dimanche 5 août 2018

DEADPOOL #3, de Skottie Young et Nic Klein


Comme je l'avais prédit, le premier arc narratif du Deadpool écrit par Skottie Young et dessiné par Nic Klein se conclut rapidement, après trois épisodes. Cette concision, on le verra, est un pied-de-nez aux longues sagas événementielles que publie régulièrement Marvel tout en célébrant l'humour régressif du héros. 


Alors qu'il est face à Groffon pour le tuer avec son arme cosmique secrète, Deadpool constate que son pistolet ne fonctionne pas. Dans les rues alentours où les autres héros affrontent les sbires du géant venu d'ailleurs, les cris de rage du mercenaire confirment que la situation est plus compromise que jamais.
  

Groffon vomit sur Deadpool qui est alors propulsé à plusieurs blocs de là et atterrit avec fracas dans un terrain vague. Les soldats de son ennemi l'encerclent, prêts à l'achever, mais Negasonic Teenage Warhead, sa partenaire, intervient alors pour les faire exploser.


Revanchard mais attentif bien qu'il soit recouvert de glaire, de sang et de chair extraterrestre, Deadpool remarque que les sbires de Groffon utilisent la même arme que la sienne. Il demande à Colossus qui se bat à proximité de réaliser un "fastball special" comme ceux qu'il pratiquait avec Wolverine pour retourner défier Groffon.


Cette fois, pas de mauvaise surprise, Deadpool appuie sur la détente et pulvérise son ennemi. Ce qui entraîne l'auto-destruction de ses soldats. La foule acclame les Avengers et leurs renforts mais, beau joueur, Captain America invite les civils à saluer le vrai héros du jour, Deadpool.


Sa popularité après cet exploit attire de nombreux nouveaux clients à Deadpool mais il s'est mystérieusement absenté. Reçu par un Céleste, il s'avère que toute l'affaire était arrangé entre lui et le mercenaire pour que ce dernier jouisse à nouveau de statut de vrai héros. Renvoyé sur Terre, il est disposé à accepter de nouveaux contrats.

Résumer cet épisode est en soi une expérience car il est peu courant de devoir raconter qu'un héros est submergé par le vomi d'un extraterrestre géant désirant bouffer la Terre. Skottie Young offre un défi à celui qui s'emploie à transmettre son récit et à communiquer ce qu'il en pense.

Si on s'en tenait à cela, Deadpool serait au mieux un plaisir coupable, au pire un navet accablant. Je ne peux m'empêcher d'estimer que la série et son héros ne sont en vérité pas pour moi. Je comprends qu'on puisse se divertir avec ce genre de comics, d'humour, mais honnêtement, je mentirai en prétendant que j'apprécie vraiment cela. Difficile de ne pas passer pour un snob en ajoutant que favorise des comédies un brin plus subtiles que des mésaventures de mercenaire survivant au vomissement d'un géant, sauvant la Terre d'un coup de pistolet et se retrouvant nu devant tout le monde sans cesser de fanfaronner. C'est rigolo mais bon... C'est tout de même aussi très con.

Young est malin : à la fin de l'épisode, il offre un retournement de situation en révélant que Deadpool a orchestré ce combat pour regagner l'estime de la communauté super-héroïque et du public. Ce twist permet à l'histoire d'avoir un peu plus d'épaisseur. Mais c'est aussi, surtout, une astuce roublarde et in extremis qui ne saurait transformer une blague de potache en saillie spirituelle.

Le scénariste applique les mêmes recettes à Deadpool qu'à son run sur Rocket Raccoon où ça pétaradait de partout avant de conclure sur une morale malicieuse, pointant volontiers l'éditeur qui publiait la série et les clichés de ses productions (ici, Deadpool le dit clairement : il avait besoin d'un "big event"). Mais, curieusement, le raton laveur atrabilaire était un personnage plus intéressant que le mercenaire grande gueule car la colère inépuisable de Rocket cachait sa frustration par rapport à sa condition de monstre de foire et aux moqueries dont il faisait l'objet. Par ailleurs, il disposait avec Groot d'un partenaire plus original et complémentaire que Negasonic Teenage Warhead pour Deadpool, qui n'est au fond qu'un crétin absolu et vulgaire.

Dans ces conditions, on est à la fois ravi qu'un dessinateur d'un niveau aussi bon que Nic Klein illustre la série. La couverture confirme l'influence "Moebiusienne" de l'artiste, qui rend un hommage au récit complet Silver Surfer : Parabole écrit par Stan Lee et mis en image par le génie français. 

Mais tout le brio de Klein inspire au lecteur beaucoup de dépit car un talent pareil mérite mieux qu'une série comme Deadpool, même s'il paraît sincèrement s'amuser dans cet exercice.

Je doutais d'aller plus loin que le premier arc, m'étant embarqué dans la série juste pour un tour d'essai et pour  l'association Young-Klein. Ceci étant fait, je vais donc en rester là.    

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