samedi 13 août 2011

Critique 251 : X-MEN VS THE AVENGERS, de Roger Stern, Tom DeFalco, Marc Silvestri et Keith Pollard

X-Men vs. The Avengers est une mini-série en quatre épisodes, publiée en 1987 par Marvel Comics. Roger Stern a écrit et Marc Silvestri a dessiné les trois premiers épisodes, Tom DeFalco et Keith Pollard le dernier.
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Les Vengeurs (composés de Captain America, Dr Druid, Captain Marvel II, Thor, Black Knight et She-Hulk) évitent qu'une pluie de météores s'abattent sur une zone habitée. La nouvelle parvient jusqu'aux oreilles de Magnéto qui se repose avec quelques X-Men (Wolverine, Malicia, Dazzler, Tornade, et Havok) dans une calanque isolée de l'Atlantique. Le maître du magnétisme, qui a renoncé à ses activités terroristes, est convaincu que parmi ces météores se trouvent des vestiges de l'astéroïde M, son ancienne base orbitale, et part récupérer des pièces tombées au Cambodge. Il est successivement pris à parti par les Vengeurs et les Super-Soldats Soviétiques (Darkstar, Vanguard, Ursa Major, l'Homme de Titanium, et la Dynamo Pourpre) qui veulent l'arrêter pour ses crimes passés, mais les X-Men s'interposent et l'aident à fuir. Après une course-poursuite qui passe par Singapour, Magnéto accepte de se rendre et un procès est rapidement organisé à Paris. Mais le verdict de cette cour spéciale va surprendre tout le monde et créer la polémique...
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Il y a deux manières de critiquer cette mini-série. La première consiste à analyser l'histoire elle-même : imaginée et conduite par Roger Stern avant d'être conclue par Tom DeFalco, elle est encore aujourd'hui d'une redoutable efficacité. Malgré un casting fourni d'une quinzaine de personnages répartie sur les trois équipes impliquées, on n'est jamais perdu, les rebondissements s'enchaînent à toute allure et les coups de théâtre abondent jusqu'à la fin. Au centre de l'intrigue, le thème de la méfiance envers les mutants cristalisée par le passé criminel de Magnéto est intelligemment traîté et l'on voit les attitudes tour à tour des Vengeurs, des Super-Soldats Soviétiques et des X-Men évoluer au gré des actions équivoques du maître du magnétisme.

Le graphisme de Marc Silvestri puis de Keith Pollard est également un régal : le premier, alors au sommet de sa forme et qui illustrait la série Uncanny X-Men écrite par Chris Claremont, insuffle une énergie formidable au récit ; le second dans un registre plus classique assure le final avec professionnalisme, sans démériter. Bien que Joseph Rubinstein ait un encrage toujours un peu lourd et qui convient moins que Dan Green à Silvestri, il donne à la série une unité bienvenue, même si le dernier chapitre voit défiler à ses côtés Bob McLeod, Al Milgrom et Al Williamson, ce qui fait quand même beaucoup de monde pour 28 pages...
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La seconde approche concerne l'histoire dans l'histoire car X-Men vs. The Avengers a connu une réalisation chaotique comme en témoigne ses crédits. Brian Cronin sur le site http://www.comicbookresources.com/ dans le n°251 de sa rubrique Comic book revealed a consacré un article à ce sujet, et Roger Stern a donné une autre explication. Pourquoi, en effet, le scénariste n'a-t-il pas écrit la fin de ce récit ?
Selon Stern, l'épilogue qu'il avait prévu montrait explicitement que Magnéto avait renoué avec ses vieux démons et redevenait un super-vilain (comment cela se traduisait-il narrativement, ça, par contre, Stern ne le dit pas. Peut-être que Magnéto fuyait le tribunal ou ne se rendait pas à Captain America...). Cette idée déplût à Mark Gruenwald, Ann Nocenti (les editors de la série) et Jim Shooter (le superviseur du projet) qui jugeait que cette issue chamboulait trop de choses dans la série Uncanny X-Men. Stern se serait alors retiré de son propre chef, sans discuter et Tom DeFalco, qui allait ensuite remplacer Shooter comme editor de UXM, se chargea donc de réviser la copie de Stern et la fin telle que nous la connaissons n'est guère convaincante car capillotractée. C'est une sorte de happy end forcée qui ménage la chêvre et le chou, Magnéto étant encore aussi haï par la foule que les X-Men, tenus responsables de l'accepter dans leurs rangs.
Selon Cronin, quand Stern a vu son idée rejetée, il l'aurait beaucoup moins accepté, refusant de la réécrire, et aurait été débarqué sans ménagement, DeFalco venant jouer les pompiers de service, le tout sur fond de lutte de pouvoir avec la tête de Shooter dans la ligne de mire. Shooter soutenait-il Stern ? Mystère. Ce qui est certain, c'est que c'était un editor interventionniste (Chris Claremont et John Byrne avaient des relations tendues avec lui à cause de ça) mais aux décisions souvent intelligentes (il avait imposé que les méfaits de Jean Grey/Phénix ne restent pas impunis à la fin de la saga mythique du Phénix Noir). Et, à cette époque, où les X-Men était la série la plus populaire de Marvel, le siège d'editor était sûrement très convoîté, donc un faux pas était le prétexte idéal pour éjecter Shooter.
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Quoiqu'il en soit, X-Men vs. The Avengers demeure une production abâtardie, une de ces histoires percutantes mais qui aurait certainement pu l'être encore plus. Chris Claremont avait raison quand il râlait sur les crossovers qu'on imposait trop fréquemment aux X-Men, les mutants en profitaient rarement, et le scénariste emblématique de la franchise saura en tirer la leçon quand, en 1988, il donnera aux fans une saga bien plus aboutie avec Mutant Massacre.

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