vendredi 30 novembre 2018

DAREDEVIL #612, de Charles Soule et Phil Noto


C'est la finde l'arc narratif, mais aussi la fin du run de Charles Soule. Et la fin de Daredevil ? En tout cas, cet épisode respecte une drôle de tradition qui veut que l'auteur laisse la série dans une situation a priori insoluble pour son successeur. 


Blessé par balle, Daredevil est conduit dans une clinique clandestine par Mike Murdock. Pansé, il est néanmoins débusqué par le Veilleur qu'il n'est pas en état d'affronter et qui le pousse donc à fuir. Daredevil suit alors la nouvelle conseillère de Wilson Fisk où elle a rendez-vous avec le Penseur Fou.
  

Furieux de ne pas avoir été payé ou récompensé par le Caïd pour avoir truqué son élection à la mairie, il fournit à Matt Murdock de quoi convaincre le procureur de Manhattan, Hochberg, de poursuivre Fisk pour fraude avec le témoignage de DD.


Tous les héros de New York défilent pour témoigner contre Fisk. Avant que celui-ci ne soit appelé à la barre. Trahi par sa vanité, il affirme qu'il aurait été élu même sans aide.
  

Daredevil savoure son triomphe sur un toit d'immeuble. Mais le Veilleur resurgit et dévoile son identité. Daredevil est profondèment troublé et saisit mieux les événements de ces derniers jours.


Sidéré, l'homme sans peur comprend la réalité de sa situation. Une vérité qui signifie peut-être sa fin. Même s'il ne veut pas céder à la peur et cesser de se battre...

Il y a quinze jours, pour rédiger l'entrée sur le #611, j'avais davantage pronostiqué sur le sens de cette histoire et son dénouement que sur sa qualité (quand bien même, j'admettai que sa lecture était savoureuse par son aspect ludique).

C'est non sans plaisir que j'ai pu vérifier que j'avais eu raison dans mes déductions sur le tour de passe-passe narratif de Charles Soule pour conclure son run. Je ne veux pas spoiler et me contenterai de rester allusif, mais je trouve le procédé très malin, confirmant le titre de l'arc sans être trop définitif.

Soule laisse Daredevil dans une situation précaire et la dernière page peut être montrée, comme je l'ai fait ci-dessus, sans rien déflorer. C'est un signe que le scénariste a bien su négocier son affaire. Bien qu'estimant bien connaître les antécédents de la série, je ne me rappelle pas d'un dénouement pareil.

Il existe une tradition depuis la fin des années 70, quand Roger McKenzie passa le relais à Frank Miller, où les auteurs de Daredevil terminent leurs runs de manière inconfortable pour le suivant. Plus récemment, Brian Michael Bendis avait laissé Matt Murdock en prison à Ed Brubaker qui, lui, en avait fait le chef de la Main pour Andy Diggle. Mark Waid avait pris le parti de moins coller à la conclusion de Diggle (tout en y faisant une petite référence) mais terminait sur une note presque définitive.

Soule, en une quarantaine d'épisodes (moins que Miller et surtout que Waid, recordman de longévité sur le titre), a su résoudre la fin de son prédécesseur tout en en concoctant une assez grâtinée, mais surtout captivante et rondement menée.

Phil Noto ne sera pas resté longtemps mais, avec une parution bimensuelle, sa prestation ne sera pas passé inaperçue. Non seulement parce qu'il aura respecté un rythme affolant, mais en assumant dessin, encrage et colorisation. La performance est à saluer alors que bien des fans se plaignent facilement qu'il n'existe plus d'artistes ponctuels.

On sent quand même qu'il s'essouffle sur cet ultime chapitre, avec des combats un peu mal découpés, tandis que les scènes plus calmes bénéficient de meilleures finitions (voir la double page avec tous les super-héros dans la salle d'audience du procès de Fisk).

Voilà, c'est fini. Un run inégal, mais où Soule a souvent tenté des choses, sans s'inscrire dans les traces de quiconque, et qui a réussi à conclure en beauté (alors même qu'il avait encore six mois d'histoires en réserve).

Maintenant, en Janvier, une mini-série hebdomadaire explorera les conséquences de cette conclusion sur l'entourage du héros, mais j'ignore si je la lirai. En revanche, je serai présent pour la relance de Février, écrite par Chip Zdarsky et dessinée par Marco Checchetto (un de mes dessinateurs favoris).
     
Image promotionnelle pour la relance du titre en Février,
réalisée par Julian Totino Tedesco.

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