Nous sommes déjà à mi-course de Event Leviathan et bien malin qui pourra deviner qui se cache sous la capuche rouge (comme le demande la couverture en accroche). Brian Michael Bendis a eu beau promettre que le mystère n'était pas insoluble, on est quand même bien en difficulté. Et les héros aussi. Contrairement à Alex Maleev, qui donne à tout cela une ambiance entre chien et loup envoûtante.
La Forteresse de Solitude, Triangle des Bermudes. Le groupe de détectives assemblé par Lois Lane fait le point sur sa rencontre avec Red Hood. Elle s'est mal passée, mais ils peuvent en tirer des enseignements.
Quelques heures auparavant : Red Hood tente d'échapper à la curée. Il se débarrasse de Plastic Man en premier, en lui tirant dessus à bout portant. Puis entraîne dans sa chute Damian et Batman, qui passent à travers une verrière.
La bataille dégénère franchement, personne ne se fait de cadeau. A ce jeu, Red Hood a un avantage car il ne retient jamais ses coups. Il réussit à s'éloigner de Batman avant d'être pris à parti par Manhunter.
Mais elle ne profite guère de son assaut surprise. Lois Lane s'interpose en interrogeant Red Hood à chaud. S'il n'est pas Leviathan, il admet approuver ses manoeuvres, car comme lui il voit que les super-héros échouent à maintenir l'ordre et la paix.
A la Forteresse, Lois Lane cite Amanda Waller comme une suspecte pour Red Hood. Où est-elle d'ailleurs ? Abordée apr Leviathan, elle voit leur échange interrompu par Superman.
La dernière page, avec le retour dans la partie de Superman (absent de la saga, mais présent via la série Action Comics), relance complètement l'intrigue et promet beaucoup pour la suite. Mais avant cela, ce numéro d'Event Leviathan est un petit bijou d'action.
Ceux qui reprochent volontiers à Alex Maleev de ne pas être à son avantage dans ce genre d'exercice devront réviser leur jugement car le dessinateur a à faire avec ce que Brian Michael Bendis lui a réservé.
La narration joue sur un faux suspense : on devine d'entrée que les détectives recrutés par Lois Lane ont échoué à coincer Red Hood, mais en montrant comment a eu lieu ce fiasco, il faut convaincre le lecteur que Jason Todd a pu se débarrasser de six justiciers aguerris.
Bendis tire habilement parti du fait que 1/ Red Hood n'a plus rien à perdre, il est le suspect idéal et ne va as retenir ses coups pour s'en sortir ; et 2/ parce qu'il est le plus violent des anciens sidekicks de Batman, il va transformer la bataille en un match désordonné, avec des ruses et des mauvais coups.
On devine en effet que Batman veut tout de même attraper Red Hood sans jouer à sa manière. Et Maleev parvient à merveille à saisir ce contraste : les adversaires se gênent, leur assaut est brouillon, leurs interventions mal coordonnées. C'est ce qui cause leur perte.
En fait, l'artiste lui-même joue sur le manque de dynamisme de son dessin pour restituer le cafouillage de cette arrestation manquée. On y finit en passant à travers une verrière, dans une benne à ordures, rien de gracieux. Et c'est ce qu'il fallait pour cette lutte-là.
Le climax de cette séquence a lieu dans un face-à-face très tendu entre Red Hood et Lois Lane qui l'interroge après qu'il se soit défait de Manhunter. Il pointe d'abord son flingue sur la reporter puis baisse son arme et s'éloigne tout en répondant à ses questions. Plus important encore : les réponses qu'il donne collent avec le personnage et légitiment de façon troublante l'action de Leviathan. On en revient au fait que ce dernier fait ce que les super-héros n'osent pas.
On est captivé par cette histoire, même si on peut être frustré par son mystère et craindre que la réponse à la question de l'identité de Leviathan déçoive. C'est le gros risque de ce projet, mais Bendis semble avoir un sérieux as dans sa manche. Du coup, on relance. La partie n'est pas finie.
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