samedi 2 avril 2022

THE MAGIC ORDER 2 #6, de Mark Millar et Stuart Immonen


Avec ce sixième épisode s'achève le deuxième volume de The Magic Order. Mark Millar nous gratifie d'un épilogue spectaculaire et roublard comme il sait les écrire. On apprécie pourtant davantage ses efforts ici que pour d'autres titres car il est manifeste qu'il aime ses personnages et cet univers. Au dessin, Stuart Immonen boucle un sans-faute avec presque quarante pages de haut vol.


Contrairement à son ancêtre Soren Victor Korne a terrassé l'Ordre Magique en communiant avec l'Othoul'Endu, ce monstre puissant venu du fond des âges. Il ignore pourtant qu'en invoquant la créature il a causé la perte de Soren autrefois en le privant de cet atout.


Il va se rendre compte de son erreur lorsque Rosie Moonstone, la nièce de Cordelia, le défie. Elle tente de tuer Victor - en vain. Lorsqu'il veut éliminer la fillette, il est pourtant incapable de le faire, comme si sa magie ne lui répondait plus.


Francis King resurgit au même moment où, à Kensington la police découvre le cadavre pendue du démon qui le harcelait. L'ensorceleur anglais a coupé la connexion entre Korne et l'Othoul'Endu, réduisant à néant ses efforts et permettant la riposte de l'Ordre Magique.


L'Othoul'Endu revient à l'époque de Soren Korne et Cordelia comprend le danger qui pèse sur les premiers membres de l'Ordre. Grâce à la Pierre de Thoth, elle va tenter d'empêcher une catastrophe temporelle puis de revenir à notre époque pour son intronisation officielle devant ses pairs...

Le seul reproche qu'on fera, finalement, à cette conclusion du deuxième volume de The Magic Order est de correspondre à ce qu'on attendait d'elle : c'est un divertissement impeccable, très efficace, somptueusement dessiné. Mais peut-on raisonnablement se plaindre qu'une bande dessinée soit convenue si elle est réussie ?

Disons plutôt que The Magic Order 2 n'échappe pas à l'écueil de toutes les suites : sa fin manque de surprise. Il n'y a pas là un rebondissement ultime qui vous étreint par sa force émotionnelle, comme dans le premier volume de la série avec le sacrifice de Gabriel Moonstone pour ramener sa fille, Rosie, d'entre les morts.

Le premier volume de la série nous présentait autant l'Ordre Magique, cette élite des magiciens, que la famille Moonstone, brisée par la tragédie de Gabriel dont la fille était morte en manipulant imprudemment une baguette magique. Gabriel trahissait ensuite les siens en s'alliant à Mme Albany qui lui promettait de ressuciter sa fille en échange de la mort de Leonard Moonstone, son rival et ses deux autres enfants, Regan et Cordelia. Pour le coup, on mesurait vraiment le fameux prix à payer pour pratiquer la magie, lancer des sorts, altérer la réalité, quand dans les comics mainstream les super-héros exerçant les arts occultes s'en tirent à bien meilleur compte.

Dans ces six nouveaux épisodes, Mark Millar a changé de direction en mixant gangstérisme, guerre de clans et magie. Il a pour cela donné beaucoup de place aux méchants, le gang de Victor Korne, ce dernier étant animé par une vieille rancoeur contre l'Ordre Magique qu'il juge responsable de la relégation de sa famille après qu'un de ses ancêtres ait osé défier cette autorité.

Millar a du même coup un peu trop, à mon goût, négligé ses héros, qui ont subi les assauts répétés de Korne sans paraître en mesure de les anticiper ou de riposter efficacement. Il aurait été bienvenu par exemple de se servir de cette révolte pour interroger le leadership de Cordelia Moonstone, mais apparemment personne n'a trouvé à redire sur son absence de stratégie contre cet ennemi redoutable. Peut-être ces questions seront-elles abordées dans le prochain volume...

La lecture n'était cependant pas désagréable, en tout cas elle possédait une substance et un rythme qui faisaient singulièrement défaut aux dernières livraisons de Millar. Le scénariste est à l'aise dans ce milieu de magiciens et son mix avait un vrai flow. Victor Korne a fait un méchant particulièrement savoureux et jusqu'au bout on a pu douter de la capacité de l'Ordre Magique à renverser une situation bien compromise. 

Toutefois, on pourra s'étonner de l'absence totale de Leonard Moonstone alors qu'une telle crise a ébranlé l'organisation qu'il dirigeait auparavant, et le twist impliquant Rosie Moonstone a fait pschiitt. Dommage. En revanche, Millar s'est montré bien plus ujbilatoire dans son emploi de Francis King, même si les plus grincheux trouveront cela plus roublard que génial. Le personnage est certainement amené à revenir et ses liens avec Cordelia pourraient être exploités plus profondément.

Parlons aussi de Stuart Immonen. Dire qu'il a remplacé puissamment Olivier Coipel est encore en dessous de la vérité, tant le canadien prouve toujours qu'il écrase la concurrence. C'est la Rolls des artistes de comics. Dire qu'on croyait qu'il allait prendre sa retraite... En vérité, comme l'autre prodige actuel, Chris Samnee, il a juste tourné la page des super héros pour s'amuser dans d'autres genres.

La maîtrise de l'artiste est totale. Millar sait toujours bien s'entourer mais avec Immonen, il sait qu'il tient un partenaire sans équivalent. Toute sa faconde, toute son imagination, sont parfaitement illustrées. Immonen ne donne jamais l'impression de forcer, c'est presque écoeurant. Quand bien même jure-t-il être un besogneux, le résultat est là : des planches éblouissantes qui trascendent le script sans oublier de le respecter, car le talent premier d'Immonen, c'est de ne jamais chercher à tirer la couverture, à se faire mousser sur le dos de son scénariste. Il brille naturellement mais surtout il fait briller celui dont il dessine les textes.

J'espère maintenant que Millar et Immonen vont poursuivre leur collaboration et nous livrer la suite de Empress. Pour ce qui est de The Magic Order, le titre est entre de bonnes mains et l'attente sera vite récompensée puisqu'en Juillet débutera la parution du prochain volume, mis en images par Gigi Cavenaggo. Abracadabra !

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