COMANCHE : LES LOUPS DU WYOMING est le 3ème tome de la série, écrit par Greg et dessiné par Hermann, publié en 1972 par les Editions Le Lombard.
Cette histoire se poursuit dans le tome 4 (Le Ciel est rouge sur Laramie).
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Le gang des cinq frères Dobbs (Melvin, Carter, Judd, Roddy, et le chef, l'aîné, Russ) sème la terreur dans les environs de Greenstone Falls en s'attaquant aux diligences. Mais en s'en prenant à celle de Sid Bullock, ils trouvent fort à faire avec son passager, un mystérieux révérend du nom de Brian Braggshaw, un as de la gachette venu évangéliser ces contrées.
Blessé, le conducteur perd le contrôle de ses montures mais reçoit le renfort de Toby-face-sombre et Clem-cheveux-fous, deux cowboys employés du ranch voisin du "Triple 6", dirigé par la belle Comanche, avec l'aide du vieux Ten Gallons et du contremaître Red Dust.
Sid explique qu'il a confié l'argent de l'union des éleveurs dont il devait assurer le transport à Pharaon Colorado, un cavalier porté sur la bouteille mais honnête.
Des groupes de deux partent à sa recherche tout comme les frères Dobbs. L'un d'eux n'en reviendra pas vivant...
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COMANCHE : LE CIEL EST ROUGE SUR LARAMIE est le 4ème tome de la série, écrit par Greg et dessiné par Hermann, publié en 1975 par les Editions Le Lombard.
Cette histoire fait suite au tome 3 (Les Loups du Wyoming) et se poursuit dans le tome 4 (Le Désert sans lumière).
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Red Dust a quitté le ranch du "Triple 6" après avoir promis à Brian Braggshaw, agonisant, d'arrêter Russ Dobbs en cavale. Il tient, par courrier, Comanche et le personnel de son ranch de l'évolution de sa traque qui l'entraîne dans le Nebraska puis le Wyoming. La piste du bandit n'est pas difficile à suivre car il laisse derrière lui de nombreuses victimes.
En chemin, Red fait la connaissance d'une troupe de personnages, parmi lesquels un certain Mr Hart, agressé par Dobbs et son complice Wetchin, ancien vétérinaire de Greenstone Falls.
Après avoir dévalisé la banque de Pike's Junction, les deux malfrats vont dépenser leur argent à Laramie. Red Dust et "Bombardier" Cavendish, un boxeur rencontré en même temps que Hart, s'y rendent pour neutraliser les criminels, et le cowboy va y rencontrer son destin...
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COMANCHE : LE DESERT SANS LUMIERE est le 5ème tome de la série, écrit par Greg et dessiné par Hermann, publié en 1976 par les Editions Le Lombard.
Cette histoire fait suite à celles des tomes 3 et 4 (Les Loups du Wyoming et Le Ciel est rouge sur Laramie).
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Condamné à cinq ans de prison pour le meurtre de sang froid de Russ Dobbs, Red Dust bénéficie d'une libération anticipée au bout de vingt mois, compte tenu du casier judiciaire de sa victime et du soutien de ses amis de Greenstone Falls. En contrepartie, il n'a plus le droit de toucher à une arme, de s'adonner au jeu ou de consommer de l'alcool, et devra se présenter deux fois par semaines pendant six mois chez le shériff.
C'est un homme brisé par le pénitencier qui revient au "Triple 6", tandis qu'une nouvelle menace terrorise la région avec la bande de Shotgun Marlowe, une vingtaine de voleurs impitoyables. Red Dust, après avoir supporté les provocations d'employés du ranch, d'ivrognes en ville, et de l'adjoint du shériff, aura-t-il le courage de reprendre les armes face à cet ennemi ?
Quelquefois, je crois que c'est le cas de la plupart des lecteurs de bande dessinée, on aime revenir à des albums qui ont marqué notre jeunesse, motivé à la fois par l'envie de voir si ces histoires ont bien vieilli, si elles ont conservé leur force, mais aussi par le besoin de renouer avec des "valeurs refuges", ces livres qui ont contribué à l'amour qu'on éprouve pour ce média.
