jeudi 2 septembre 2021

FIRE POWER #15, de Robert Kirkman et Chris Samnee


Une nouvelle fois, il ne faut pas juger le livre à sa couverture car l'image dessinée par Chris Samnee n'a rien à voir avec le contenu de l'épisode - elle a même la fâcheuse tendance à anticiper la suite de cet arc. Néanmoins, Robert Kirkman séduit et prépare une nouvelle grande bataille épique en insistant sur ce que Owen Johnson fait subir à sa famille, rattrapée comme lui par son passé.


Tandis que le Clan de la Terre Ecorchée tombe aux mains des serpents, le ton monte chez les Johnson, loin de là. Kellie vient en effet de découvrir que Ling Zan est toujours en vie et que Owen le lui a cachée. Une explication s'impose entre les époux.


Ceci fait, et Kellie rassurée, Ling Zan reçoit un appel de l'intendant du Clan qui l'alerte sur la situation. Elle doit repartir. Mais Owen veut la suivre pour s'assurer que le Temple du Poing de Feu n'est pas touché. Kellie est du voyage.


Laissant ses enfants à leurs grands-parents, Owen réconforte Haley qui est frustrée de ne pouvoir l'aider car elle ne maîtrise pas encore son don. Il regrette que son passé les rattrape, lui et sa famille, car il veut que sa fille et son fils mènent une existence normale.


Au Temple, Wei Lun évite de justesse l'attaque d'un serpent et sauve Ma Guang. Tous deux ne comprennent pas la gravité ni la nature de cette agression. Jusqu'à ce que le vaisseau de Chen Zul apparaisse dans le ciel...

Régulièrement, depuis le début de Fire Power, y compris dans son Prologue, Robert Kirkman ménage des pauses dans son récit, pour explorer les répercussions des événements sur ses personnages, en particulier bien sûr sur Owen Johnson, le héros. C'est encore une fois le cas dans ce quinzième épisode.

On peut se plaindre que le scénariste ralentisse ainsi alors qu'on préfére quand il lâche les chevaux et donne à Chris Samnee des scènes d'action comme il sait si bien les chorégraphier et qui dynamisent l'intrigue. Mais, en même temps, on s'habitue à ces chapitre calmes car on sait aussi qu'ils annoncent la tempête.

Après une première "saison" centrée sur l'opposition entre le Temple du Poing de Feu et le Clan de la Terre Ecorchée, ce nouveau volume de la série doit à la fois digérer la première année de la série et en même temps continuer à aller de l'avant. Cela passe par un nouvel ennemi, une nouvelle menace à affronter et celle-ci s'incarne dans ces serpents, animaux totems d'une nouvelle école rivale des deux premières.

La tension grandissante qui s'est établie depuis trois épisodes est suffisamment excitante pour qu'une certaine incertitude plane sur la capacité de Owen Johnson à avoir raison du Présage du Serpent. Mais il manquait une connexion entre son passé et ce présent. Robert Kirkman s'attache ce mois-ci à nous fournir une explication très habile qui renvoie au dragon légendaire censé résider dans le Temple du Poing Enflammé. Le serpent et le dragon sont représentés par une iconographie similaire et le seul moyen de le vaincre est le Pouvoir du Feu.

Bien que Owen ait vérifié qu'aucun dragon ne se trouvait dans le Temple, les serpents mènent une offensive bien réelle et très efficace : le Clan de la Terre Ecorchée est terrassée et la dernière page de l'épisode laisse augurer d'une bataille entre Chen Zul et ses fidèles possédés et Wei Lun et ses élèves. On a par ailleurs déjà vu Owen aux prises avec un agent des serpents et ses intentions étaient claires : Owen était l'homme à abattre. Il n'y a peut-être pas de dragon à terrasser mais la couverture l'anticipe : il y aura des serpents à brûler.

Pourtant, le plus séduisant dans cet épisode, c'est bien la manière avec laquelle Kirkman et Samnee animent les scènes "au repos". Il y a l'explication pas si orageuse que ça entre Kellie et Owen qui se confond en excuses au sujet de Ling Zan - et on peut interpréter sa confusion de bien des façons (je persiste à penseer qu'un triangle amoureux va s'imposer et que Owen a encore des sentiments pour Lin). Puis il y a une scène très touchante entre Owen et Haley : l'adolescente, qui vient de découvrir qu'elle avait le même don que son père, souhaiterait l'aider tout en s'en sachant encore incapable. Pour Owen, qui est avant tout un père en face de son enfant, le vrai regret réside dans le fait que son passé les rattrape, lui et sa famille, les met en danger et cela l'accable au point de le faire pleurer.

Dans leur dialogue désormais habituel retranscrit en fin d'épisode, Kirkman et Samnee reviennent sur cette scène et le scénariste relève que des lecteurs lui ont souvent reproché d'écrire des héros qui craquent alors que lui y voit la marque de leur humanité. Samnee abonde et défend le fait de lui-même pleurer, rejettant tout virilisme qui interdirait la fragilité émotionnelle des héros (et des mâles en général). Cela rappelle surtout la nature profonde de Owen qui n'est pas un héros ordinaire puisqu'il a refait sa vie en refusant d'être un champion, un super-héros. Cela en fait un personnage atypique, un peu comme si Peter Parker avait définitivement refusé d'être Spider-Man.

Visuellement, si Samnee se montre un peu léger sur les décors, jouant sur les ombres pour meubler ses arrière-plans de façon certes habile mais voyante quand même, il souligne avec à-propos et savoir-faire les expressions de ses acteurs, subtilement. La vivacité de son découpage fait le reste, en particulier dans l'attaque du serpent contre Wei Lun, grisante à souhait. Même quand il est visiblement moins inspiré ou peut-être tout simplement un peu fatigué, Samnee a l'art et la manière de rendre quand même une copie impeccable, qui fait le job, en rendant la monnaie de sa pièce au lecteur.

Les deux prochains épisodes promettent de l'action à gogo et l'issue n'est pas garantie à 100%. Cette nouvelle "saison" est décidément bien engagée.

Aucun commentaire: