vendredi 8 novembre 2019

X-FORCE #1, de Benjamin Percy et Joshua Cassara (+ Premier bilan des séries "Dawn of X")


X-Force est donc le dernier titre de la relance "Dawn of X" (en tout cas, le dernier que j'essaie). Présentée comme la "CIA" de la Nation X, la série affiche de belles ambitions et son scénariste, Benjamin Percy, transfuge de chez DC, promet un "dirty book", confirmé par le contenu de cet épisode. Au dessin, je découvre Joshua Cassara, qui colle bien au programme.


Domino a infiltré les rangs d'une société secrète anti-mutant. La méfiance règne au point que les membres doivent subir un rapide test sanguin pour prouver qu'ils sont bien humains. C'est ce qui trahit l'espionne, alors dans de sales draps - d'autant qu'elle semble n'avoir prévenu personne de sa mission...


Pendant ce temps sur Krakoa, le Fauve examine la faune locale. La sécurité de l'île est assurée par Sage et Black Tom Cassidy, qui déplore auprès du Pr. X l'arrivée massive et continue de réfugiés. Les Maraudeurs accostent, avec à leur bord Colossus mal en point, qui a évacué de Russie des mutants emprisonnés.
  

Tandis que Xavier est reçu en Sokovie qui a reconnu la souveraineté de Krakoa, un commando d'assassins détournent un avion de ligne et sautent en parachute sur l'île. Une fois sur place, ils commettent un massacre parmi les habitants.


Xavier est de retour et Cassidy, qui a deviné qu'il était sûrement la cible prioritaire, le fait fuir. Wolverine, le Fauve et Jean Grey assurent la riposte mais les pertes sont déjà considérables. Trop sûrs d'eux, les mutants ont mésestimés une telle intrusion.
  

Les assassins sont éliminés les uns après les autres mais l'un d'eux réussit à coincer le Pr. X. Il tire. Wolverine l'attaque, le Fauve essaie de le calmer en expliquant qu'ils auront besoin d'un prisonnier à interroger. Mais il semble bien que Charles Xavier ait été abattu !

Au début des années 90, Rob Liefeld, qui avec Jim Lee était le nouveau dessinateur vedette de Marvel, transforme les Nouveaux Mutants en X-Force : la formation devient plus violente et son nom restera associé à des missions clandestines mutantes. Désormais, il existe une sorte de milice au sein des X-Men, chargée des basses besognes, plus ou moins tolérée par la communauté des mutants.

De toutes ses incarnations, la plus fameuse, la plus aboutie demeure sans doute celle écrite par Rick Remender dans Uncanny X-Force en 2010, durant 35 épisodes. Le scénariste pousse l'argument jusque dans ses retranchements et examine surtout les conséquences des actes des tueurs qui compose l'équipe. Remender poursuivra l'aventure et ses intrigues dans Uncanny Avengers, de manière plus spectaculaire mais moins psychologique.

Il était évident qu'avec la relance de la franchise "X", ce titre allait renaître de ses cendres. Et la bonne idée est d'en avoir confié les clés à Benjamin Percy, qui apprécie les ambiances noires et s'est fait remarquer par son brillant run sur Green Arrow chez DC. Il annonce la couleur en affirmant que sa X-Force sera l'équivalent de la CIA des mutants.

Ce premier épisode est excellent : il se déroule à cent à l'heure, mentionne pour la première fois d'autres séries (Marauders, dont les membres font une apparition remarquée), et affiche un casting détonant (même si on ne le voit pas encore entièrement). L'objet est de montrer comment la sécurité de Krakoa est organisée et quelles sont les réponses que la Nation X entend donner à ceux qui voudraient l'agresser.

Mais l'intrigue joue surtout sur le manque de préparation de cette sécurité et confirme l'arrogance dangereuse dont a fait preuve Charles Xavier en pensant son île à l'abri. Il n'écoute pas les mises en garde de Black Tom Cassidy, et finalement l'identité des terroristes qui frappent Krakoa est logique : c'est un "simple" commando d'assassins humains, probablement venus d'Europe de l'Est (de Russie ? Sans doute puisque Colossus en revient avec des réfugiés, et que les Marauders de Kitty Pryde y font des leurs), avec des motivations xénophobes. Leur attaque éclair est impressionnante et l'épisode traduit parfaitement ce massacre au paradis des mutants. 

Seule la scène d'ouverture, avec Domino dans la société secrète, ne semble pas attachée au reste, mais c'est sûrement un subplot amené à être développé.

Graphiquement, je ne connaissais pas le travail de Joshua Cassara. Son style n'est guère séduisant de prime abord, mais il présente l'avantage de coller au propos. C'est brut, direct, austère, sombre. Le découpage est sans fioriture. Ce qui convainc, c'est donc moins l'esthétisme que la correspondance visuelle avec le récit de Percy.

Surtout on notera que la colorisation est l'oeuvre de Dean White, qui était déjà là du temps de Uncanny X-Force de Remender. White n'est pas du genre léger, il mange volontiers l'encrage des artistes et son traitement des couleurs peut facilement dénaturer l'ensemble. Pourtant, comme avec Jerome Opena autrefois, il convient bien à Cassara, et les scènes nocturnes en particulier ont de la gueule.

Si on tire un premier bilan, il y a des déceptions dans ce "Dawn of X", avec Excalibur et dans une moindre mesure New Mutants. X-Force fait par contre partie des réussites, comme Marauders et X-Men.   
La variant cover de Russell Dauterman 

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