Ces trois tomes de la série Comanche, je les avais découverts il y a très longtemps. Je n'étais pas encore adolescent et j'adorai déjà les westerns en général, sous toutes leurs formes (cinéma, bd, romans). J'ai littéralement grandi en compagnie de Lucky Luke, Blueberry, Chick Bill et, donc, Comanche.
Bien qu'ils ne forment pas une trilogie officielle (même si les tomes 3 et 4 sont indissociables), ces trois albums m'ont bouleversé pour toujours. Cela faisait un bail que je ne les avais pas rouverts, et une des raisons à cela est que je suis fâché avec Hermann depuis plusieurs années : en effet, dans un épisode de sa série Jérémiah, il a traité de la peine de mort sans finesse et, pour lever toute ambiguïté à ce sujet, avait ensuite confirmé qu'il y était favorable. J'ai alors cessé de suivre son travail, et quand il m'est arrivé de feuilleter un de ses albums (antérieurs ou ultérieurs à cette déclaration), j'étais trop gêné pour continuer, je ne pouvais plus apprécier ce que je lisais en sachant que c'était la production d'un auteur avec des idées si éloignées des miennes sur un thème si épineux.
C'est pour cela que je préfère en savoir le moins possible sur les opinions des scénaristes ou artistes, car cela risque de brouiller la perception que j'ai de leur oeuvre. Bien entendu, il y a des idées plus acceptables que d'autres, et aussi des manières plus subtiles de les communiquer dans une bd, mais justement dans le cas d'Hermann, c'était une mauvaise opinion et une médiocre communication.
Et puis, l'autre jour, j'emprunte ces trois tomes de Comanche à la bibliothèque municipale. Je fais l'effort de mettre ma gêne de côté au profit d'un plaisir nostalgique, en espérant que ma lecture ne sera pas parasité par mon avis sur son dessinateur.
Je conservais un souvenir vivace et clair de l'histoire de ces trois livres et donc je n'ai pas eu de révélation subite en les relisant. L'efficacité du récit demeure intact, et on ne peut qu'être saisi par la qualité de ces productions réalisées en trois ans par un duo d'auteurs au sommet de leur art.
Débutée en 1972, Comanche était la seconde série écrite par Greg et Hermann, qui animaient déjà depuis 1966 Bernard Prince (un titre d'aventures au goût de madeleine de Proust là aussi). Quand ils démarrent Les Loups du Wyoming, ils ont respectivement 43 et 37 ans, ce ne sont plus des débutants, mais ils vont donner à la bd franco-belge un de ses plus beaux westerns réalistes, alors qu'à l'époque Charlier et Giraud déroulaient avec génie et succès la saga de Blueberry.
Les deux premiers tomes installent les personnages principaux : la belle Comanche, propriétaire du ranch du "666" - un personnage plein de caractère et une figure féminine charismatique dans un univers machiste - ; Red Dust, le mystérieux pistolero devenu contremaître ; Ten Gallons, Toby-face-sombre (là encore, un second rôle original car les personnages noirs n'étaient pas légion), Clem-cheveux-fous (qui a sans doute servi d'ébauche, physiquement, à Jérémiah), et Tâche-de-Lune (un indien qui n'était pas le méchant de service : encore une belle audace).
Le décor est celui d'une propriété dans l'Ouest sauvage peu à peu rattrapé par le progrès mais encore déchiré par des bandits de grand chemin.
Ces deux derniers éléments sont au coeur de ces trois épisodes où l'on voit Comanche s'embourgeoiser en même temps que Greenstone Falls se civiliser, tandis que des criminels et des cowboys règlent encore leurs comptes à coups de revolver et que de curieux prêcheurs parcourent les grands espaces pour évangéliser les sauvages.
Le drame sur lequel se clôt Les Loups du Wyoming et qui va entraîner Red Dust dans une chasse à l'homme donne cependant une tonalité naturaliste et tragique tout à fait étonnante à un western qui était pré-publié dans le familial journal de Tintin. Greg introduit une violence âpre, une brutalité glaçante dans son récit qui restent stupéfiantes 41 ans après. Pourtant ce n'est qu'un début.
