lundi 10 janvier 2011

Critique 200 : SPIROU ET FANTASIO, TOME 13 - LE VOYAGEUR DU MESOZOIQUE, de Franquin

Les Aventures de Spirou et Fantasio : Le voyageur du Mésozoïque est le 13ème album de la série, écrit et dessiné par Franquin. Cette histoire de 46 pages est complétée par une autre, de 13 pages, intitulée La Peur au bout du fil, écrite par Greg, dessinée par Franquin et Jidéhem (pour les décors).
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- Le Voyageur du Mésozoïque : Le comte de Champignac découvre en Antarctique un oeuf de dinosaure qu'il ramène à son château avec l'aide de Spirou et Fantasio.
Après avoir éclot devant les yeux du comte et de ses amis scientifiques Schwarz, Black et un biologiste, la créature connaît une croissance accélérée par la faute du Marsupilami qui renverse accidentellement du X2 dans son repas.
Le dinosaure provoque alors une série de gaffes en s'échappant du parc du comte et en dévastant Champignac-en-cambrousse dont les habitants fuient, effrayés. L'armée est alertée mais le Marsupilami, après une nuit entière à taper sur le crâne de la bête, réussit à l'assommer.
On isole le dinosaure sur un carré de terre dans le domaine du comte, dont le contour est creusé à l'explosif. Et la ville y gagne une attraction touristique peu commune...


-La peur au bout du fil : Le comte de Champignac réussit à isoler les effets secondaires du X4, qui développe les facultés intellectuelles, mais, par maladresse, alors qu'il téléphone la bonne nouvelle à Spirou tout en se servant du café, boit le résidu nocif de son produit.
Devenu méchant, le comte prépare un attentat au métomol pour l'inauguration de la nouvelle statue du maire de Champignac-en-cambrousse.
Tandis que le biologiste soigne le comte, Spirou cherche la bombe. Tout semble rentrer dans l'ordre jusqu'à ce le marsupilami déclenche l'explosion en sautant sur le détonateur dont Fantasio a oublié de couper le fil le reliant à la bombe...


Comme les trois tomes précédents, Le Voyageur du Mésozoïque se compose de deux histoires, mais cette fois Franquin a opté pour la pure comédie pour la première et reçoit les renforts de Greg au scénario et Jidéhem au dessin pour la seconde (ce qui marque la fin de son run en solo).
Le Voyageur... est un récit délirant et très drôle, dont l'argument est très succinct et préfigure la veine burlesque de ses Gaston : Franquin y déploie son génie comique en brodant sur un thème simple de manière empirique. Plus on avance, plus la situation dégénère, à tel point qu'on ne sait pas comment cela va (et peut) se terminer (bien).
Le dinosaure avec son air parfaitement abruti est immédiatement hilarant et son duel avec le marsupilami est complètement dantesque, la petite bête ayant raison de la grosse contre toute attente (et logique) tandis que les militaires, comme toujours chez Franquin, sont tournés en ridicule (incapables de pulvériser le dino mais détruisant un château dans le brouillard).
Curieusement, le dinosaure disparaîtra de la série après cette entrée fracassante et il faudra attendre le récent tome 51, Alerte aux zorkons, de Vehlmann et Yoann, pour le revoir (qui plus est dans un vrai rôle et pas comme simple figurant)...

Franquin, comme à son habitude a-t-on envie de dire, jugeait cet album avec sévèrité, pointant la croissance du dinosaure trop rapide et le scénario trop léger : c'est pourtant dans ce cadre minimaliste où il pouvait improviser à plaisir, en osant de telles énormités, qu'il était sans doute le meilleur. Il est étrange de constater le peu d'indulgence qu'il avait pour ses libertés prises sur Spirou alors qu'il s'est complètement débridé sur Gaston...

Graphiquement, il s'en donne à coeur joie et son dessin a atteint une élégance mêlée de dynamisme qu'il n'a jamais égalé ensuite : on peut affirmer que Franquin est alors à l'apogée de son style classique, après avoir été influencé par Jijé (brièvement, au regard de l'abondance de sa production dans les années 50) et avant d'aller vers un trait beaucoup plus nerveux (de Gaston aux Idées Noires).
Le découpage a beau être simple, il est d'une fluidité redoutable, conférant un rythme échevelé à l'ensemble.
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Le plus souvent décevant ou en mode mineur dans ses histoires courtes, Franquin livre un vrai bijou avec La Peur au bout du fil : il illustre ce scénario de Greg avec le soutien de Jidéhem aux décors et le mariage est parfait.

Greg articule son récit sur une narration parallèle (Spirou à la recherche de la bombe, Fantasio et le biologiste neutralisant le comte) et la chute est aussi drôle que cruelle. Le comte est comme dans Le Voyageur... au départ de l'intrigue et sa maladresse n'a d'égale que son génie, ce qui annonce l'arrivée de Zorglub dans les tomes 15 et 16.
Spirou y est également beaucoup plus et mieux mis en avant que Fantasio (très enrhumé dans la première histoire, éclipsé par le biologiste et le comte ici), s'affirmant comme un vrai homme d'action.
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Un album essentiel par sa drôlerie : c'est léger, certes, mais irrésistible.

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