mardi 25 février 2020

GUARDIANS OF THE GALAXY 2, de Al Ewing et Juann Cabal


Al Ewing est un homme pressé : ses Guardians of the Galaxy bouclent leur première aventure dès ce premier épisode, et le moins qu'on puisse dire est que ça ne finit pas bien. Pourtant, il ne s'agit pas de précipitation ni de facilité : au contraire, il y a une étonnante densité dans l'écriture. Et dans le dessin de Juann Cabal, dont chaque planche est d'une richesse visuelle épatante. Une relance en boulet de canon.


Marvel Boy libère Hercule de ses entraves. Pendant ce temps Moondragon est en contact télépathique avec Phyla-Vell qu'elle aide à affronter Zeus dans l'espace alors que Nova est blessé. Rocket Raccon avertit l'équipe qu'Héphaïstos leur a volé la bombe à trou noir avec laquelle ils comptaient détruire la nouvelle Olympe.


Star-Lord décide de la récupérer seul mais doit, avant cela, neutraliser Artémis. Il y parvient mais elle le blesse à la cuisse gauche avec une flèche. Phyla-Vell intimide Zeus qui se replie dans la cité volante de la nouvelle Olympe et elle évacue Nova vers un poste de secours Kree.


Hercule, Moondragon et Marvel Boy regagnent le "Bowie" où les attend Rocket. Star-Lord se présente devant Héphaïstos en possession de la bombe dont il cherche à comprendre le fonctionnement. Peter Quill le piège en s'approchant suffisamment pour le tuer avec la flèche d'Artémis.


La bombe ayant été endommagée par les manipulations d'Héphaïstos, Star-Lord doit l'amorcer manuellement. Pour cela il doit éloigner Rocket, Hercule, Marvel Boy et Moondragon et active le démarrage du "Bowie" grâce à son casque.


Rocket cherche à détourner ce pilotage à distance en comprenant que Star-Lord va se sacrifier dans l'affaire, mais sans succès. Zeus surprend Star-Lord mais trop tard. La bombe entraîne la nouvelle Olympe dans un trou noir.

C'est parce qu'on n'est plus habitué à ce genre de format ramassé qu'on est étonné par la rapidité avec laquelle Al Ewing boucle sa première mission des Gardiens de la galaxie. Deux épisodes lui ont suffi pour nous embarquer dans un raid suicide contre les dieux ressuscités de l'Olympe pour lequel Star-Lord n'a pas hésité à se sacrifier (quand bien même il assure avoir un plan pour ne pas y rester - et effectivement, on peut sérieusement douter que Ewing tue si vite un personnage aussi emblématique).

Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation et donc se garder de penser que le scénariste soit allé trop vite en besogne. Au contraire, son script possède une densité réelle qui garantit au lecteur le sentiment d'en avoir eu pour son argent (sans oublier que le premier épisode était plus long que la normale). Ce qu'il y a de sûr, c'est que Al Ewing a réussi là où Donny Cates avait échoué.

En deux numéros, des personnages comme Moondragon et Phyla-Vell ont eu plus de dialogues et de consistance que pendant tout le run de Cates (qu'elles ont traversé telles des fantômes). L'amitié entre Peter Quill et Rocket Raccoon a atteint une dimension poignante. Et une recrue comme Marvel Bou a immédiatement gagné sa place. Enfin, le rôle de Nova a été déterminant. C'est ce qu'on appelle faire vivre une équipe.

Et je dois dire que, moi, qui ait souvent des problèmes à accrocher avec les team-books récents parce que les auteurs me perdent dans des castings pléthoriques ou des caractérisations trop floues, là, je suis comblé par le travail d'Ewing qui a investi les Gardiens de la galaxie avec une idée précise. Il en fait une formation d'aventuriers-justiciers n'hésitant pas à prendre des mesures radicales, y compris pour eux-mêmes, pour régler une solution délicate.

Et puis, comment ne pas être curieux du retour d'Hercule ? Va-t-il intégrer l'équipe ? Et justement l'équipe va devoir à présent expliquer les conséquences de sa mission aux autres Gardiens qui ont refusé d'y prendre part. Comment Gamora va-t-elle supporter la mort de Star-Lord par exemple ? On n'aura pas les réponses tout de suite puisque le numéro suivant sera articulé avec des artistes invités pour des mini-récits concernant des membres du groupe.

C'est qu'il faut laisser souffler Juann Cabal, la grande révélation de la série. Je ne connaissais pas ce dessinateur auparavant, mais il m'a fait forte impression. Son style, très élégant et généreux, produit des planches formidables. On sent un garçon qui ne s'économise pas et qui est parfaitement dans son élément.

Pourtant illustrer les aventures d'un groupe de personnages est sans doute un des exercices les plus exigeants dans la mesure où il faut tous les rendre immédiatement identifiables, mais aussi les animer de manière énergique. Cabal fait mieux que cela : il est inventif dans son découpage, usant de "gaufriers" très denses, mais aussi de pleines pages où l'influence de Steranko est manifeste (voir plus haut avec ce plan du visage de Moondragon dans lequel s'insèrent des plans de Phyla-Vell en action).

Sans cesse il y a chez Cabal une volonté de transcender le script, ce qui est très stimulant pour le lecteur. Les décors sont fouillés, la mise en scène précise, les effets dosés. Et la colorisation de Frederico Blee ne gâche rien car elle s'ingénie toujours à conserver la clarté du trait.

C'est assurément une des meilleurs relances de l'année qui débute. Après les prestations mitigées de Gerry Duggan et Donny Cates, Al Ewing donne un vigoureux et salutaire coup de fouet au titre, soutenu par un artiste très prometteur. 

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