samedi 12 janvier 2019

YOUNG JUSTICE #1, de Brian Michael Bendis et Patrick Gleason


Brian Michael Bendis est vraiment insatiable depuis son arrivée chez DC : le voici qui lance un nouveau label, "Wonder Comics", encadrant quatre séries (dont deux qu'il écrit), en plus de ses deux titres sur Superman et de son "Jinxworld" ! La cible est les jeunes lecteurs, négligés par les grands éditeurs, et avec Patrick Gleason, le scénariste ressuscite une production culte : Young Justice. De quoi piquer notre curiosité...


Gemworld est un monde aujourd'hui désolé et situé dans une dimension parallèle. Lord Opal, son roi, entend un savant lui expliquer que l'état de la planète est la conséquence des crises ayant affecté notre univers.


A Metropolis, Jinny Hex, la descendante du cowboy défiguré, est prise dans un bouchon de la circulation lorsque le ciel s'illumine et que des des guerriers du Gemworld en descendent, attaquant forces de l'ordre et civils.


La jeune femme dégaine ses armes pour riposter, vite aidée par Robin (Tim Drake), Wonder Girl (Cassie Sandsmark), Impulse (Bart Allen) et la mystérieuse Teen Lantern. Leurs adversaires réclament de parler à Superman.


Mais les guerriers du Gemworld rencontrent une résistance inattendue face à ces jeunes héros et battent en retraite. Le portail inter-dimensionnel qu'ils ouvrent attirent Robin, Impulse, Wonder Girl, Jinny Hex et Teen Lantern à leur suite.


Mais la traversée les sépare. Robin atterrit dans la demeure d'Amethyst. Et Impulse, désorienté, trouve son ami Conner Kent alias Superboy déjà sur place...

Plein de questions se posent au lecteur qui ouvre ce numéro. Elles concernent les liens entre cette série et le dessin animé à succès Young Justice, la référence à la précédente série dans les années 90 du même nom (écrite par Peter David et dessinée par Todd Nauck), le risque de doublon avec Teen Titans, sa place (hors ou in continuité).

Puis, très vite, toutes ces interrogations sont non pas balayés, cachées sous un tapis, mais cèdent la place à un vrai plaisir de lecture, supplantant les doutes, la légitimité. L'objectif visé, celui de proposer un comic-book frais, énergique, à l'intention de jeunes lecteurs (mais pas que), est parfaitement atteint.

Oui, Young Justice se déroule dans la continuité de "Rebirth", se permet d'ironiser sur les "Crisis" de DC (tout en en faisant le fondement de l'intrigue), assume l'héritage de la première série, s'affranchit du dessin animé, et s'impose (sans mal) à côté des actuels Teen Titans en ayant bien plus de charme.

Brian Michael Bendis a, semble-t-il, voulu opérer une sorte de synthèse avec cette série : il s'agit à l'évidence de renouer avec ce qu'il faisait dans l'univers "Ultimate"" chez Marvel (des héros jeunes) ; d'animer une équipe (comme les New Avengers, Defenders, etc.) ; de rassurer une partie des fans sur le fait que, non, Heroes in Crisis ne donne pas le la sinistre d'un certain optimisme chez DC ; d'essayer de séduire des lecteurs moins âgés tout en rappelant à d'autres des souvenirs d'il y a vingt ans...

Programme ambitieux, mais accompli avec brio. Ce premier épisode est une vraie bouffée d'air frais, de la vitamine : ça va vite, c'est fun, on s'y sent tout de suite chez soi, on aime immédiatement ces héros, on est embarqué dans leur aventure alors que l'équipe se forme juste, le cliffhanger est alléchant. En poussant un peu, on pourrait presque dire que Bendis insuffle son "fresh start" à lui chez DC...

Patrick Gleason avait prématurément quitté Action Comics pour préparer ce titre et il s'y est investi avec un enthousiasme perceptible. L'artiste est très à son aise avec ces personnages, lui qui a si bien animé Damian Wayne (dans Batman and Robin et Robin, son of Batman). Sa complicité avec Bendis saute aux yeux.

Assumant désormais aussi son encrage, il livre des planches virevoltantes, d'une belle générosité dans l'effort - au point qu'on se demande s'il va tenir longtemps à ce rythme (est-ce pour cela que sur les prochains épisodes sollicités il est crédité aux côtés d'un autre artiste invité ? Ou ce dernier s'occupera-t-il de scènes spéciales, laissant à Gleason l'essentiel ?). Et les couleurs lumineuses d'Alejandro Sanchez font le reste.

C'est vite lu (Gleason enchaîne des doubles pages) mais rempli d'une bonne humeur contagieuse (dont Impulse, personnage que DC a longtemps maltraité, est l'emblême : dès son apparition, le récit s'accélère irrésistiblement) et accessible par tous (je n'avais pas lu la première série il y a vingt ans, pas davantage que je ne suis le dessin animé).

On verra si Naomi (l'autre titre piloté par Bendis avec David Walker), Dial H (for Hero) et Wonder Twins valent autant la peine, mais l'entreprise confirme le succès de l'intégration du scénariste chez DC. On peut même parler de... Rebirth ! 


 La variant cover de Yasmine Putri.
 La variant cover d'Evan Shaner.
La variant cover de Jorge Jimenez.

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