vendredi 20 août 2021

MARAUDERS #23, de Gerry Duggan et Ivan Fiorelli


Ce vingt-troisième chapitre de Marauders se situe donc après les événements du Hellfire Gala et la situation ne satisfait pas Emma Frost, pour plusieurs raisons. Ces contrariétés inspirent à Gerry Duggan un épisode plein d'action et lui permettent de recomposer son casting, en incorporant des personnages qu'il avait visiblement envie d'animer. Pour l'accompagner, la série a un nouveau dessinateur, Ivan Fiorelli, mais qui ne va pas s'attarder.


Alertée par le Hurleur qui a interrompu des gangsters irlandais et russes dans un entrepôt de remèdes krakoans, Emma Frost, contrariée par le meurtre de la Sorcière Rouge et la disparition de son frère Christian, rassemble une équipe de Marauders pour lui venir en aide.


Sur ces entrefaîtes, des Reavers surgissent et balancent une bombe à retardement dans l'entrepôt. Emma ordonne télépathiquement aux voisins d'évacuer la zone pendant que Banshee, Kitty Pryde et Jumbo Carnation se chargent des Reavers. Tempo ralentit le minuteur de la bombe.


L'explosion ne fait ainsi aucune victime et le Hurleur s'envole à la poursuite des Reavers en fuite pendant que Emma calme russes et irlandais sur la prochaine livraison de remèdes. Elle avise ensuite Kitty sur la nécessité de renforcer la sécurité des sites de stockage de la Hellfire company.


Pendant ce temps à Londres, les Stepford Cuckoos livrent à la vindicte populaire le père de Wilhelmina Kensington qui a abusé d'elle enfant. La jeune fille quitte dans la foulée l'organisation des Homines Verendi.

C'est sur un rythme très alerte que se déroule cet épisode réjouissant à bien des égards. Gerry Duggan s'y montre plus inspiré et inventif que sur X-Men, ce qui est en somme normal car il maîtrise mieux ces personnages dont il écrit les aventures depuis deux ans. Mais c'est surtout que l'épisode est à tous les points de vue plus complet, plus dense.

Avec Marauders, Duggan pilote peut-être la série la plus diverse de la franchise : il doit à la fois proposer de l'action, une caractérisation dynamique des personnages, s'intéresser à l'aspect business de la Hellfire trading company (avec tout ce que cela suppose : le commerce de la médecine de Krakoa, le négoce clandestin avec des pays n'ayant pas admis la souveraineté de l'île des mutants, le sauvetage et le raptriement de mutants persécutés), tout en ayant à sa disposition un casting illimité (puisque pratiquement n'importe quel mutant de Krakoa peut être amené à travaillé pour la Hellfire company en fonction de ses compétences).

Qui plus est, récemment, avant et pendant Hellfire Gala, les Marauders ont dû faire face à des mouvements internes : Tornade a quitté navire pour devenir la reine d'Arakko sur Mars, Callisto veille sur les Morlocks, Iceberg entretient une relation avec Christian Frost... Autant de paramètres à prendre en compte.

Mais on dirait que Duggan a choisi d'en tirer parti pour reformuler son casting et donc ce qui meut son récit. On sait (parce qu'il l'a avoué) qu'il avait voté pour incorporer Tempo dans l'équipe des X-Men plutôt que Polaris. Qu'à cela ne tienne : il en fait un membre des Marauders. Il a aussi dit qu'il aimait le Hurleur, inutilisé par les autres scénaristes. Idem : le voici dans l'équipe.

Et il faut reconnaître à Duggan qu'il n'est jamais meilleur que quand il a sous la main des personnages qu'il affectionne. Il profite d'avoir Sean Cassidy pour rappeler aux fans que ce dernier avait formé une sorte de couple avec Emma Frost dans la géniale série Generation X, où ils étaient les professeurs d'une nouvelle génération de mutants (Synch, Monet, Chamber, Husk, Skin...), alors créée par Scott Lobdell et Chris Bachalo. D'entrée de jeu, Dugga ranime le lien entre Cassidy et Emma à la faveur d'un appel au secours qui justifie l'action.

Pour Tempo, son pouvoir est habilement utilisé pour une scène spectaculaire, mais le passé chaotique de la jeune femme est aussi rappelé (elle a fait partie du Mouvement de Libération Mutante, et a commis des actes terroristes). Lorsque Kitty lui offre une place fixe dans l'équipe, c'est une manière pour elle de se racheter sans lui accorder un blanc-seing. De manière générale, cette itération des Marauders est prometteuse, et avec Emma sur le terrain, Duggan peut vraiment l'écrire autrement que comme un leader loin du feu mais sans lui ôter ni de son glamour ni de sa morgue (c'est comme ça qu'on l'aime).

Ajoutez à cela une conclusion au subplot concernant Wilhelmina Kensington, qui, mine de rien, diminue les Homines Verendi et vous avez donc un épisode bien fourni. Il est de ce fait regrettable que les dessins ne soient pas à la hauteur d'un tel script.

Ivan Fiorelli ne produit pas des planches indignes, mais bon, le résultat n'est pas abouti. Au début, on est emporté par le flux des événements, ça va vite, on ne fait pas trop attention. Puis les manques apparaissent : un encrage trop léger, des expressions maladroites, des proportions un peu racoleuses. Il y a du potentiel, mais pas assez de substance, de chair dans ce dessin-là. L'absence de Stefano Caselli se fait cruellement sentir pour cette série qui a toujours souffert de ne pas avoir un artiste régulier et solide.

Mais Fiorelli ne fait que passer. Zé Carlos va lui succèder le mois prochain, puis Phil Noto ensuite, puis Matteo Lolli en Novembre. Ce défilé est fort dommageable (d'autant que pour X-Men aussi, Duggan devra se passer de Pepe Larraz en Octobre et en Novembre). J'aimerai quand même que le staff éditorial remédie à cela, en titularisant Noto (car c'est le plus expérimenté, talentueux et régulier du lot).

Marauders mérite plus que jamais d'être lu et suivi, et donc d'être bien dessiné car scénaristiquement, c'est une pépite.

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