jeudi 15 novembre 2018

GREEN ARROW #45, de Julie et Shawna Benson et Javier Fernandez


A peine arrivées sur le titre, Julie & Shawna Benson ont du composer avec la saga Heroes in Crisis de Tom King. Green Arrow est en effet indirectement impacté par le premier épisode puisqu'une des victimes de la tuerie du Sanctuaire est Roy Harper/Arsenal : il était impensable que l'archer ne suspende son enquête sur le Citizen au moment de rendre hommage à son disciple. Pour Javier Fernandez, l'exercice permet à la fois de briller tout en se retirant (déjà !)...


Oliver Queen et Dinah Lance assistent aux obsèques de Roy Harper en compagnie des amis de ce dernier au sein de la Justice League, des Titans et des Outlaws. Pour Green Arrow, le chagrin le dispute à la colère, alors qu'il est assailli par les souvenirs du défunt.


Roy avait récemment fait son retour à Seattle et participé au sauvetage d'un immeuble détruit par le promoteur Jubal Slade. Il semblait vouloir se confier à Oliver qui, lui-même, voulait lui donner quelque chose. Les meurtres commis au Sanctuaire ne l'auront pas permis.


Oliver frappe Clark Kent en lui reprochant, comme à d'autres membres de la Ligue, de ne pas avoir protéger les patients du Sanctuaire. Puis il se tourne vers Hal Jordan à qui il supplie d'utiliser son pouvoir pour ressusciter Roy. Avant que J'onn J'onzz ne le raisonne télépathiquement.


Calmé, Oliver s'éloigne et fait connaissance avec Annie, une jeune femme, ancienne toxicomane que Roy avait convaincue de se faire soigner. Green Arrow se rappelle alors comment il avait surpris Roy quand il se droguait et la manière, maladroite, de l'aider en jouant davantage le rôle d'un mentor que d'un père de substitution.


Ces regrets, Oliver le comprend, alimentent sa colère aujourd'hui : il en veut moins aux autres qu'à lui-même, de ne pas avoir été suffisamment présent pour Roy. Il doit s'améliorer en sa mémoire. Et cela commencera par coincer le Citizen.

L'exercice du tie-in, c'est-à-dire de l'épisode découlant d'une saga, est toujours périlleux, même s'il arrive parfois que les auteurs y trouvent matière à transcender l'histoire à laquelle ils doivent coller. Julie & Shawna Benson ne visent pas si haut mais en profite pour signer un chapitre intermédiaire dans leur arc narratif de manière habile.

Javier Fernandez a visiblement profité d'une liberté de manoeuvre assez grande pour découper l'épisode qui abonde en pleines pages rétrospectives. On peut ainsi voir défiler des moments emblématiques de la vie de Green Arrow et de celui qui fut successivement Speedy, Red Arrow et Arsenal. Ces planches sont très belles, superbement composées, avec des effets de fondus enchaînés épatants, leur lecture est très fluide et ponctuée d'instantanés iconiques renvoyant à des épisodes célèbres (notamment ceux du run de Denny O'Neil et Neal Adams sur la série Green Arrow/Green Lantern).

Dans Heroes in Crisis #1, Tom King présentait dans une page le témoignage de Roy Harper se sachant condamné après une courte existence éprouvante où les coups reçus et son addiction à l'alcool et la drogue avaient détruit ses reins. Devenu sacrifiable, il disparaissait néanmoins de manière poignante, symbole d'une jeunesse héroïque mais surtout consumée par une activité destructrice.

La réaction d'Oliver Queen est exposée de façon logique et mesurée. C'est un homme en colère qui se présente aux funérailles de son protégé. Ce sentiment s'exprime d'abord contre les gardiens du Sanctuaire via Superman qu'il accuse de n'avoir pas su éviter le carnage ni arrêter le meurtrier. Puis, subtilement, on voit que ce ressentiment vise Queen lui-même.

Le tournant de sa relation avec le défunt se situe donc quand Roy a commencé à se droguer et qu'il l'a découvert avec Green Lantern - un classique donc de l'ère O'Neil-Adams. A l'époque, Green Arrow réagit brutalement en giflant et en sevrant sans ménagement son sidekick. Il agit comme un coach, un mentor, face à un ado qui cherche un père de substitution. En le comprenant aujourd'hui, Oliver intègre sa maladresse, son erreur, et formule son regret.

Mais, et c'est là le petit tour de force des Benson, il en tire une leçon : il a échoué, il doit s'améliorer. Et cela passera par la capture du Citizen. La série retombe sur ses pattes avec agilité et annonce la reprise de l'intrigue commencée dans les deux numéros précédents. Le tie-in est exemplairement rempli tout comme la liaison avec l'histoire en cours.

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