jeudi 22 novembre 2018

COSMIC GHOST RIDER #5, de Donny Cates et Dylan Burnett


Sortie la semaine dernière, la conclusion de Cosmic Ghost Rider laissait la porte ouverte : Donny Cates et Dylan Burnett avait pris dans l'épisode précédent un tournant plus grave, inattendu, qui interrogeait sur le projet, jusqu'ici loufoque. La solution trouvée est à a fois cohérente et annonce un bel avenir à leur héros.


Sur la Terre future et paradisiaque que Thanos adulte a conçue en ayant été élevé par Frank Castle, il y a toutefois un problème qui perturbe ce dernier : soit on fait partie des alliés du titan, soit on est reclus dans une fosse. Thanos a compris que cela déplaisait à son père adoptif et lui tend la main pour éviter une bataille que le Cosmic Ghost Rider ne peut gagner.


Sauf que Castle saisit la main de son "fils" pour mieux le frapper avec toute sa force et le pousser dans la fosse. Il s'adresse alors à Thanos bébé en lui rappelant que, quelle que soit l'issue du combat, il devra se souvenir qu'il a le choix de devenir celui qu'il veut.


Frank se jette à son tour dans la fosse pour en finir avec Thanos adulte. Celui-ci reste supérieur en puissance mais son opposant est plus déterminé. Et il réussit à faire vaciller le titan, déterminé à lui donner le coup de grâce avec une leçon de morale à la clé.


Frank tue sa création comme un acte de repentir. Thanos est littéralement désintégré. Castle annonce aux habitants de la fosse qu'ils sont libres. De retour à la surface, il enlève Thanos bébé aux mains du couple heureux que son double de cette époque forme avec sa femme.


Via un portail spatio-temporel, Frank ramène Thanos bébé dans son berceau. La Mort le surprend et le remercie pour avoir montré à l'enfant comment on tue - ce qui sera son destin. Castle espère que l'enfant prendra malgré tout une autre voie. Et, repartant sur sa moto, il se promet d'y veiller...

Donny Cates est en train de devenir la nouvelle étoile montante de Marvel (avec d'autres scénaristes comme Ed Brisson, Matthew Rosenberg, Kelly Thompson...) et le projet Cosmic Ghost Rider, qui avait tout l'air d'une grosse blague, lui a permis d'hériter, en Janvier prochain, du relaunch de Guardians of the galaxy, pour laquelle il semble avoir eu carte blanche pour la composition de l'équipe et la direction (en même temps, il passe après Gerry Duggan, qui n'a tenu qu'un an et demi sans faire d'étincelles).

On peut dresser une sorte de parallèle entre cette mini-série et le parcours de son auteur : sorti quasiment de nulle part, mais s'affirmant avec un sens indéniable du spectacle, il s'est imposé par sa singularité et son audace. Il faudra désormais vérifier à l'usage si Cates est l'homme d'un coup d'éclat, un sleeper chez Marvel, ou au contraire une plume avec laquelle il faudra compter.

Dans l'épisode du mois dernier, l'histoire prenait un tour inattendu, plus grave, en confrontant Frank Castle à ses choix éducatifs : certes il avait fait de Thanos, enlevé enfant, un pacificateur, mais derrière qui se cachait une conception radicale de la société, avec d'un côté ceux qu'il estimait digne d'être ses voisins, et de l'autre ceux qui, punis, croupissaient dans une fosse. La farce se muait en une réflexion sur le déterminisme.

Quels que soient les efforts de Frank Castle, Thanos était-il voué à être un despote a minima, ou pire un criminel cosmique ? Le choix du scénariste est donc d'avoir achevé son récit par une sorte de morale classique qui enferme ses personnages dans leurs manies, mais sans qu'on sache vraiment s'il s'agit d'une conviction de Cates ou d'un aboutissement narratif.

Cette ambiguïté m'a, je le dis, un peu embarrassé, comme si Cates ménageait la chèvre et le chou, ne se mouillant pas trop. Finalement, ces cinq épisodes en forme de boucle renvoient au postulat de la série sans rien résoudre. Heureusement qu'on s'est bien amusé la plupart du temps, sans quoi l'exercice aurait été bien vain. Ce qui semble davantage avoir préoccupé le scénariste, c'est de fournir à son Cosmic Ghost Rider la possibilité d'intégrer l'univers Marvel, d'en faire une créature à part entière et non pas un pantin façon "Elseworlds" ou "What if...?". De fait, il semble acquis qu'il apparaîtra, voire fera partie, de ses Gardiens de la galaxie. Ce qui aboutit à une bizarrerie notable puisque, donc, de facto, il y aura deux Frank Castle en circulation (même s'ils ont peu de chances de se croiser).

Cosmic Ghost Rider aura aussi permis de faire connaître Dylan Burnett et Marvel a dû également apprécier sa prestation puisqu'il sera l'artiste du relaunch de X-Force (de quoi y jeter un oeil ?). Les dessins généreux et explosifs, auxquels les couleurs d'Antonio Fabela conviennent idéalement, et le style semi-réaliste du garçon sont une vraie bouffée d'air frais.

Il a su servir le script de Cates et même le doper, conservant jusqu'au bout une sorte de folie, un sens de la dérision, une énormité jubilatoire. Burnett a une manière d'illustrer de manière très frontale, sans subtilité, avec un goût affirmé pour ces personnages bigger than life et leurs actions démesurées, mais pourtant il sait, au bon moment, donner l'expression juste, choisir l'angle de vue approprié, la valeur de plan, dans des compositions toniques. 

Cette conclusion est donc un peu décevante, mais pouvait-il en être autrement. Elle ne doit cependant pas gommer le vrai plaisir qu'ont procuré les quatre précédents numéros. Et on observera avec intérêt les prochaines aventures des deux auteurs, chacun de leur côté. 

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