Hier, sur son compte Instagram, Brit Marling confirmait dans un long message et quelques dessins l'annulation de la série The OA par Netflix. Il n'y aura donc pas de saison 3.
Depuis une pétition circule, les fans sont désespérés. Si vous avez lu ce que j'écrivais au sujet de cette série, vous savez que j'en étais un grand admirateur, donc je ne suis pas heureux de cette issue. Mais tout cela est riche d'enseignements.
D'abord voici le post intégral de Marling :
Soyons d'abord pragmatiques : Netflix est aujourd'hui à un carrefour. Les plateformes de streaming se multiplient : Amazon, Hulu, bientôt Warner et Disney... La concurrence sera de plus en plus féroce et à la fin de a bataille, il y aura des morts.
Netflix souffre déjà : elle perd des abonnés. Pour contrer cette crise, elle doit miser sur des chevaux de course, des hits, et dans ce contexte, un programme aussi atypique que The OA ressemble à une anomalie commerciale, malgré ses immenses qualités artistiques. A côté de champions comme Stranger Things ou La Casa del Papel (je m'abstiendrai de les critiquer puisque je ne les suis pas), la série de Brit Marling et Zal Batmanglij ne fait pas le poids : elle est sacrifiable - et sacrifiée, comme d'autres avant elles (et après).
J'ai lu, ici et là, sur les réseaux sociaux des comparaisons qui ne me paraissent pas tenir. Par exemple, Sense8 des soeurs Wachowski et de J. Michael Straczynski a été annulée puis conclue suite à la mobilisation des fans, donc on ne peut pas parler d'un projet brutalement interrompu. De toute façon, c'est la vie (et la mort) des séries : elles ne sont pas éternelles et The OA n'allait sûrement pas durer dix ans.
D'ailleurs, examinons le dénouement de la saison 2 : les personnages devenaient leurs interprètes dans un twist génial. Bien entendu, cela aurait été diablement passionnant de voir comment Marling et Batmanglij allaient développer cela, rebondir sur cette idée folle. Mais, comme l'admet d'ailleurs Marling (malgré ses regrets de voir l'aventure s'arrêter brutalement), finir sur cette note, ce retournement de situation vertigineux, laisser Steve Winchell démasquer "Hap" dans l'ambulance qui véhicule Prairie, c'est une conclusion magique, qui préserve de toute déception éventuelle. Pour le coup, la série devient vraiment, définitivement, inoubliable.
[NB : la même réflexion peut s'appliquer pour Too Old to Die Young, qu'Amazon a aussi décidée de ne pas prolonger. En l'état, les dix épisodes réalisés et écrits par Nicolas Winding Refn forment une somme qu'aucune suite ne viendra diminuer en qualité.]
Examiner cela avec lucidité n'exclut pas les sentiments. Je suis triste malgré tout car j'adorai suivre The OA. L'attente entre les deux saisons a été longue mais le résultat valait la peine d'attendre, et j'aurai patienté, confiant, autant de temps pour une saison 3. Prairie Johnson, the Original Angel, restera une héroïne fascinante, mémorable, et son histoire demeurera une expérience narrative, visuelle, sensorielle, tout à fait unique.
Si je peux comprendre Netflix dans sa logique concurrentielle, je ne désespère pas non plus sur sa volonté de continuer à produire et/ou diffuser des contenus audacieux. Il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain et conspuer une plateforme qui a révolutionné la manière de "consommer" des séries. La saison 3 de Dear White People (en ligne depuis le 2 Août) a été très décevante (au point que j'hésite à écrire dessus), mais la suite de GLOW arrive le 8, et le 16 ce sera le tour de Mindhunter : de quoi passer encore de sacrés bons moments ! (Sans compter les adaptations du "Millarworld" à venir.)
Le monde de séries est un océan plein de poissons et avec Amazon, Hulu, HBO et les autres, il y a de quoi se consoler. Même si avec The OA, c'est une perte déplorable qu'on subit.
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