Ce quatorzième épisode inaugure un nouvel arc qui s'annonce très ambitieux : la Justice League Dark va y affronter Circé et sa propre équipe. James Tynion IV a longuement préparé cette "guerre des sorciers", mais heureusement il peut compter sur Alvaro Martinez pour l'illustrer avec sa puissance coutumière. Alléchant.
Wonder Woman fait un rêve aux allures de cauchemar : la voici qui rencontre Giovanni Zatara dans le manoir où il a trouvé la mort et qui la prévient d'une guerre imminente à laquelle la Justice League Dark doit se préparer. Surtout que l'Homme Inversé rôde toujours...
Wonder Woman appelle immédiatement Zatanna mais celle-ci est déjà bien occupée. Avec Bobo, Swamp Thing, Man-Bat, Kent Nelson et Kalid Nassour, elle affronte une horde de vampires dans une église profanée.
Wonder Woman donne rendez-vous à ses acolytes, une fois leur victoire scellée, au bar Oblivion. John Constantine y traîne son spleen mais dispense un conseil précieux à l'amazone quand elle évoque un ennemi qui conspire contre elle depuis longtemps.
A l'église, le reste de la JLD fait le ménage. Un chat erre dans le bâtiment et rejoint son maître près du grand orgue. Man-Bat surprend Klarion mais le jeune sorcier brouille les souvenirs de Kirk Langstrom et lui suggère son attitude à venir.
Klarion se téléporte ensuite à Montego Bay, en Jamaïque, où il retrouve Salomon Grundy, Woodrue et Papa Mid-Nite. Ils rejoignent sur la plage Circé, dont les pouvoirs ont été augmentés par Lex Luthor, et qui s'apprête à recruter un nouvel allié : Eclipso.
L'épisode 13 concluait ce qu'on pouvait appeler la "saison 1" de Justice League Dark, avec la menace incarné par Dr. Fate et les seigneurs de l'Ordre. Dans le #14, James Tynion IV faisait une sorte de pause, une transition, avant les grandes manoeuvres de ce qui sera vraisemblablement l'essentiel de la "saison 2".
En effet, après avoir réglé son compte à Fate (sans toutefois avoir trouvé un nouvel hôte à son heaume), la JLD n'a pas résolu tous les problèmes inhérents à la magie. La menace de l'Homme Inversé demeure, et Lex Luthor a procuré à Circé un surcroît de puissance en prévision d'une guerre décisive pour le règne du monde occulte.
On découvre dans le dernier tiers de cet épisode que la magicienne n'a pas tardé à manoeuvrer puisqu'elle a assemblé son propre groupe en vue d'affronter Wonder Woman et compagnie. Avant cela, Tynion IV gagne un peu de temps au moyen d'artifices narratifs un peu convenus.
Qu'il s'agisse du rêve dans lequel Wonder Woman est appelée par Giovanni Zatara (décidément le véritable marionnettiste de la série, qui manipule tout le monde depuis l'au-delà) et surprise par l'Homme Inversé, ou bien du combat, bref mais intense, de Zatanna et ses partenaires contre une bande de vampires dans une église, il faut admettre que le scénariste ne fait pas preuve d'une grande originalité. C'est efficace certes, mais un peu facile.
On retiendra surtout, pour le spectacle, la bagarre contre les vampires, parce que Tynion IV y exploite enfin Man-Bat comme un membre de la JLD vraiment utile et effrayant. Le traitement de cet ennemi/allié de Batman par le scénariste ne cesse de m'étonner depuis le début de la série, comme s'il s'obstinait à le minorer, à le cantonner à un rôle peu consistant - à l'évidence le membre le moins indispensable et productif de l'équipe. Pourtant Man-Bat a un vrai potentiel, graphique déjà, mais aussi narratif (du fait des effets secondaires de sa transformation, qui peut le rendre enragé).
L'addition (éphémère ?) de Kent Nelson et Khalid Nassour ajoute un bonus réel de puissance à la JLD, il semble évident que ces deux personnages vont continuer de graviter autour des héros (jusqu'à ce qu'un nouvel hôte pour endosser le rôle de Dr. Fate soit trouvé ?), ne serait-ce que pour leur expérience en matière d'arts occultes.
La scène entre Constantine et Wonder Woman est habile mais un peu téléphonée : en effet, le premier permet à la seconde de déduire qui conspire contre son équipe, or le lecteur l'a deviné bien avant l'amazone, ce qui produit un décalage fâcheux (il est toujours délicat que le lecteur en sache vraiment plus que les personnages, lesquels passent alors pour des idiots). Par ailleurs, déjà en délicatesse avec Zatanna (depuis qu'elle sait qu'il a été l'élève et l'agent de Giovanni Zatara), promettre à Constantine une prochaine explication "musclée" avec l'amazone revient un peu à lui donner le rôle de la tête à claques, du souffre-douleur. Il me semble qu'il est pourtant déjà bien puni depuis que Fate l'a privé de ses pouvoirs.
Malgré ces réserves, tout ça se lit très agréablement. Et c'est une fois encore grâce à la contribution décisive d'Alvaro Martinez, qui produit des planches magnifiques. Avec son encreur Raul Fernandez, il en donne pour son argent au lecteur : le trait est superbe, les finitions incroyables, les ombres enveloppantes, tout cela au service de compositions riches et fluides.
Comme tous les grands dessinateurs, Martinez sait donner à ses personnages une allure qui résume leur personnalité, une attitude appropriée à leurs actions, des expressions subtiles. Souvent, ce sont dans les détails que le meilleur se loge, comme lorsque Constantine tient sa cigarette entre ses doigts, tend son paquet de clopes à Wonder Woman ou souffle la fumée en renversant la tête : il y a beaucoup de naturel dans ses mouvements, comme quand WW enlève sa capuche ou se débat dans son lit. Idem lorsque les personnages se battent (voir l'accablement de Swamp Thing blessé par plusieurs pics).
Il est normal que cet épisode frustre un peu, voire déçoive : c'est une entrée en matière, le scénariste prend son temps. Mais ce qu'il met en place est très alléchant et ambitieux. La série tient un potentiel grand arc narratif, peut-être même un futur classique.
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