samedi 26 novembre 2011

Critique 286 : THE SIXTH GUN - BOOK 1 : COLD DEAD FINGERS, de Cullen Bunn et Brian Hurtt

The Sixth Gun, Book 1 : Dead Cold Fingers rassemble les épisodes 1 à 6 de la série écrite par Cullen Bunn et dessinée par Brian Hurtt, publiés en 2010 par Oni Press.
*
Rebecca "Becky" Montcrief hérite de son père un revolver magique, le 6ème d'une collection, qui lui permet d'avoir des visions du passé et du futur.C'est ainsi qu'elle découvre progressivement que ces armes furent rassemblées par le général sudiste Oliander Bedford Hume durant la guerre de sécession et qu'elles étaient les instruments d'un vaste et mystérieux plan. 
Neutralisé par le père de Becky, Hume est aujourd'hui un zombie, libéré par quatre de ses hommes de main, tandis que sa femme, Missy, a engagé des détectives de l'agence Pinkerton pour retrouver le sixième revolver, qui appartenait au général.
Capturée, Becky est secourue par celui qui devient son allié, l'aventurier Drake Sinclair, détenteur d'un autre des revolvers magiques, qui fit partie du commando de Hume, et son acolyte, BillJohn O'Henry.
Ensemble, ce trio va s'employer à empêcher le général, son épouse et leur bande, de mettre la main sur un trésor caché dans le fort du Maw et dont les six revolvers seraient la clé du coffre.

*
BillJohn O'Henry, Drake Sinclair et Becky Montcrief
(dessin de Brian Hurtt)
La découverte d'une preview de The Sixth Gun, il y a une quinzaine de jours, a été une révèlation : je n'en connaissais ni les auteurs ni le pitch, mais le bref résumé de l'épisode présenté et le style graphique m'ont immédiatement conquis. Je me suis, toutes affaires cessantes, commandé les deux premiers recueils de la série et j'ai dévoré le premier tome.
Mixer le western et le fantastique pouvait sembler curieux et aboutir à une potion indigeste, mais le résultat est irrésistible. Cullen Bunn accroche l'attention d'emblée en quelques scènes courtes et saisissantes, au rythme enlevé et à l'atmosphère soignée : les enjeux du récit sont vite posés avec la quête des revolvers magiques, des personnages au passé trouble, dans des décors bien campés.

(Promo art by Brian Hurtt)
La suite est à l'avenant avec une galerie de méchants grâtinés, dont le général ressucité, ses hommes de main - la référence aux quatre cavaliers de l'apocalypse est explicite - , sa veuve : une joyeuse bande de cinglés, illuminés, aux trognes pittoresques.
Mais, pour tenir le coup face à de tels adversaires, Bunn n'a pas négligé ses héros : Drake Sinclair a l'allure de Clark Gable et la mentalité de Han Solo et fait équipe avec un partenaire dont on sait très vite qu'un sombre destin l'attend. Quant à Becky, elle passe de la jeune fille subissant la situation à une vraie guerrière, dont l'héritage est à la fois providentiel et maudit.
L'histoire est ponctuée par des rebondissements spectaculaires, de l'attaque d'un monastère au combat avec un monstre dans un canyon jusqu'au final dans un fort assiégé par des morts-vivants. L'ensemble forme un tout suffisant, mais Bunn conclut ce premier story-arc avec des pistes ouvertes et alléchantes pour le futur.
(Promo art by Brian Hurtt)
C'est vraiment une formidable bande dessinée, très addictive et tonique, dont on a hâte de découvrir la suite.
*
Un scénario excellent ne l'est vraiment que lorsqu'il bénéficie d'un artiste à la hauteur, sachant à la fois mettre en valeur ses points forts sans en faire trop. Brian Hurtt, qui a déjà collaboré avec Bunn sur un polar fantastique (The Damned), est le dessinateur idéal pour ce projet.
Son style ne ressemble pas en fin de compte à ce qu'on a l'habitude de voir dans les comics américains, on pense davantage à des dessinateurs européens, en particulier franco-belge, comme Janry. Son sens de la composition et l'énergie de son découpage sont exceptionnels et impriment un tempo exemplaire au récit, sans se départir d'un certain classicisme (pas de vignettes baroques, beaucoup de modération dans l'emploi des splash-pages).
(Promo art by Brian Hurtt)
Le design de ses personnages s'inscrit dans une veine semi-réaliste, qui évoque Mike Wieringo, avec un trait moins défini. Les protagonistes masculins ont à la fois de l'allure et des visages immédiatement reconnaissables et mémorables, tandis que les héroïnes affichent de la variété (un charme en rondeurs pour Becky, un look plus anguleux pour Missy).
La colorisation privilégie les teintes chaudes et est assurée par Hurtt lui-même (qui signe aussi le lettrage), sauf pour le 6ème chapitre où Bill Crabtree prend la relève(appelé à devenir le titulaire du poste).
 *
Un vrai coup de foudre : j'ai hâte de connaître la suite !

Aucun commentaire: