dimanche 18 novembre 2018

SUPERMAN #5, de Brian Michael Bendis et Ivan Reis


La couverture, au demeurant iconique, d'Ivan Reis spoile bêtement le dénouement de cet épisode qui voit donc l'entrée en scène du Général Zod. Mais, avant cela, comment a-t-il rejoint Superman dans la Zone Fantôme ? C'est ce que nous dévoile Brian Michael Bendis dans le cinquième chapitre de Unity Saga, toujours aussi spectaculaire et surprenant.


Le général Zod est sujet à des visions récurrentes : il rêve d'une alliance entre la maison El (Superman et ses proches), la maison de Kandor et la sienne. Cette union donnerait naissance, au terme d'un mariage arrangée entre Ursa et Kal-El, à une nouvelle Krypton. Mais le fils du général l'avertit alors de la disparition de la Terre.


Dans la Zone Fantôme, affaibli par l'absence d'énergie solaire et dépassé par le nombre de ses adversaires, Superman est mal en point. Rogol Zaar et Jax-Ur avec leur armée sont prêts à l'achever avant qu'il ne s'envole pour tenter de leur échapper provisoirement.


Adam Strange avertit les autorités galactiques de la disparition de la Terre lorsqu'il est rejoint par le général Zod. Celui-ci lui indique un point au loin et s'en approche. C'est la Terre, miniaturisée, et Strange tente d'entrée en contact avec Atom.


La planète recouvre progressivement sa taille normale et Zod surgit dans les locaux de S.T.A.R. Labs où il trouve Atom avec le projecteur de la Zone Fantôme. Il lui ordonne de tirer sur lui avec l'arme et Atom obéit sans réfléchir, mais pensant que c'était la chose à faire.


Dans la Zone Fantôme, Superman réfléchit à un moyen d'en finir avec Rogol Zaar et croit qu'il est prêt à le tuer, avant de se raviser. Il se présente devant son ennemi en l'interrogeant sur sa motivation pour tuer les kryptoniens. Mais avant que Zaar ne réponde, Zod ne s'interpose et le défie...

Brian Michael Bendis a imprimé depuis le début de son arc narratif un rythme curieux : on a le sentiment que tout avance à pas comptés et pourtant chaque épisode fait progresser la situation de manière nette, ménageant à chaque fois des rebondissements, du grand spectacle, et un portrait puissant de Superman - peut-être le plus affirmé depuis des années, puisque le scénariste s'appuie sur le personnage et non lui et sa famille, lui et ses amis.

L'impression est encore plus flagrante ce mois-ci puisque Atom a réussi, comme on le découvre, à appliquer la stratégie folle de Superman pour l'extraire de la Zone Fantôme - c'est-à-dire en la réduisant tellement qu'elle est passée dans le Microvers pour réintégrer notre système solaire. Par conséquent, Superman est resté seul face à ses ennemis dans la Zone Fantôme.

Comme il aime procéder, Bendis détourne pourtant la trame attendue en démarrant par Zod en proie à des visions idéalistes mais pulvérisées par Rogol Zaar. Le général, qui a souvent bataillé contre Superman, connaîtrait donc l'auto-proclamé destructeur de Krypton et c'est suffisant pour qu'il parte l'affronter. Problème : comment le rejoindre où il se trouve ?

L'intrigue joue sur un mouvement de balancier constant : Zod retrouve la Terre avec Adam Strange, Superman est acculé par l'armée levée par Jax-Ur et Rogol Zaar, Zod oblige Atom à utiliser contre lui le projecteur de la Zone Fantôme, Superman fuit puis refait face à Zaar. Enfin, Zod rejoint les deux ennemis. Son entrée en scène modifie la donne : il est prêt à tuer alors que Superman refuse cette extrémité. Les deux kryptoniens vont s'allier contre leur adversaire commun. Rogol Zaar et compagnie y résisteront-ils ? Et Superman laissera-t-il Zod supprimer les méchants ?

Ivan Reis ne cesse d'impressionner depuis cinq mois sur le titre (il sera épaulé par Brandon Peterson pour le #7, qui verra le retour de Jon Kent). Le brésilien fournit des planches bien pleines, aux compositions intenses, avec une envergure très spectaculaire. Bendis lui donne du biscuit et l'artiste se montre plus qu'à la hauteur en produisant des scènes hautement ambitieuses.

Il y a là un plaisir simple à savourer ces grandes images dans un récit lui-même plus grand que nature. La puissance des surhommes, la violence qu'il déploie, l'intensité de leurs échanges, sont grisantes. C'est exigeant graphiquement pour celui qui s'occupe de cette partie de la BD, mais Reis et ses deux encreurs, Joe Prado et Oclair Albert, donnent tout ce qu'ils ont pour que le lecteur en ait plein la vue.

Finalement, ce rythme étrange sied à cette saga : il lui confère une ampleur mythique, avec des enjeux démesurés, avec des moments dingues. C'est une sorte de fantaisie hypertrophiée et absurde, mais aussi le sel des comics dans toute leur pompe. Encore ! Encore ! 

La variant cover d'Adam Hughes.

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