dimanche 27 mai 2018

OLD MAN HAWKEYE #5, de Ethan Sacks et Marco Checchetto


On approche de la moitié de cette saga (le mois prochain sera, je crois, consacré à un flash-back revenant sur la chute des héros, 45 ans dans le passé) et Old Man Hawkeye doit marquer un peu le pas pour ne pas tomber dans la routine d'un épisode/une vengeance. N'allez cependant pas croire que Ethan Sacks et Marco Checchetto vont laisser du répit à Clint Barton...


A la recherche de Songbird, une autre membre des Thunderbolts, Clint Barton s'arrête au "Josie's Bar" tenu désormais par Turk (ancien indicateur du Caïd et souffre-douleur de Daredevil). Le barman évoque un couvent où elle se serait retirée. Mais la conversation est interrompue par l'irruption des Venoms.


A Electroville, l'ex-marshall Bullseye, blessé précédemment par les enfants de Kraven le chasseur, se fait soigner par Claire Temple dans sa clinique. Il lui demande également si elle peut lui retirer l'implant Deathlock qui permet à Crâne Rouge de le localiser mais cela nécessiterait une intervention chirurgicale délicate. Dehors, une voix familière exige que Bullseye sorte et se rende sans résistance.


Au "Josie's Bar", la bataille fait rage et un des Venoms tue Turk. Son jeune neveu, en possession du casque de Ant-Man, attaque les symbiotes avec des fourmis tandis que Hawkeye exploite un de leurs points faibles en les incendiant.


Bullseye se débarrasse facilement des hommes envoyés par Crâne Rouge pour l'arrêter. Il fait passer au chef de ce commando, le Maître de Corvée, un message à leur Président de lui fournir des renforts dans trois jours à Rock Springs, sinon il continuera de tuer tous ceux qui le traquent.


Blessé par un Venom, Hawkeye prend la fuite avec Dwight. Ils roulent dans une zone ne figurant plus sur aucune carte en dehors des friches : la cité fortifiée dont Kate Bishop est la Maire...

Comme je le rappelais en ouverture, l'histoire approche de sa moitié et Ethan Sacks a suffisamment bien bâti son projet pour en ménager la progression. D'un côté, il ne peut pas se contenter d'aligner les règlements de comptes entre Hawkeye et les Thunderbolts à chaque épisode, ce qui générerait une lassitude. De l'autre, il ne peut épargner à ses protagonistes les conséquences de leurs actes, sans quoi le réalisme qu'il ambitionne serait démenti.

Alors il met en scène des corps éprouvés, à la croisée des chemins. Bullseye a été blessé par les enfants de Kraven et doit se faire soigner pour poursuivre sa traque, tout en échappant à Crâne Rouge auquel il ne répond plus. Clint Barton retrouve de manière explosive les Venoms qui ont pris pour hôtes les doubles de Madrox l'homme multiple et cette bataille le laisse également amoindri, obligé de battre en retraite et de différer la suite de sa vengeance.

On pouvait tiquer sur la forme parfois insolente du héros et des vilains dans les épisodes précédents au regard des combats qui les opposaient. Pour des quinquagénaires-sexagénaires, Hawkeye, Atlas, the Beetle, Bullseye et compagnie affichaient une santé encore vigoureuse (quand bien même l'archer se sait condamné à une cécité prochaine). Cette fois, Sacks les et nous rappelle à l'ordre et en décrivant Bullseye sur la table d'opération de Claire Temple ou Clint Barton obligé d'aller se cacher chez une vieille amie, on constate que ces hommes-là tiennent d'abord par la rage qui les animent. Mais quand ils sont atteints, ils doivent recevoir des soins.

L'ombre de la mort, ou du déclin, plane alors d'autant plus fortement et renvoie à la référence au western Impitoyable de Clint Eastwood, qui inspira Mark Millar pour Old Man Logan.

Marco Checchetto ne cesse d'aligner des épisodes de haute volée depuis le début de la série et on ne peut que répéter les compliments déjà adressés à l'artiste italien qui accomplit là son meilleur ouvrage. 

Lorsqu'il anime le morceau de bravoure de ce chapitre, avec l'assaut des Venoms dans le "Josie's Bar", tout reste lisible et énergique. La violence de la bagarre, qui culmine avec la mort très sanglante (mais traitée avec intelligence par le coloriste Andres Mossa) de Turk, est d'une intensité peu commune, d'autant qu'elle se passe dans un espace réduit, en intérieur. 

La présence du jeune Dwight, le neveu de Turk, qui a hérité du casque de Ant-Man, ajoute une force incongrue au combat car le jeune garçon est d'abord le spectateur dépassé de la séquence avant d'en être un acteur déterminant. Et la dernière page marque l'entrée en scène d'une figure familière qui fait plaisir et fait le lien avec le second volume du Hawkeye tel qu'écrit par Jeff Lemire et dessiné par Ramon K. Pérez (quand les deux archers étaient montrés dans leur grand âge grâce à un saut dans le temps).

Si Old Man Hawkeye ne s'aventure pas dans l'étrangeté interprétative de Mister Miracle, c'est une saga qui lui fait une concurrence (même format de douze épisodes, même complicité entre le scénariste et le dessinateur, même puissance narrative). Un projet alternatif comme Marvel serait bien inspiré d'en produire davantage.   

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