lundi 7 janvier 2019

WINTER SOLDIER #2, de Kyle Higgins et Rod Reis


Après un premier épisode plus ingrat que vraiment raté ou décevant (car il fallait bien resituer le héros de cette mini-série), Kyle Higgins et Rod Reis montent sérieusement en régime pour leur aventure du Winter Soldier. La situation gagne en intensité et l'intrigue en volume et en relief. De quoi être confiant pour la suite.


Bucky Barnes a été attaqué par un jeune tueur habillé avec un costue similaire à celui qu'il portait durant la seconde guerre mondiale. Ce garçon est originaire du New Jersey où, dix ans avant, il a été recruté et formé par Mr. Colt, membre de l'Hydra.


Aujourd'hui, après avoir abattu un bénéficiaire du programme de protection que Bucky a organisé avec Sharon Carter, RJ veut éliminer le Soldat de l'Hiver. Il l'affronte en démontrant un talent de soldat bien entraîné.


Mais Bucky réagit vite et prend l'avantage, en neutralisant son adversaire. Lorsqu'il revient à lui, RJ est ligoté et assis derrière Bucky sur sa moto. Interrogé, le garçon ne doute pas qu'on viendra à son secours - d'ailleurs il cache un traceur dans une de ses dents.


Et, quelques miles plus loin, Mr. Colt tend un piège à Bucky. Tombant de sa moto et son bras mécanique endommagé lors du combat contre RG, il ne réagit pas tout de suite. Mais la situation prend un tour inattendu.


Car Colt estime que RJ a échoué dans ce qui était son test final et il lui tire dessus à bout portant. Bucky saute sur Colt et le roue de coups. RJ n'est que blessé et conscient qu'il est passé de chasseur à proie. Bucky appelle Tony Stark pour une exfiltration.

Une mini-série impose des contraintes à son auteur : il n'a que peu de temps à sa disposition pour planter le décor et enchaîner pour rentrer dans le vif du sujet. Cinq épisodes, c'est peu et Kyle Higgins avait pourtant pris le parti de commencer par un chapitre introductif, assez ingrat à la lecture puisque non exempt de quelques maladresses (la base de Bucky trop exposée) et qui ne démarrait vraiment qu'à la fin (avec une tuerie impressionnante et l'aspect surprenante du tueur).

Ainsi en ouvrant ce deuxième épisode, on est encore un peu méfiant car on a droit à un curieux flash-back, pour le coup assez sommaire : un ado se fait enrôler par un homme pour devenir un tueur professionnel. La scène finit dans le sang et fait son petit effet. Puis on revient sur le site de la fusillade.

Et là, tout s'accélère : un combat disputé entre Bucky et RJ (le jeune assassin qui porte le premier costume du sidekick de Captain America), au point que le héros est vraiment en difficulté (son bras mécanique est hors d'usage mais il en tire parti).

La suite est à l'avenant : Higgins alterne dialogues plus allusifs qu'explicatifs ou moraux et une deuxième scène d'action spectaculaire au dénouement tout aussi surprenant. Pas à dire, Winter Soldier version 2018 frappe fort, proposant un récit complexe, riche en rebondissements, en mystères, concentré sur peu de personnages. C'est efficace, haletant, accrocheur.

Rod Reis s'avère parfait pour ce type d'histoire : lui aussi avait souffert durant le premier épisode qui lui donnait peu d'occasions de briller, sinon pour rappeler ses influences évidentes (Phil Noto, un peu Bill Sienkiewicz).

Mais là, il a du biscuit. Le flash-back du début est traité classiquement en noir et blanc avec un gris léger, qui donne un contraste percutant avec le rouge sang de la fin de la scène d'ouverture.

Puis ensuite, l'action très présente permet d'apprécier le découpage de l'artiste qui emploie des cases de la largeur de la bande mais avec des inclinaisons en fonction de la domination de l'un ou l'autre des combattants - le procédé n'est pas révolutionnaire mais, bien exploité, toujours efficient.

Reis réussit à bien traduire des effets qui semblent simples mais s'avèrent souvent périlleux à rendre visuellement, comme la chute d'une moto, ou une raclée visant à mettre K.O. son adversaire (découpée en un "gaufrier", là encore une idée simple mais inspirée). La colorisation mange volontairement l'encrage pour souligner le réalisme voulu par l'artiste (qui assume toute la partie graphique) sans que cela soit dérangeant - c'est voulu et dosé.

Le troisième épisode devrait logiquement confirmer cette ascension qualitative du titre. De quoi regretter que, finalement, tout cela ne dure que cinq numéros...

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