mercredi 17 août 2011

Critique 252 : FABLES 9 - SONS OF EMPIRE, de Bill Willingham, Mark Buckingham et Mike Allred

Fables : Sons Of Empire est le 9ème recueil de la série créée et écrite par Bill Willigham et rassemble les épisodes 52 à 59, publiée par DC Comics dans la collection Vertigo en 2006 et 2007. Les illustrations sont signées Mark Buckingham (#52-56) et Mike Allred (#57-58) ; Gene Ha, Joshua Middleton, Inaki Miranda,et M.K. Perker, Jim Rugg, Andrew Pepoy, Joëlle Jones, D'Israeli, Jill Thompson, David Lapham, John K. Snyder, Eric Shanower et Barry Kitson ont dessiné les intermèdes entre les quatre chapitres de Sons of Empire et l'épisode 59, Burning Questions.
*
- Sons of Empire (#52-55) : Après l'opération commando menée par Bigby Wolf contre le repaire de Gepetto (l'homme derrière l'Adversaire des Fables), ce dernier réunit ses alliés des Royaumes : Lumi la reine des neiges, l'inquisiteur Hansel, le chevalier Bright Day (ou ce qu'il en reste, c'est-à-dire sa tête sur un plateau), Sir Rodney Greenwood et Pinocchio. Après que Lumi ait exposé son plan pour détruire Fabletown et le reste de la Terre, Pinocchio, tiraillé entre sa fidélité envers son créateur et son amitié pour les Fables exilés, pointe les faiblesses de ces manoeuvres et explique par quels moyens leurs ennemis riposteront...

- Jiminy Christmas (#56) : Le Père Noël dépose ses cadeaux et rencontre un des fils de Bigby Wolf. Il rend aussi forme humaine à Flycatcher (qui était devenu une grenouille après avoir découvert le relooking de Red Riding Hood) mais aussi ses souvenirs (sa famille a été décimée par l'Adversaire) lors de l'exil des Fables...

- Father and Son (#57-58) : Comme il l'a promis à Noël à Snow White (Blanche Neige), Bigby Wolf (le Grand Méchant Loup) emmène sa femme et leurs enfants chez son père, Mr North. Les retrouvailles sont tendues : Bigby veut que North aide les Fables en vue de la guerre contre l'Adversaire et les enfants doivent affronter les monstres qui rôdent autour du château de leur grand-père...

- Burning Questions (#59) : Quelques réponses aux questions que se posent les fans de la série sur les personnages, de premier ou second plans...
*
J'avais cessé de lire Fables au 8ème album, après une cinquantaine d'épisodes, car j'avais été dérangé par les comparaisons politiques que Bill Willingham établissait entre la situation de ses héros et le conflit israëlo-palestinien. Ces allusions alourdissaient maladroitement une histoire dont l'intérêt résidait justement dans son universalité. A bien des égards, Fables était une version réussie et alternative des X-Men, mettant en scène une communauté où aucun des protagonistes n'était négligé, au coeur d'intrigues passionnantes. En y injectant des métaphores politiques, Willingham en orientait la lecture et en atténuait la portée. C'était d'autant plus frustrant qu'en dehors de ces considérations malheureuses, les aventures de ces héros demeuraient remarquablement efficaces.
Et puis, récemment, en m'iformant sur les previews des productions du label Vertigo, je me suis rendu compte que la série avait dépassé les 100 numéros (un exploit pour un titre aussi décalé, dans un marché en crise et la restructuration sauvage de DC). L'équipe créative était toujours en place et les planches aperçues magnifiques. J'ai craqué et replongé -mais j'ai aussi massivement investi pour acquérir les 7 volumes (et 50 autres épisodes !) édités depuis.
Sons of Empire commence immédiatement après la fin de Wolves (Fables 8) : le refuge de Gepetto et sa réserve de bois magique a été détruite par Bigby Wolf (qui a ensuite épousé Snow White, avec laquelle il s'est installé dans la vallée voisine de la Ferme). Le créateur de Pinocchio, qui vit désormais avec lui, allait-il en rester là ?
La réponse est "non" et Gepetto veut non seulement se venger mais cette fois définitivement terrasser les Fables exilés. Il confie à la reine des glaces la préparation d'une offensive radicale et Willingham consacre à l'exposé de ces attaques (en quatre phases : pestilence, feu, hiver, et famine) un chapitre entier.

La représentation de cet apocalypse permet à Mark Buckingham (co-encré par Steve Leialoha et Andrew Pepoy et mis en couleurs par Lee Loughridge) de produire des planches saisissantes.

Tout aussi impressionnants sont les chapitres consacrés au passé d'Hansel (grâce auquel on apprend pourquoi Gretel n'est pas à ses côtés), inquisiteur fanatique et inquiétant, et aux explications de Pinocchio concernant les parades que mettront en oeuvre les Fables, d'une envergure au moins égale sinon supérieure à ce qu'a imaginé Lumi.
Aucun doute n'est plus permis, et ce bien que Sons of Empire est clairement un tome de transition avant le véritable début des hostilités, la série rebondit de plus belle et le scénario annonce des bouleversements profonds pour la suite, encore plus sérieux que la Marche des Soldats de Bois (Fables 4).

Pour permettre à Buckingham de tenir les délais, chaque épisode a une pagination légèrement inférieure (19 pages contre 22), mais l'artiste nous en donne pour notre argent et ses planches sont fabuleuses.

Et donc, pour agrémenter chaque chapitre, nous avons droit à de brèves séquences, le plus souvent humoristiques, illustrées par des invités (mention spéciale à la prestation de Joshua Middleton avec les trois souris aveugles). Attention, ces bonus ne sont pas que décoratifs : le segment à la fin du 3ème épisode (A Thorn in their side ?), dessiné par Mike Allred, met en scène un des rares humains à connaître et vivre au sein des Fables et le personnage de Kevin Thorn sera déterminant plus tard.
*
Après le plat de résistance, le menu compte encore un épisode king-size (33 pages) spécial Noël, Jiminy Christmas (#56), qu'il ne faut pas non plus mésestimer car il va transformer radicalement le sort de Flycatcher, jusqu'ici simple balayeur du hall de la mairie de Fabletown et qui sera le premier rôle du tome suivant.

Le dyptique Father and son (#57-58), à nouveau illustré par Mike Allred, est un régal. La relation orageuse entre Bigby et son père, l'engagement de ce dernier à aider les Fables, mais aussi le spectacle de Bigby secourant ses enfants contre les monstres du voisinage, constituent des scènes mémorables, qui nous rappellent l'étrangeté de certains des héros et la complexité de leurs liaisons.

Enfin Burning Questions (#59) donnent les réponses aux questions des lecteurs se posaient et offrent de savoureuses surprises si vous voulez voir comment le miroir enchanté répond à ceux qui l'interrogent, qui a récupéré le bouquet de mariée de Snow White, ce que tricote Frau Totenkidder, qui fut le premier amour du Prince Charmant, etc.
*
Un retour gagnant : Fables possède le charme puissant et irrésisitible de séries atypiques mais addictives tout en conservant la qualité des meilleures productions de son label.

Aucun commentaire: