(Ci-dessus : la couverture du double album
édité par France Loisirs, regroupant ces deux histoires.)
ASTERIX : LE DOMAINE DES DIEUX est le 17ème tome de la série, écrit par René Goscinny et dessiné par Albert Uderzo, publié en 1971 par Dargaud.
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Toujours à la recherche d'un moyen de vaincre le village des irréductibles gaulois, César a l'idée de faire bâtir une cité touristique tout autour et confie le projet à l'architecte Anglaicus.
Après qu'Astérix et Obélix aient découvert que les romains prenaient des mesures dans la forêt, le druide Panoramix convainc le chef Abraracourcix de laisser leurs ennemis s'activer chaque nuit, d'abord pour mieux reboiser la forêt après leur passage (grâce à des graines modifiées), et ensuite en incitant les esclaves puis les légionnaires à réclamer de meilleures conditions de travail. Cela devrait vite les décourager de continuer.
Mais le chantier progresse malgré tout et aboutit à la construction d'un hôtel où viennent se détendre des touristes romains.
Assurancetourix, le barde, est alors envoyé sur place et ses chants font déguerpir les résidents. Puis les gaulois finissent de déloger les légionnaires qui les remplacent dans l'établissement.
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ASTERIX : LES LAURIERS DE CESAR est le 18ème tome de la série, écrit par René Goscinny et dessiné par Albert Uderzo, publié en 1972 par Dargaud.
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Invité chez son beau-frère, Abraracourcix supporte mal son arrogance citadine et, pour reprendre l'avantage, l'invite à dîner dans son village en lui promettant un plat assaisonné avec les propres lauriers de César.
Astérix et Obélix sont chargés de voler la couronne à l'empereur romain et, pour cela, se font engager comme esclaves pour tenter de l'approcher. Ils sont achetés d'abord par un notable mais un serviteur déjà bien établi les jalouse et contrarie leur projet en les accusant de fomenter un assassinat contre César, sans se rendre compte du service qu'il leur rend.
En effet, enfermés dans une cellule du palais, ils en profitent pour poursuivre leurs investigations, sans succès. Condamnés à mourir dans l'arène des gladiateurs, ils espèrent que César assistera au spectacle mais ce n'est pas le cas.
Jetés dehors, ils apprennent que celui qui les avait dénoncés a été choisi pour porter les lauriers au-dessus de la tête de l'empereur lors de son retour d'une campagne contre les pirates. Les deux gaulois n'ont alors plus de mal à le convaincre de substituer la couronne par une autre faite de fenouil. Abraracourcix tient sa revanche.
Alors que ma 600ème critique approche et qu'elle sera consacrée à une sortie récente et volumineuse, j'ai lu entretemps ce double album d'Astérix que j'avais emprunté récemment à la bibliothèque municipale en traînant un peu pour le commencer (je voulais d'abord terminer Les Tours de Bois-Maury et découvrir le n° 4016 de Spirou).
Comme, en outre, je l'avais dit lorsque j'avais parlé d'Astérix chez les pictes (le dernier épisode en date de la série, et le premier réalisé par les successeurs d'Uderzo, Ferri et Conrad), je n'ai jamais été un grand fan du titre, même si je lui reconnais une efficacité certaine. Je n'ai tout simplement pas grandi avec Astérix, préférant dans mes premières années de fan de BD les westerns (sérieux comme Blueberry et Comanche, ou légers comme Lucky Luke et Chick Bill). Du duo Goscinny-Uderzo, je préférer Oumpah-Pah, mais hélas ! j'ai perdu mes albums et la bibliothèque municipale ne les a plus (certainement vendus lors d'un "désherbage" ou volés par un indélicat) : peut-être qu'un jour je me paierai l'intégrale qu'on trouve pour pas cher en occasion sur des sites de vente en ligne. Mais c'est une autre histoire.
