dimanche 19 août 2018

THE WEATHERMAN #3, de Jody Leheup et Nathan Fox


The Weatherman est une des séries Image que je conseille le plus vivement en ce moment (l'éditeur propose plusieurs titres très recommandables actuellement, entre Isola, Skyward, The Magic Order et je vous parlerai bientôt de Crowded). Chaque épisode est très dense et follement énergique, on en ressort à la fois essoré et ravi. Ce troisième numéro concocté par Jody Leheup et Nathan Fox ne déroge pas à la règle !


Après l'attentat-suicide qui a détruit la station orbitale Nebula, Nathan Bright et l'agent Amanda Cross, qui ont réussi à la quitter à temps, échouent sur Mars. Ils ne tardent heureusement pas trop à gagner une ville où ils discutent de la suite de leur périple. Dans le désert voisin, les mercenaires provenant de Vénus aux trousses de Nathan sont dans la même situation.
   

Amanda se fixe comme objectif de retrouver Miriam Nyseth, la scientifique qui a lavé la mémoire de Ian Black avant de la stocker. Une fois ces données récupérées, on saura avec certitude si Nathan est bien Black. Mais comme Nyseth est introuvable, la cible est son assistant, Orin Wetzel.


Mais alors qu'ils pensent passer inaperçus en ville, les médias diffusent leurs portraits avec un avis de recherche autorisant à les abattre pour l'explosion de la station Nebula. Au même moment, à Arcadia, la capitale martienne, la présidente apprend par son état-major que Amanda ne devait pas se trouver sur la station et ordonne qu'on récupère les dossiers de Fitch, directeur des forces spéciales, mort dans la destruction de Nebula.


Après avoir volé une voiture, Nathan et Amanda sèment leurs poursuivants au terme d'une course folle. Ils se cachent dans les bas-fonds où l'agent Cross trouve sur une junkie une dose de Mnemonium (alias le "Némo"), une drogue qui permet de se rappeler d'événements refoulés.


Mais Nathan refuse de jouer les cobayes et encore plus longtemps les boucs émissaires. Il est toujours convaincu de ne pas être Ian Black et désarme Amanda pour recouvrer sa liberté...

La variant cover de Marcos Martin.

Plus qu'une série, The Weatherman est un vrai feuilleton tant ses épisodes se suivent de manière organique. Il faut avoir tout lu depuis le début pour saisir les rebondissements et apprécier la narration à la fois fournie et intense de ce titre.

Jody Leheup est une adepte de la compression narrative : l'action se déroule sur peu de temps à chaque chapitre, un sentiment d'urgence colle à son récit tout comme à la situation de ses protagonistes. Tout le monde ici veut des réponses, rapides, et quand ce n'est pas le cas, il s'agit de mettre un terme aux agissements des personnages de façon tout aussi expéditive.

Nathan Bright et Amanda Cross ont rarement l'occasion de souffler et ce sentiment envahit aussi le lecteur qui suit leurs (més)aventures bouche bée. Ces deux-là sont de véritables aimants à emmerdements, une tuile menace de toujours leur tomber dessus. Ici, un avis de recherche est accompagné d'une autorisation de tirer à vue sur eux et les voilà obligés de filer sous une pluie de balles (comme l'illustre Marcos Martin dans sa superbe variant cover) et une succession de cascades.

Le scénario s'appuie sur un ressort classique mais bien exploité, celui du duo mal assorti mais contraint de rester solidaires. Nathan Bright veut surtout survivre à cette avalanche d'ennuis qui lui tombe dessus. Amanda Cross veut établir la vérité sur le cas de Nathan et ne recule devant rien pour prouver qu'il est bien Ian Black, ce super-soldat devenu mercenaire ayant fourni à un terroriste l'arme ayant dévasté la Terre. Ces intérêts divergent assurent à l'histoire de Jody Leheup des dialogues bien sentis et des confrontations enflammées qui, si la situation n'était pas si dramatique, évoqueraient les screwball comedies.

Pourtant, au terme de ce troisième numéro, un coup de théâtre intervient avec la rébellion de Nathan, refusant de consommer une drogue susceptible de confirmer qu'il est bien Ian Black et s'assumer la responsabilité des actes de son possible alter ego. Par ailleurs, entre temps, la présidente de Mars apprend que Amanda Cross n'aurait pas dû être présente sur la station Nebula et que son supérieur, Fitch, autorisait des opérations secrètes suspectes. Tout à coup, Bright se révolte donc et l'agent Cross semble cacher quelque chose. Intéressant pour la suite.

Nathan Fox, lui, dessine toujours avec une énergie effarante cette histoire, déterminé à ne pas laisser de répit le lecteur. Il imprime vraiment le tempo à la série grâce à son trait échevelé. Parfois, il brouille les pistes savamment comme lors de la scène d'ouverture, très étrange, où un homme est torturé par un personnage inconnu mais à l'évidence en relation avec l'intrigue centrale. Parfois, il va un peu trop loin comme lorsqu'il anime une course-poursuite automobile en pleine ville en enchaînant des plans à la lisibilité limite mais dont le sens du mouvement est impressionnant, traduisant de façon époustouflante ce qu'on doit ressentir à bord d'un bolide pourchassé.

Le point fort de l'artiste, c'est l'expressivité de ses personnages : Fox n'hésite pas à forcer les grimaces, les mimiques, les gestes. Cette théâtralité outrée injecte un humour bienvenu dans des moments désespérés ou haletants (comme lorsque Nathan prend le volant afin que Amanda puisse tirer sur ceux qui les traquent). Si le récit était illustré de manière réaliste, il serait peut-être plus beau, abordable, mais pas aussi vif et absurde. Et, de ce point de vue encore, la colorisation de Dave Stewart (avec une palette totalement différente de celle de The Magic Order) est parfaite, parfois criarde.

Lisez The Weatherman (ou cochez la date de sortie du premier album, en Novembre normalement), c'est décoiffant !

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