mercredi 7 août 2019

SABRINA THE TEENAGE WITCH #4, de Kelly Thompson et Veronica Fish


Et dire que dans un mois maintenant, c'en sera fini de Sabrina the teenage witch... Il faut donc savourer cet épisode (et le suivant), ce qui n'est pas difficile car Kelly Thompson et Veronica Fish nous régalent. L'intrigue avance sur plusieurs pistes, entre comédie romantique et fantastique. Le dénouement promet d'être explosif.


Ses tantes Hilda et Zelda toujours absentes, Sabrina Spellman décide de retourner à l'école - moins pour étudier que pour enquêter de son côté. En passant devant la mairie, elle remarque un attroupement réclamant des mesures contre des sorcières.


Harvey Winkle, un de ses prétendants, accompagne Sabrina jusqu'au collège en lui donnant rendez-vous plus tard pour parler de cela. En cours de science, Sabrina est rappelée à l'ordre par le professeur Sampson, qui prononce des paroles désobligeantes envers ses tantes.


Le soir venu, comme promis, Sabrina écoute Harvey lui raconter les origines de Greendale, fondée par des sorcières, dont l'une, Della, vivrait toujours dans le coin. Sur ce, Ren Ransom, l'autre courtisan de Sabrina, surgit.


Sabrina laisse les deux garçons se disputer ses faveurs et rentre chez elle. Dans la cave, elle consulte les grimoires de ses tantes pour identifier la menace dans la forêt. Ce qu'elle apprend la motive à prendre des mesure drastiques.


Armée de plusieurs artefacts puissants, Sabrina est mise en garde par son chat Salem. Mais elle n'a pas l'intention d'aller se battre seule et offre à ce dernier de l'accompagner, en le renforçant aussi de manière... Impressionnante.

Lorsque je déplore la fin de cette mini-série, peut-être me trompé-je car Kelly Thompson, en plus d'être une scénariste talentueuse, est quelqu'un à l'écoute de ses fans sur Tumblr (notamment). Ainsi lui ai-je posée la question d'une suite à ces cinq épisodes de Sabrina the teenage witch. Et elle m'a répondu qu'Archie Comics y réfléchissait, que "tout était possible. Croisons les doigts.". Sachant que le recueil sortira le 10 Décembre prochain, peut-être la jeune sorcière reviendra en 2020.

En attendant, à une marche du dénouement, cet épisode est, comme les précédents, exquis. Thompson mène remarquablement sa barque, semblant à la fois plus s'amuser que pour ses commandes chez Marvel et aussi mieux maîtriser son récit.

La couverture suggère que l'accent est mis sur la romance, ou en l'occurrence le triangle amoureux Sabrina-Ren-Harvey Winkle. Ce n'est pas totalement faux dans la mesure où Harvey Winkle a droit à des scènes plus consistantes et importantes et qu'effectivement Ren Ransom affiche sa jalousie (légitime puisque, après tout, Sabrina l'a embrassée).

Mais Thompson utilise Harvey pour faire progresser l'intrigue. Ses deux tantes parties chasser le démon dans la forêt voisine et ne revenant toujours pas, Sabrina en apprend davantage sur les origines (supposées) de Greendale. Ce que lui raconte Harvey relève plus de la légende urbaine qu'autre chose mais informe tout de même Sabrina sur une actrice méconnue (une certaine Della).

Le scénario suggère une autre piste, peut-être fausse, avec le professeur de sciences qui n'a pas l'air d'apprécier Hilda et Zelda. Un suspect supplémentaire, du genre savant frustré qui aurait utilisé la magie. A moins que Sampson ne soit lié à cette Della... Voilà de quoi phosphorer en attendant le prochain numéro.

Ce qui fait le sel de Sabrina..., c'est aussi la parfaite complicité entre son écriture et son dessin. Veronica Fish parle le même langage que Thompson et ses pages reflètent ce mélange délicat de comédie, de fantaisie, de polar, de fantastique. Il y a une légèreté élégante qui s'en dégage, qui n'est en rien de la futilité mais plutôt une forme de malice invitant le lecteur à apprécier cela comme un jeu bien élaboré.

Fish comprend le script de Thompson en sachant en souligner habilement les effets lorsque son dessin exagère les attitudes, les mimiques comme lorsque Jessa, la meilleure amie de Sabrina, est excitée par les aventures amoureuses de la sorcière. Mieux encore : les scènes avec le chat Salem sont savoureuses car à la fébrilité de l'adolescente répond le flegme du félin, à la fois blasé et prudent, bien qu'il sache (comme nous) que sa maîtresse ignorera ses conseils.

Le découpage a beaucoup de rythme et de fluidité, s'autorisant quelques compositions hardies comme lorsque Harvey revient sur la fondation de Greendale, ou, surtout avec cette double page magnifique de Sabrina dans la cave en train de réunir de puissants artefacts magiques (dont l'épée de Jeanne d'Arc !). La dernière page montre la métamorphose spectaculaire de Salem, sorte de climax attendu.

Le tout profite également d'une colorisation magnifique d'Andy Fish, qui contribue aux nombreux atouts d'une production bien garnie.

La rentrée sera forcément un peu tristounette à Greendale car il faudra dire au revoir à Sabrina. Mais comptons sur Thompson et Fish pour boucler en beauté - et sur Archie Comics pour donner une suite à ce projet.
   

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