Donc, je suis tombé sur ce double album, et en le feuilletant, j'ai trouvé le dessin bien joli. A partir d'Asterix en Hispanie (tome 14), Albert Uderzo est parvenu à un résultat graphique qui me séduit plus que dans ses albums précédents de la série : Obélix résume bien cette évolution subtile en restant enveloppé mais en gagnant en hauteur. Le trait de l'artiste a alors un modelé incroyablement souple, remarquable quand on sait qu'il s'encrait au pinceau (ce qui signifie une dextérité redoutable) à partir de crayonnés plus ou moins poussés (plutôt plus que moins quand même, car Uderzo esquissait plus nettement que Morris, par exemple, qui, lui, partait avec des layouts souvent très vagues sur des planches de très grand format mais qu'il peaufinait à la plume ensuite - Franquin admirait le créateur de Lucky Luke pour cette aisance à se lancer ainsi, pratiquement sans filet).
Cette excellence visuelle, ces deux aventures d'Astérix du début des années 70 en portent la marque : Uderzo livre des planches extraordinaires de vitalité et de précision, qu'il s'agisse d'animer un récit dans les environs du village ou à Rome (donc un cadre plus urbain), avec des décors campés avec un soin époustouflant (qu'il s'agisse de l'hôtel d'Anglaicus ou des palais et de l'arène Maximus de la capitale italienne).
Les personnages ont acquis leur définition esthétique parfaite et le génie, osons le dire, avec lequel Uderzo croque sa distribution est remarquable, s'amusant même à caricaturer (comme il le fit souvent) des célébrités de l'époque dans des rôles secondaires ou de figuration (Guy Lux prête ainsi ses traits à un animateur de loterie dans Le domaine des dieux). Il y a un dynamisme irrésistible dans la représentation de l'action, avec des effets empruntés au cinéma d'animation (une référence partagée par beaucoup d'artistes franco-belges de cette génération), en particulier les fameux moulinets stroboscopiques pour les séances de bourre-pifs entre gaulois et légionnaires, mais aussi des effets de mise en scène épatants comme lorsque Panoramix reboise la forêt grâce à ses graines génétiquement modifiées avant l'heure.
Ces astuces visuels, associées à un découpage classique mais très vif (une moyenne de 8 plans par page, et quelques extras comme la double-page de l' "impliable" dans Le domaine des dieux), sont pour beaucoup, si ce n'est l'essentiel, dans le charme de ces récits complets.
Toutefois, le talent consommé de conteur de René Goscinny est aussi éclatant dans ces deux tomes. Certes, le dénouement des Lauriers de César est un peu expédié (du fait d'un grand nombre de péripéties, on sent que le scénariste a dû conclure précipitamment), mais le rythme est très soutenu tout en ménageant de la place pour des gags (majoritairement visuels, comme l'arbre qu'Obélix fait, par mégarde, pousser dans la maison d'Astérix).
Les dialogues ne sont pas avares en calembours et chacun y goûtera selon qu'il en est friand ou pas. Pour ma part, ce n'est pas ce que je préfère, ça ne vole pas toujours très haut, c'est facile, trop chansonnier. Mais parfois, quand même, reconnaissons que ça fait sourire. Goscinny est plus fort pour le comique de situations et ironiser sur les caractères, ce qui fait qu'Astérix est une série à la fois si populaire parce qu'elle est efficacement drôle et doté d'un second degré qui moque les particularismes français. Quand l'histoire appuie sur ces ressorts-là (ce mix délicat entre l'action et le sarcasme), Astérix est savoureux, son succès compréhensible et légitime. Sinon il est simple de n'y voir qu'une succession de saynètes écrites par un Goscinny en mode pilotage automatique (un réflexe sans doute inévitable vu sa production pléthorique).
On ne saurait nier avoir passé un agréable moment de lecture après avoir fermé ce double album. Et c'est aussi la grande force d'Astérix : on y entre sans effort, on en ressort de bonne humeur.
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