jeudi 12 août 2021

AMERICA CHAVEZ : MADE IN THE U.S.A. #5, de Kalinda Vazquez et Carlos Gomez


Rideau pour America Chavez : Made in the U.S.A. avec ce cinquième épisode. Qui, il faut bien le dire, se révèle extrêmement décevant. Kalinda Vazquez finit son histoire sur une note peu convaincante, qui fait douter du bien-fondé de son projet (et du choix éditorial de Marvel concernant le personnage). Seul Carlos Gomez s'en sort bien.
 

Catalina tient Roberto, le frère adoptif d'America, pour qu'elle l'aide dans son projet : convaincue que leurs mères ne sont pas mortes et qu'elle entend leurs voix, elle veut à présent se servir de la chambre expérimentale conçue par Gales pour ouvrir un portail vers le Parallèle Utopique.


America échoue à raisonner Catalina et, malgré ses pouvoirs défaillants, obéit à ses exigences. Mais l'ouverture dimensionnelle qu'elle parvient à créer n'est pas encore suffisante. Catalina s'en approche et America tend l'oreille jusqu'à ce que, elle aussi, croit entendre des voix.


Mais Catalina tombe dans la faille dimensionnelle. America ne peut la rattraper et le portail se referme sur sa soeur. Roberto réconforte America puis, ensemble, ils se tournent vers les fillettes sur lesquelles Catalina a voulu reprendre les expériences de Gales et de leurs mères.


America va désormais s'employer à trouver un foyer pour toutes ces fillettes. Elle se consacre, malgré ses pouvoirs toujours déréglés, à protéger son quartier, à combattre aux côtés des West Coast Avengers. Et à trouver un moyen de retrouver Catalina et, peut-être, leurs mères...

La manoeuvre qu'on appelle la retcon (ou continuité rétroactive) consistant à réécrire les origines d'un personnage pour tenter de les améliorer aboutit rarement à une réussite. J'en veux pour preuve ce que Marvel avec la scénariste Margaret Stohl a fait avec Carol Danvers dans The Life of Captain Marvel, estimant qu'il serait préférable pour l'héroïne d'avoir acquis ses pouvoirs de manière moins passive, en lui inventant une mère provenant de la race Kree puis une soeur. Une correction inutile.

Kalinda Vazquez a-t-elle reçu la consigne d'opérer la même maneouvre sur America Chavez ou l'a-t-elle pitchée à Marvel ? Toutefois est-il que le résultat n'est pas plus concluant, ne prouvant jamais son utilité, sa nécessité. C'est d'autant plus curieux que America Chavez sera introduite dans le MCU lors du prochain film consacré à Dr. Strange et qu'on ne voit pas en quoi cet retcon va pouvoir faciliter sa présentation au grand public (si tant est que les scénaristes du film de Sam Raimi suivent cette idée).

America Chavez n'était pas destinée à la carrière qu'elle a connue : imaginée par Joe Casey dans la mini-série Vengeance, elle a pris une nouvelle dimension lors du run de Kieron Gillen et Jamie McKelvie sur Young Avengers, où son caractère volcanique faisait des étincelles avec le facétieux Kid Loki. Kelly Thompson l'a ensuite récupérée pour West Coast Avengers en usant de la même ficelle, face cette fois à Quentin Quire/Kid Omega.

Mais au fond qu'est-ce qui méritait qu'on réécrive ses origines en semant le doute sur sa provenance, le fameux Parallèle Utopique, en lui ajoutant une soeur, en déréglant ses pouvoirs ? Kalinda Vazquez n'a pas réussi à le justifier. Ce dernier épisode boucle l'intrigue de manière maladroite et expéditive, en semblant donner un nouvel objectif à America Chavez, sans être sûr qu'on lira jamais une suite (car je serai étonné que Marvel investisse dans une nouvelle mini-série et, actuellement, aucun scénariste ne paraît passionné par le personnage).

C'est donc une grosse déception car jusqu'alors, sans captiver outre mesure, America Chavez : Made in the USA n'était pas désagréable à lire. Il a même permis à ceux qui l'ont lu de découvrir et d'apprécier son dessinateur, le très prometteur Carlos Gomez dont la prestation, encore une fois, est irréprochable.

Il faut donc souhaiter que l'échec narratif de cette histoire ne nuise pas à son artiste qui mérite mieux et qui a le potentiel pour devenir un dessinateur courtisé, capable d'assurer sur une meilleure production. Le talent qu'il a déployé pour animer ces épisodes, l'expressivité de ses personnages, la vitalité de son découpage, l'énergie de ses scènes d'action aboutissent à un travail très complet, qui, s'il ne sauve pas l'échec du scénario, a permis de s'accrocher jusqu'au bout.

Une fin ratée donc, mais un artiste à suivre. Maigre bilan. 

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