mercredi 13 novembre 2019

SPACE BANDITS #5, de Mark Millar et Matteo Scalera


Space Bandits s'achève plutôt pas mal alors que l'ensemble a été très décevant. C'est un pur divertissement, bourré d'action et d'outrance, et qui annonce le futur premier crossover au sein du "Millarworld". Ce qui est sûr, c'est qu'en attendant cela, Mark Millar serait bien inspiré de concevoir sa prochaine production avec un peu plus d'originalité. Et, par conséquent, de moins se reposer sur la talent de son artiste, en l'occurrence, ici, Matteo Scalera.



Tandis que Cody Blue a renoué avec son ex, Viggo Lust, Thena Cole planifie déjà un coup fumant pour qu'ils soient tous à l'abri. Elle compte vider les coffres de la Princesse de Most, à laquelle est promis Viggo - dont elle ignore qu'il est en affaires avec Kaiser Crowe.


Tandis que Viggo endort la Princesse, Thena et Cody s'introduisent dans la salle du trésor de la Princesse en mode caméléon. Pourtant elles sont repérées et doivent prendre la fuite précipitamment avec leur butin. Elles sauvent Viggo in extremis des griffes de la Princesse réveillée.


Pris en chasse, le trio parvient à semer la garde de la Princesse en passant en hyper-vitesse pour gagner la planète où Thena a prévue de se replier. Hélas ! Kaiser Crowe les y attend, amené là par Viggo. Thena et Cody comprennent qu'elles ont été doublées par ce dernier.
  

Le sort des deux femmes semble scellée. Pourtant Thena est résolue à ne pas livrer son trésor et a conservé un atout dans sa manche. Des lézards blancs géants, de la même espèce que son animal de compagnie, Cosmo, surgissent et déciment Kaiser et sa bande.


Viggo laissé sur place sera récupéré par la Princesse. Thena et Cody profitent ensemble de leur butin tout en récompensant ceux qui les ont aidées en chemin. Mais, loin de là, les fugitives ont toujours leurs têtes mises à prix et un chasseur de primes est lancé à leurs trousses.

Bon, on va vite passer sur la résolution de ce qui a tenu lieu d'intrigue à Space Bandits. Dans une veine purement "Millarienne", les deux héroïnes s'en sortent de la manière la plus providentielle et violente qui soit grâce à une astuce qu'on voit arriver à des km (les lézards blancs télépathes de la même espèce que Cosmo), les méchants sont dûment et durement châtiés (à la mesure de leurs félonie et de leur brutalité envers les femmes). Et l'épisode se clôt sur l'annonce d'une suite qui sera aussi le premier crossover du "Millarworld".

Ce qui incite à l'indulgence, malgré la médiocrité globale de cette mini-série, c'est tout de même que Mark Millar est plus à son avantage pour écrire un épisode gorgé d'action jusqu'à l'absurdité que pour bâtir une intrigue solide. De ce point de vue, Space Bandits aura été plus agréable à lire que Prodigy, plus dépaysant, plus délirant. Le traitement des personnages, les péripéties auront été mauvais, parmi ce que Millar a fait de pire, c'est entendu. Mais la fin (provisoire) de leur aventure est emballé avec du rythme et une adversité consistants.

Ce qui a manqué à cette mini-série, c'est finalement une radicalité narrative à la mesure de celle de son graphisme car Matteo Scalera a apporté à Millar une sorte de fantaisie visuelle, criarde et cartoony, rafraîchissante. Le dessinateur de Black Science ne s'inscrit pas dans un courant réaliste comme de précédents artistes avec lesquels a travaillé Millar (Immonen, Coipel, Gibbons, Fegredo). Son expressionnisme, les couleurs pétantes de Marcelo Maiolo, le découpage privilégiant les grandes cases, tout concourt à faire de ce Space Bandits un projet farfelu, avec ses vêtements aux coupes issues des années 80, ses vaisseaux spatiaux improbables, ses décors luxuriants. On est clairement dans un univers parodique, qui imite les "buddy movies" et le "space opera" avec une lumière au néon flashy et une galerie de trognes.

Millar, malheureusement, n'avait pas un récit à la hauteur de son dessinateur, il s'est, une fois de plus, contenté d'un hommage à sa manière à une histoire qui l'a marqué dans sa jeunesse (Butch Cassidy et le Kid), dont il a détourné quelques éléments. Ce qui fonctionnait encore sur Starlight a fait "pschiit !" ici, faute d'une vision, d'un souffle. Et Scalera s'est retrouvé seul à tenter de porter l'intrigue vers les hauteurs attendues.

Mais, finalement, ce qu'on retiendra surtout, c'est l'épilogue de ce cinquième épisode, une fois la victoire des héroïnes actée. En effet, un chasseur de primes est lancé à leurs trousses (après tout, elles sont encore des fugitives recherchées pour de multiples délits), et cet individu n'est autre que Sharkey. Dont Millar vient de narrer la propre balade dans Sharkey the bounty hunter, illustré par Simone Bianchi, paru parallèlement à Space Bandits. Je n'ai pas lu cette série car le dessin de Bianchi ne me plaît pas et que j'étais prudent après Prodigy. Mais la rencontre annoncée de Sharkey, Thena et Cody va aboutir au premier titre où des personnages de Millar partageront une même histoire. Qui la dessinera (Scalera ? Bianchi ? Un autre ?) ? Et quand cela sera-t-il publié ? Mystères.

Mais cela sera sans moi. J'ai déjà zappé la suite de Chrononauts, dont les quatre nouveaux épisodes sont tous sortis le même jour, fin Octobre. Et je vais attendre de voir quel est cette mystérieuse BD promise pour la fin 2019 par Millar et Netflix (qui semble être une suite d'une mini-série déjà publiée). En vérité, je guette plutôt 2020, qui devrait voir la parution de Requiem, troisième et dernier acte de Jupiter's Legacy, dessiné par Frank Quitely, et peut-être du Livre II de The Magic Order (en priant pour que Coipel soit encore de la partie). Sans oublier Empress Book Two (maintenant que Immonen sort de sa retraite, bien qu'il se soit engagé sur un projet avec Joe Hill pour revenir)...  

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