jeudi 9 janvier 2020

NEW MUTANTS #5, de Jonathan Hickman et Rod Reis


Depuis la fin Novembre 2019 et le numéro 2 de la série, je n'avais plus rédigé de critique de New Mutants, mais c'est parce que les épisodes 3 et 4 étaient écrits par Ed Brisson et n'avaient aucun rapport avec l'intrigue développée par Jonathan Hickman. Celle-ci reprend ses droits et on retrouve avec plaisir les héros dans leur aventure spatiale, au coeur d'un complot politique. Rod Reis est aussi présent. De quoi renouer avec plaisir avec ce titre qui est le succès surprise de la franchise.


Chandilar, monde-trône de l'empire Shi'ar. Gladiator a confié aux Nouveaux Mutants le soin de protéger Xandra, l'héritière de la reine Lilandra, et de sa tutrice, Deathbird. Mais il ignore qu'un membre de la garde impériale, Oracle, conspire pour les tuer.


Loin de là, les Nouveaux Mutants et Smasher, de la garde impériale, conduisent Xandra à l'abri. Sunspot drague Deathbird malgré les mises en garde de Cannonball. La situation se tend lorsqu'un croiseur Shi'ar demande à inspecter leur vaisseau.


L'équipe des Nouveau Mutants se réunit et Cypher décrypte ce message du croiseur pour révéler à Smasher qu'il s'agit d'un commando venu tuer Xandra. Magik, en tant que capitaine du Conseil de Krakoa, missionne ses camarades pour intervenir contre ces assassins.


Sunspot, lui, reste près de Deathbird, bien qu'elle n'ait pas besoin de chaperon. Cannonball et Smasher rejoignent Xandra. Karma, Wolfsbane et Mirage s'occupent d'une partie du commando tandis que Magik règle son compte à l'autre.


A bord du croiseur, on constate rapidement que l'abordage est en train de capoter. Une mesure radicale est prise : le vaisseau de l'héritière est détruit. Les corps des Nouveaux Mutants et des autres passagers flottent dans le vide sidéral.

Ainsi donc, New Mutants est une série bicéphale. A Ed Brisson reviennent les épisodes se passant sur Terre avec de jeunes mutants dans leurs activités quotidiennes, sur et en dehors de Krakoa : pour les avoir lus, j'ai décidé de ne pas les critiquer car ils sont vraiment très quelconques, et sans rapport avec le titre même de la série. On peut louer le fait qu'une place soit accordée à tous les jeunes ressortissants de la Nation X, mais sans doute qu'une back-up story aurait suffi.

Quand on publie une série New Mutants, au casting déjà bien rempli, il me semble qu'il se suffit à lui-même. D'autant que Jonathan Hickman est à la baguette et y montre une autre facette, plus inattendue, de son talent de conteur.

En effet, pour la majorité des lecteurs, qu'on soit ou non client du style du scénariste, Hickman passe pour un type très sérieux, adepte des constructions narratives complexes, avec un ton assez distant, plus intéressé par le récit que par les personnages. En interview aussi, il a ce ton volontiers professoral, sûr de son fait, exposant ses plans à long terme.

Aussi quand on lit cette série, on ne peut qu'être (positivement) surpris de découvrir que Hickman est capable de légèreté et manifeste une vraie empathie pour ses jeunes héros. Son choix de prendre Roberto da Costa/Sunspot comme narrateur en voix off est exemplaire : celui-ci affiche un sentiment de supériorité hilarant parce que battu en brèche par des échecs récurrents et l'indifférence de ses pairs vis-à-vis de la position qu'il revendique.

Ainsi, grâce à cette dérision, Hickman nous entraîne dans une aventure où la jeunesse de ses héros est confrontée à la rouerie machiavélique d'adversaires qui se dévoilent et de leurs plans criminels. Commencée sur le ton de la comédie pure, avec une virée catastrophe dans l'espace pour retrouver Cannonball, l'histoire s'enrichit à présent d'un background politique où la succession au trône de l'empire Shi'ar est compromise par des personnages aux intérêts divergents.

L'épisode est à la fois intense et amusant. Sunspot drague Deathbird, Chamber et mondo sirotent un verre sans se soucier des autres. Mais d'autre part Oracle organise l'assassinat de Xandra et Deathbird avec un commando de la mort, Magik s'impose comme la chef des Nouveaux Mutants et une guerrière (ce qui est raccord avec son statut de Capitaine du Conseil de Krakoa) et l'issue du combat aboutit à une image saisissante. Tout cela est bigrement efficace.

Avec Rod Reis, la série profite d'un artiste régulier et parfait pour son contenu et ses protagonistes. L'artiste, qui assume dessin, encrage et colorisation (en travaillant numériquement), dose ses effets et s'approprie idéalement les jeunes héros et le décor cosmique du récit.

Reis est à la croisée des styles d'un Phil Noto et d'un Bill Sienkiewicz : il sait être sobre et rapide comme le premier tout en s'autorisant des audaces comme le second. Le fan de New Mutants a le sentiment de renouer avec une esthétique familière, comme la série des années 80, tout n'ayant pas l'impression que Reis cherche à se mesurer avec la folie graphique de Sienkiewicz. Le traitement des couleurs en tout cas souligne ce sentiment.

Mais Reis, c'est aussi justement cette efficacité digne d'un Noto : son découpage suit à l'évidence le script de près, il y a un souci constant de lisibilité. Ici, pas d'angles de vue alambiqués, pas d'enchaînement de plans compliqué. On est au plus près des personnages (dont on peut apprécier avec quelle justesse Reis respecte l'âge : ce sont des ados, post-ados, qui ne font ni plus jeunes ni plus vieux que cela), de l'action (quand l'équipe affronte le commando, l'absence de décors se justifie pour clarifier les mouvements de chacun). Une seule fois, le dessinateur se permet une scène plus sophistiquée (comme lorsque Magik fait face à trois assassins et leur demande si aucun d'eux n'est humain - pour être en conformité de la loi de Krakoa spécifiant que les mutants ne tuent pas d'humains - , la partie supérieure de la page voit alignées six cases de formats identiques avant que la seconde bande ne rompe cette chaîne pour un plan où Magik dégaine la soul sword).

Sachant que, récemment interrogé sur une série qu'il aurait aimé écrire pour DC, Hickman a évoqué Teen Titans, on déduira facilement qu'il a transposé cela dans New Mutants. La fraîcheur du résultat explique peut-être pourquoi ce titre se révèle le succès-surprise de la franchise "X" depuis sa relance. Et c'est mérité (même si on peut préférer, comme moi, X-Men ou X-Force). 

1 commentaire:

DORIS LORI a dit…
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