lundi 29 août 2011

Critique 258 : FABLES 12 - THE DARK AGES, de Bill Willingham, Mark Buckingham, Mike Allred, David Hahn et Peter Gross

Fables : The Dark Ages est le 12ème recueil de la série créée et écrite par Bill Willingham, rassemblant les épisodes 76 à 82, publiés en 2008 et 2009 par DC Comics dans la collection Vertigo. Mark Buckingham dessine les épisodes 77 à 81, Michael Allred l'épisode 76, David Hahn l'épisode 82, et Peter Gross la back-up story en cinq parties (Return to the Jungle Book).
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- Around The Town (#76) : Pinocchio fait visiter Fabletown à Gepetto après sa défaite et son amnistie. Mais le voisinage réserve un accueil hostile à celui qui les a obligés à s'exiler tandis que le marionnettiste n'a aucun remords.

- The Dark Ages (#77-81) : L'inquiétant et puissant sorcier Mr Dark, incarnation de tous les cauchemars, est libéré accidentellement du coffre où il était enfermé dans son château du royaume de Tiabrut par les deux mercenaires Freddy et Mouse. La magie délivrée ainsi provoque un séisme qui détruit la mairie de Fabletown, dont profite Baba Yaga pour s'enfuir et qui oblige les Fables à partir s'installer à la Ferme. Frau Totenkinder est incapable de déterminer la cause exacte de ce trouble. Et Boy Blue se meurt lentement, après avoir été blessé durant la guerre contre l'Adversaire, plongeant Rose Red dans une profonde dépression.

- Waiting For The Blues (#82) : Le décés de Boy Blue affecte les Fables et l'arrivée des citadins à la Ferme exacerbe les tensions avec les résidents habituels de l'endroit qui s'interrogent sur cette cohabitation.

- Return To The Jungle Book (1-5) : Bigby envoie Mowgli et Baghera en mission dans les royaumes pour y surveiller les Trolls. Accompagnés des frères loups de Bigby, ils rencontrent Lord Mountbaten, un tigre mécanique, dernier survivant des Fables hindous.
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Autant vous prévenir tout de suite, il s'agit sans aucun doute de la suite d'épisodes la plus triste de la série : et pour cause, on y assiste à la mort d'un de ses plus attachants héros. Son agonie est traîtée de manière poignante par Bill Willingham, qui ne laisse pas espérer une résurrection (quand bien même, elle n'est pas non plus exclue, et que les Fables doivent une partie de leur existence aux auteurs qui les utilisent dans leurs récits et aux lecteurs qui suivent leurs aventures).
Le sort tragique du jeune trompettiste fendra littéralement le coeur à ceux qui ont lu la série depuis le début, tant le personnage faisait partie du paysage (jusqu'à tenir le premier rôle du recueil Homelands), formant avec Pinocchio et Flycatcher les "three compadres", et ayant subi plusieurs revers amoureux cruels (avec le Chaperon Rouge puis Rose Red).
Parallèlement à cela, Willingham traite des conséquences de la guerre entre les Fables exilés et Gepetto. Le bilan n'est pas si glorieux que ça pour les vainqueurs : en accordant l'amnistie à Gepetto, le ressentiment des Fables éclate au grand jour contre ce dernier, mais se pose aussi rapidement - et dramatiquement - la question de la situation des Royaumes à l'abandon depuis la chute de l'Adversaire. Désormais aux mains de mercenaires et pillards comme Freddy et Mouse, sans Gepetto, l'anarchie règne et le diable ne va pas tarder à sortir de sa boîte.
Ce nouvel ennemi est l'énigmatique Mr Dark, personnification de tous les cauchemars, d'une puissance magique considérable (au point d'effrayer Frau Totenkinder), et dont le réveil provoque en plus la libération de Baba Yaga, qui croupissait dans une cellule souterraine de la mairie de Fabletown.
La destruction du Hall est, à l'évidence, une référence directe aux attentats du 11-Septembre (2001), frappant les Fables en plein coeur : l'office disparaît subitement, avec son trésor (annonçant donc la ruine financière des exilés), et la population est obligée de se déplacer jusqu'à la Ferme, ce qui va engendrer rapidement de vives tensions entre les résidents de l'endroit, sans oublier la dépression qui accable Rose Red après la mort de Boy Blue (et met un terme à son couple, récemment formé avec Sinbad). The Dark Ages mérite donc parfaitement son nom : après War and pieces où on pouvait espérer une embellie, la situation semble plus compromise que jamais. Il est encore trop tôt pour savoir si ce nouvel adversaire va offrir une opposition aussi rude que Gepetto (bien que ce nouveau cycle sera moins long), mais Willingham ne lésine pas sur les moyens et on achève la lecture de ce 12ème tome avec appréhension.
L'histoire qui boucle ce recueil est une back-up de la série régulière, ce qui explique qu'elle ne soit pas numérotée : c'est un récit sympathique avec Mowgli, où nous faisons connaissance avec Lord Moutbaten, mais surtout avec les frères loups de Bigby, dont les pouvoirs métamorphes sont surprenants.
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Mike Allred revient illustrer un épisode de la série - le tour du quartier de Gepetto avec Pinocchio. Sa contribution est excellente, comme d'habitude, quand bien même il est déroûtant de voir Pinocchio représenté comme un véritable enfant, et non comme un pantin aux traits rudimentaires.
Puis Mark Buckingham (encré par Andrew Pepoy) dessine l'arc principal. La colorisation de Lee Loughridge ajoute à l'aspect sinistre du récit, avec des tons mats, dominés par des teintes brunes. Une séquence comme l'effondrement du Hall ou les funérailles du Prince Charmant offrent de nouveaux exemples du talent immense de "Bucky".
David Hahn dans un style naïf et séduisant met en images l'épilogue de The Dark Ages, et Peter Gross avec un trait un peu frustre mais pas désagrèable s'occupe de l'histoire avec Mowgli.
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Prochaine étape : un crossover ! Fables va partager la suite de son histoire avec son spin-off, Jack Of Fables, et une mini-série originale, The Literals, pour une saga ambitieuse en 9 parties.

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