam Brausam, un chauffagiste, retrouve à une exhibition ses amis de la Brigade de Nuit, des justiciers urbains. Ils vont signer des autographes quand un tireur ouvre le feu dans la salle...

Dans le nombre considérable de sorties hebdomadaires de comics, il arrive fréquemment que des titres me fassent de l'oeil mais que je me résouds à ne pas acheter car j'en lis déjà bien assez, que mes finances ne sont pas extensibles, qu'il me manque du temps, etc. Le plus souvent, je dois aussi avouer que je sacrifie les parutions des éditeurs indépendants au profit des "Big Two" (Marvel et DC).

Combien d'histoires sont ainsi négligées ? Combien d'auteurs sont ainsi ignorés ? L'offre est pléthorique et il faut simplement faire des choix. On préfère souvent s'en tenir aux "valeurs sûres", même si le résultat n'est pas toujours à la hauteur des espérances. C'est injuste, mais c'est comme ça.

Et puis, parfois, un ami, plus curieux, fortuné, chanceux (au choix) met la main sur une pépite et vous la fait partager. Ce jour-là, on découvre une de ces séries laissées sur le bord de la route et surtout on a un gros coup de coeur. On se maudit d'avoir raté ça. Et en même temps on est content de pouvoir rattraper cette occasion manquée. C'est exactement ce que j'ai ressenti en lisant The Blue Flame, publié par Vault depuis Septembre 2021.

Ce petit éditeur indépendant, qui publie des titres en creator-owned, a su, je ne sais comment, attirer des auteurs en pleine ascension et c'est ainsi qu'il a, entre autres, convaincu Christopher Cantwell d'écrire The Blue Flame. Cantwell est l'actuel scénariste d'Iron Man chez Marvel, mais il a aussi signé Everything chez Vault, traduit chez nous par 404 Comics avec un vrai succès à la clé. Si j'ai rien lu de cet auteur jusqu'à présent, il m'a fait une forte impression avec The Blue Flame, série à la fois bourrée de références mais surtout porté par des idées originales et fortes.

Ce premier épisode (sur les dix que comptera la série) illustre parfaitemetn la proposition de Cantwell. Les premières pages nous embarquent dans un trip spatial à la suite d'un aventurier, Blue Flame, qui évoque plusieurs héros cosmiques (de Adam Strange à Green Lantern en passant par le père de tous ces personnages, Flash Gordon). Il se pose sur une planète, Exilos, et il est aussitôt conduit manu militari devant un tribunal qui le désigne pour défendre les intérêts de la race humaine que trois arbitres menacent d'anéantir car ils ne sont pas certains qu'elle mérite d'exister !

Et puis, l'histoire prend un virage aussi inattendu que radical et brusque lorsqu'on est transporté à Milwaukee, Wisconsin, où vit Sam Brausam. Sa tête nous est déjà familière puisque c'est lui, Blue Flame ! Sauf que Sam est en vérité un simple chauffagiste qui, le soir venu, se déguise en vigilante sous le pseudo de Blue Flame et qui part rejoindre dans une exhibition la Brigade de Nuit, composée d'autres "héros de quartiers" venus se prêter à une séance photo et dédicace. Mais la soirée va basculer dans un drame terrifiant...

Vous êtes déboussolés ? C'est normal, je l'ai été aussi. Mais c'est le plus remarquable dans cette série qui nous bouscule sans arrêt, nous questionne, et nous emballe. Qu'est-ce qui est vrai ? Faux ? On l'ignore, les contrastes sont tellement prononcés qu'on ne sait plus quoi croire. Et ce n'est que le premier épisode - croyez-moi quand je vous promets que la suite est encore plus folle et troublante. Christopher Cantwell démarre très fort, très vite, son récit a du rythme mais sans non plus se précipiter, c'est très étonnant et captivant. Le scénariste nous accroche en sachant doser plus que parfaitement temps calmes et temps forts avec une intrigue détasbilisante.

J'aurai pu rédiger une critique des huit premiers épisodes, un gros article, en attendant le neuvième numéro (qui sortira le 15 Juin), mais j'ai voulu au contraire consacrer une entrée à chacune des issues car on apprécie mieux la progression de l'histoire et la qualité de son écriture, où Cantwell dispense une véritable leçon de narration parallèle comme j'en ai rarement lue. Entre Sam, le Blue Flame de Milwaukee, celui d'Exilos, il y a de la mtière. Et de nombreuses autres surprises restent à venir...

Si je ne connaissais Cantwell que de nom, en revanche, le dessinateur Adam Gorham m'était un peu plus familier puisque j'avais notamment lu la mini-série Punk Mambo, parue chez Valiant (Bliss Comics en France), un spin-off de Shadowman, que j'avais breaucoup appréciée (et que j'avais critiquée il y a déjà un petit moment).

Gorham est un artiste qui bouge pas mal : il a bossé pour Marvel (sur une mini-série Rocket, écrite par Al Ewing, et une autre sur New Mutants, écrite par Matthew Rosenberg), chez Valiant (sur le mini-crossover Dead Drop, de Ales Kot), chez Image (The Violent, écrit par Ed Brisson). J'aime beaucoup son style, au trait vif et expressig, avec une science du découpage sobre et efficace.

Mais The Blue Flame lui donne l'occasion de prouver qu'il peut tenir sur une format plus long et d'ailleurs il assure tous les épisodes, sans retard. Le script lui fournit de quoi briller puisqu'il doit aussi bien dessiner du space opera que du street-level hero ou des scènes de la vie quotidienne. Rarement un artiste a l'occasion d'illustrer une telle variété de situations, de décors, de personnages. Et Gorham s'en acquitte magistralement, sans changer de style d'un univers à l'autre, mais au contraire en s'appuyant sur une technique solide.

Ce bagage donne une humanité touchante aux moments les plus extrêmes de l'épisode et on comprend dès lors que, même par ses aspects les plus spectaculaires, The Blue Flame restera à hauteur d'homme grâce au regard aiguisé de son dessinateur qui se met au service du script en cherchant à lui rendre justice. Je peux aunsi vous assurer que même après huit épisodes la constance dont fait preuve Gorham est épatante et devrait, si le monde est bien fait, convaincre des responsables éditoriaux de miser sur lui pour de futurs projets ambitieux.

Par ailleurs, la série bénéficie de magnifiques couleurs par Kurt Michael Russell, respectueux du trait de Gorham et capable d'être aussi à l'aise dans le périple cosmique du héros que dans la représentation d'une ville moyenne américaine en hiver avec des gens ordinaires.

Stay tuned ! La critique du prochain épisode ne tardera pas...

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