En effet, Le Ciel est rouge sur Laramie est encore plus désespéré, et sa chute d'un réalisme encore plus frappant : on y voit le héros tuer le méchant de sang froid et il est acquis que sa vengeance ne lui apportera aucun apaisement mais surtout lui vaudra d'en répondre devant la loi des hommes. Le message qu'adresse Greg au lecteur est sans équivoque : la justice personnelle n'est pas légitime, ne peut être cautionnée, et Red Dust a commis un crime comme l'homme à qui il a retiré la vie, même si celui-ci était un monstre.
Le scénariste ne se dérobe pas quand il enchaîne avec Le Désert sans lumière où on retrouve Red Dust en train de casser des cailloux dans un pénitencier, crâne rasé, amaigri. Il a beau bénéficier d'une libération conditionnelle, sa peine n'est pas annulée, sa faute n'est pas effacée. Surtout, c'est un homme désormais brisé, moralement et physiquement profondément atteint par son séjour en prison : Greg en brosse le portrait sans concession ni excès, avec une grande justesse, une parfaite sobriété, en quelques scènes inoubliables (dès son arrivée à la gare de Greenstone Falls, il est fouillé par l'adjoint du shériff, puis humilié par des employés du ranch, des gamins en ville, des poivrots dans un bar).
Cet aspect-là m'a renvoyé à ma fâcherie avec Hermann et son épisode déplorable de Jérémiah : j'ai mesuré alors le gouffre qui séparait un scénariste du calibre de Greg, qui avait su m'expliquer il y a si longtemps, et avec quel à-propos, pourquoi tuer un homme, aussi ignoble soit-il, n'était pas une bonne chose, et donc que la peine de mort, quelle que soit la façon et le cadre dans lesquels elle est administrée, n'est pas admissible ; et la justification nauséabonde qu'avançait Hermann dans Jérémiah, au nom d'une loi d'exception (en l'occurrence, il estimait que les violeurs pédophiles ne méritaient pas de vivre).
Lorsque la bande dessinée, qu'on estime souvent seulement capable de divertir en s'adressant à un lectorat jeune, vous fait comprendre dès le plus jeune âge des vérités aussi sensibles que le caractère condamnable de la justice personnelle et de la mauvaise solution que représente la peine de mort, elle devient un instrument éducatif, que ses auteurs ne doivent ensuite pas trahir. Or, Hermann, en se servant de Jérémiah, plusieurs années après Comanche, d'un outil pro-peine de mort a trahi le message de Greg, ô combien plus intelligent et mieux transmis.
Je ne voudrais cependant pas transformer cette critique en un réquisitoire contre Hermann qui, si je ne partage pas ses idées, est un artiste de grand talent. Et ces épisodes le prouvent, comme d'autres de ses oeuvres (en solo ou avec des scénaristes, même si son association avec Greg reste indépassée à mon avis).
Le dessin de Hermann est encore en pleine mutation lorsqu'il entame le tome 3 de Comanche, avec un trait aux courbes fluides, souligné par un encrage qui donne l'impression que toute l'atmosphère de l'histoire est empreinte d'une curieuse moiteur (les vêtements des personnages semblent leur coller à la peau comme s'ils transpiraient).
Toutefois, on trouve déjà des personnages aux physionomies très variées et aux expressions fouillées, avec un goût prononcé pour les gueules, souvent cabossées : l'histoire ne ménage pas Red Dust, qui passe une bonne partie du tome 4 avec le visage abîmé puis les cheveux rasés et le corps amaigri suite à sa détention dans le tome 5. On ressent vraiment fortement à quel point les épreuves qu'il traverse le marque dans sa chair, et comment ces atteintes corporelles matérialisent sa dégradation morale, psychologique.
Les décors du western sont aussi l'occasion pour Hermann de montrer sa virtuosité pour représenter les grands espaces, le cadre favori de toute son oeuvre (Bernard Prince déjà et ses voyages en mer, mais aussi Jérémiah et son Amérique post-apocalyptique, Les Tours de Bois-Maury et son Moyen-Âge hyper-réaliste...).
