samedi 1 février 2020

HAWKEYE : FREEFALL #2, de Matthew Rosenberg et Otto Schmidt


Si ce n'était ses couvertures hideuses (signées Kim Jacinto), cette mini-série serait un sans-faute. Car ce deuxième chapitre de Hawkeye : Freefall réussit l'exploit d'être encore meilleur que le précédent : plus drôle, plus énergique, avec une chute irrésistible. Matthew Rosenberg se lâche complètement pour notre plus grand plaisir tandis qu'Otto Schmidt met tout ça en images de manière hilarante.


Pour épater sa nouvelle copine, Linda Carter l'infirmière de nuit, Clint Barton la traîne à une soirée caritative. Mais il lui a caché qu'il en était le principal donner tandis qu'elle est draguée par Tony Stark et qu'elle fait la connaissance de Peter Parker, venu photographier l'événement.


Ce dernier doit s'absenter quand il est prévenu d'une attaque en ville. Spider-Man surprend Ronin qui vient de braquer une planque de the Hood. Contre toute attente, le tisseur se fait surprendre par son vis-à-vis qui lui échappe avec son butin.


Le lendemain, alors qu'il déjeunait dehors, Clint Barton surprend un cambriolage par un vilain de bas étage. Luke Cage l'aide à le maîtriser tout en l'interrogeant sur Ronin. Clint nie à nouveau avoir repris cet alias.


Les actions de ce mystérieux Ronin nuisent au business de the Hood qui capture un de ses rivaux pour l'interroger sur l'identité du personnage. Pendant ce temps, Clint confie une grosse somme d'argent à un directeur d'hôpital et au dirigeant d'un laboratoire pharmaceutique pour ouvrir un centre de désintoxication gratuit.


Le soir venu, Ronin surgit dans une nouvelle planque de the Hood. Il neutralise facilement les gardes et menace Bryce, un informaticien, pour accéder au coffre. Mais Bryce affirme avoir découvert son identité en comparant des vidéos de surveillance. Ronin se démasque : c'est Clint !

Croyez-moi si je vous dis que Hawkeye : Freefall est le comic-book Marvel le plus drôle que vous lirez cette année. Si cela ne vous convainc pas de donner sa chance à cette mini-série (qui pourrait très bien devenir une ongoing si les pontes de Marvel étaient inspirés), alors tant pis pour vous, vous passez vraiment à côté d'une pépite.

Le plaisir de la lecture est renforcé par le fait qu'on n'en attendait pas tant de la part de Matthew Rosenberg et que Marvel a lancé le projet sans faire d'efforts promotionnels. C'est dommage car Clint Barton est devenu, depuis le run de Fraction/Aja, un personnage auquel nombre de lecteurs se sont attachés, appréciant qu'il en était fait un sympathique loser plus qu'un Avenger courant après les succès spectaculaires de ses collègues.

D'ailleurs, l'épisode joue là-dessus dans une scène d'ouverture tordante où les bons mots fusent et appuient sur le décalage entre Barton et la situation qu'il affronte (pour impressionner sa nouvelle copine, il dame le pion à Tony Stark lors d'une soirée caritative, sans oublier de se ridiculiser en croyant qu'on va lui remettre une récompense).

Le dessin d'Otto Schmidt est délectable car, avec son trait vif, très expressif, l'artiste fuit tout réalisme pour mieux souligner les mimiques cabotines et grotesques du héros dont sont témoins des guests (comme Stark Linda Carter, May et Peter Parker, puis Luke Cage). L'aspect volontiers cartoon du dessin de Schmidt produit un effet imparable en complément du script enlevé de Rosenberg.

Quand on atteint ce niveau de complicité entre un auteur et un artiste, le récit ne peut qu'en profiter. Mais attention, derrière les vannes et les clins d'oeil, le produit est joliment emballé comme en témoigne le découpage rigoureux, composé pour valoriser les effets comiques ou l'action.

Ainsi Rosenberg et Schmidt n'hésitent-ils pas à en passer par des pages en "gaufrier" pour des dialogues avant de dynamiter ces moments par des pleines pages explosives ou une succession de bandes horizontales ne montrant que les conséquences d'un tir nourri (par le mal-nommé Human Bomb) contre Hawkeye et Luke Cage.

Hawkeye : Freefall joue sur deux tableaux : un décalage quasi-parodique quand on est en présence de Clint, puis des scènes plus directes quand the Hood et Ronin sont au premier plan. Le premier tue ainsi d'une balle en pleine tête un rival dont le témoignage ne sert à rien. Le second blesse au sabre des dealers à la manière dont le ferait un Punisher.

C'est un procédé habile car d'une part il définit bien qui sont les méchants des gentils, et ensuite parce qu'il permet aux deux aspects de l'histoire de cohabiter sans se marcher dessus - on rigole avec Clint, on est glacé par Ronin et the Hood.

Lorsque intervient la surprise finale, le lecteur est dérouté. Bien entendu, Clint n'est pas le Ronin qui commet des exactions contre des gangsters affiliés à the Hood, tout cela est un stratagème pour confondre le vrai coupable. Mais le plan de Barton est tordu à souhait, sauf pour un regard aiguisé (comme celui de l'informaticien Bryce).

C'est la promesse de nouvelles péripéties très prometteuses, tant que Rosenberg conservera cet équilibre entre humour et action. Grâce à Schmidt, il ne devrait pas déraper.

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