vendredi 15 novembre 2019

FOLKLORDS #1, de Matt Kindt et Matt Smith


Bien que je me sois juré de ne pas entamer de nouvelle série régulière (j'en ai bien assez à suivre), je fais une exception pour Folklords, publiée par Boom ! Studios (et je vous explique pourquoi plus loin). Ecrite par l'hyper-productif Matt Kindt et dessiné par Matt Smith, ce récit initiatique est immédiatement accrocheur et joliment mis en images. 


Ansel est un jeune garçon de dix-huit ans qui vit avec ses parents dans un village. Mais sujet à des rêves récurrents et des visions, dans lesquels il a accès à un monde semblable au nôtre, il s'habille et pense différemment, ce qui lui vaut des regards désapprobateurs ou moqueurs.
  

Il se rend à une fête où sont ses amis. Chacun dévoile la quête qu'il entend accomplir, comme c'est la tradition, mais quand Ansel révèle qu'il ambitionne de trouver les Seigneurs du Folklore (les "Folklords"), on lui rappelle que c'est interdit et passible de mort.


Vexé, il s'en va, mais son amie Dee le rattrape. Elle s'inquiète de ce qu'elle a entendu et tente de le dissuader. Mais Ansel réplique que c'est sa destinée, puis avise Dee que les quêtes visées par les autres ne les aident pas à s'accomplir. Piquée au vif, elle lui tourne le dos.


Le lendemain a lieu la cérémonie où chacun fait part en public de sa quête. Archer, un ami d'Ansel, lui vole son projet, ce qui lui vaut un rappel à l'ordre musclé de la Guilde des Bibliothécaires. Celle-ci annule la cérémonie et attribue des missions aux jeunes.
  

L'ineptie de ces objectifs motive Ansel encore davantage et il propose même à Ansel de l'accompagner à la recherche des Folklords. Les deux garçons fuguent à la nuit tombée, couverts par Charles le Troll et un énigmatique chevalier...

Donc, à l'origine, j'avais l'intention de jeter un oeil à ce premier épisode tout en me défendant d'en écrire la critique. Je suis déjà beaucoup de séries et j'ai décidé de ne plus en ajouter à la liste, notamment pour trouver le temps de me consacrer à d'autres choses que ce blog.

La critique est un exercice, plaisant le plus souvent, mais aussi parfois éprouvant - quand on tombe sur une mauvaise histoire, quand des auteurs et artistes sont déplacés, quand l'humeur n'est pas là... Il faut aussi compter avec ceux qui vous lisent car c'est quelquefois un peu décourageant de rédiger des articles que peu de gens consultent. J'ai bien conscience que des séries sont plus attendues que d'autres et que mon humble avis est plus souhaité ici que là, mais évidemment on espère toujours qu'on va piquer la curiosité d'un maximum de visiteurs sur un titre improbable et pourtant authentiquement réussi.

Revenons aux déceptions, ponctuelles ou durables, des séries en cours. J'avais prévu de consacrer cette entrée à Superman #17, mais sa lecture m'a affligé. Bendis n'est vraiment pas en forme (déjà que la fin d'Event Leviathan m'a horripilé) et Kevin Maguire en dessous de tout. Je n'avais pas envie de m'énerver là-dessus. Surtout que Folklords #1 m'avait absolument ravi.

Et donc, exit Superman (au moins ce mois-ci). Je ne connais absolument pas la production de Matt Kindt, alors qu'il est pourtant très prolifique, mais le pitch de cette nouvelle série m'a tout de suite intrigué. D'ailleurs, si je devais résumer l'affaire, c'est justement la simplicité de l'argument qui m'a captivé : un cadre de fantasy, un jeune héros sujet à des visions de notre monde, une quête interdite. Tout va très vite, les personnages sont attachants, la situation vous attrape pour ne plus vous lâcher, on a envie d'en savoir plus, de suivre Ansel et Archer.

A quoi tient l'envie de lire une série finalement ? A cela. Après ? Bien sûr, il faudra confirmer, que Matt Kindt sache développer ce bon début, très prometteur, plein de potentiel. Mais j'ai l'intuition que le bonhomme connaît son affaire et maîtrise son sujet, qu'il en a sous le pied.

C'est aussi cette impression qu'on a avec le dessin de Matt Smith. C'est aussi un inconnu pour moi, même si j'ai découvert qu'il avait travaillé chez Dark Horse, sur Hellboy & the BPRD (pour un récit complet écrit par Mignola lui-même), entre autres. 

Son trait est absolument mûr, c'est un artiste accompli, pas un débutant sorti de nulle part. Cela se voit à la manière de planter le décor, de camper les personnages, d'établir une ambiance. Tout semble simple et en même temps bien défini, ouvragé, préparé. Pas de fioritures, mais l'art de poser un ensemble à la fois familier et original en même temps. A l'image d'Ansel qui s'habille comme un lycéen en uniforme (un costume cravate noir et une chemise blanche, qui tranche avec les allures médiévales des habitants de son village mais aussi des trolls et elfes environnants) : il se dégage une assurance tranquille de tout ça.

Idem pour le découpage : le flux de lecture est très fluide, chaque plan est lisible, les finitions sont impeccables, avec un effort porté aux costumes, aux décors. Les couleurs de Chris O'Halloran sont douces et justes. Un vrai régal.

Pas besoin de chercher midi à quatorze heures : cette BD me plaît, et elle devrait plaire à n'importe qui parce qu'elle est bien foutue, séduisante, intrigante. Achetez ce premier numéro, comme moi vous devriez en redemander une fois arrivé à la dernière page. 

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