Le ranch du "666" est déjà fantastiquement visualisé, notamment avec de larges vignettes en plongée, mais quand Red Dust chevauche les pistes de l'Ouest sauvage, en montagne ou dans la plaine, jusqu'aux rues de Laramie en pleine nuit, ou revient à Greenstone Falls pour y affronter le gang de Shotgun Marlowe sous une pluie diluvienne, c'est une succession de plans, de pages d'anthologie.
La longue séquence de l'assaut dans le tome 6 est en soi un morceau de bravoure d'une intensité graphique peu commune, traduisant à la perfection toute la dureté, la cruauté, la crasse du combat.
Et la mise en couleurs, avec des vignettes parfois monochromatiques presque criardes, même si elle a un peu vieilli, ajoute à l'impact de ces scènes.
Le trait s'affine progressivement et avec lui des détails d'une précision fabuleuse, pour texturer les éléments. Impressionnant.
Quel trio d'albums ! Quelle série ! Quel plaisir de relire cela en retrouvant, intactes, ses impressions d'antan.
2 commentaires:
« Le message qu'adresse Greg au lecteur est sans équivoque : la justice personnelle n'est pas légitime, ne peut être cautionnée, et Red Dust a commis un crime comme l'homme à qui il a retiré la vie, même si celui-ci était un monstre », affirmez-vous.
Eh bien je suis, pour une fois, en désaccord avec vous. À aucun moment Greg ne se livre à semblable prêchi-prêcha concernant le respect absolu qui serait dû à toute vie humaine. Si message il y a, ce serait plutôt celui-ci : Red Dust a assassiné froidement un assassin multirécidiviste parce qu'il considérait que la société n'avait pas eu les moyens d'empêcher cet assassin multirécidiviste de nuire. Je suis d'accord avec vous pour trouver que ce message a été plus subtilement exprimé par Greg et Hermann dans Comanche qu'il ne le serait par le seul Hermann, treize ans plus tard, dans Simon est de retour.
Quant à l'incarcération de Red Dust dans un pénitencier, elle obéit à deux motifs scénaristiques. Le premier, c'est que Greg veut faire preuve d'ironie narrative. De toute évidence, il pense que la société renonce à sévir contre les monstres (car elle a peur d'eux), mais qu'elle applique sa loi avec rigueur contre un homme qui accepte les lois (et qui ne les transgresse que contraint et forcé). Le deuxième motif est que montrer le héros humilié au début de l'histoire rend plus cathartique la violence qu'il exerce au dénouement - le fait que Shotgun Marlowe soit abattu par Comanche et non par Red Dust ne change rien à ce schéma. (Umberto Eco : « Le dénouement violent arrive de manière inattendue, mais il a été préparé par une temporisation si douloureuse qu'il acquiert, au cours de l'histoire, la valeur d’une catharsis, et que les spectateurs se détendent dans leur fauteuil. »)
C'est la morale des westerns, après tout : sauf qu'Hermann et Greg en proposent une application pratique particulièrement réaliste. De fait, Red Dust exécutant Russ Dobbs, ce n'est pas Gary Cooper laissant à Burt Lancaster une chance de dégainer avant lui ! Dans Vera Cruz, nous avons l'impression que la providence (divine ?) donne la victoire au plus méritant, au plus ascétique ; dans Le ciel est rouge sur Laramie, Dust n'attend pas l'aide de la providence… et ne laisse à Dobbs aucune chance de se montrer plus rapide que lui. En découvrant cet album à l'âge de onze ans, j'avais été impressionné mais aussi choqué par cette séquence ; puis, comme le voulaient les deux auteurs, je l'ai méditée. Je vais vous faire bondir mais, aujourd'hui, ce Red Dust s'assimile dans ma pensée à Antigone. Il existe une loi non écrite qui est plus contraignante que le code pénal : le devoir du juste est de protéger les innocents.
Pour nous autres modernes, la loi non écrite est le respect absolu et inconditionnel de toute vie humaine, fût-elle celle du plus cruel tortionnaire ; pour Red Dust, qui vit dans un monde où la justice est défaillante, où l'application des lois est imparfaite, la loi non écrite est la protection des innocents. Doit-on s'en indigner ?
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