dimanche 21 janvier 2024

X-MEN #30 (Gerry Duggan / Phil Noto)


Trois tandems : Cyclope rêve de Jean Grey et en parle à une psy à la solde d'Orchis entre deus séances de son procès. Iron Man apprend par Firestar que Orchis la soupçonne d'être un agent double. Synch et Talon partent sur la Contre-Terre pour voler au Maître de l'Evolution de quoi soigner les humains victimes de l'empoisonnement des remèdes krakoans.


C'est un curieux épisode que ce (déjà) trentième numéro écrit par Gerry Duggan. Curieux d'abord parce qu'il se déroule en même temps que Fall of the House of X et nous montre que d'autres mutants sont affairés pendant que leurs semblables ont déclaré la guerre à Orchis. Et curieux par sa construction même.
 

En fait, comme l'indique mon résumé, Gerry Duggan découpe l'épisode en scènes où il suit des couples. Cyclope se confie à une psy aux ordres d'Orchis et du Dr. Stasis en particulier, qui veut se servir de ce que dit Scott Summers pour l'accabler durant son procès. Puis Iron Man retrouve Firestar qui lui fait part des soupçons qui pèsent sur elle dans la direction de Orchis. Enfin, et surtout, au coeur du dispositif, on a Synch et Talon en mission sur la Contre-Terre du Maître de l'Evolution qui possède un moyen de régler un des gros problèmes des mutants.


Duggan ne fait aucune mention de ce qui s'est passé dans Fall of the House of X, mais il ne fait pourtant aucun doute que ce qui se passe là se situe en parallèle, ne serait-ce qu'à cause de la situation de Cyclope qui se trouve à Paris pour son procès. En vérité, le scénariste prouve qu'il n'a pas oublié que tout ne tourne pas autour de cette mascarade judiciaire mais que d'autres mutants sont bien occupés par d'autres aspects de la crise actuelle.


Si la scène avec Cyclope ouvre l'épisode et celle avec Iron Man et Firestar est rapide, en revanche Duggan développe ce qui se passe avec Synch et Talon. Pour commencer, il revient sur ce qu'avait établi Jonathan Hickman dans X-Men #18-19 (dans le précédent volume du titre), avec la mission accomplie par les deux mutants chez les Enfants de la Voûte, les milliers d'années qu'ils ont passé ensemble ou séparés, la romance qui s'est nouée entre eux, mais aussi sur l'époque suivante (l'actuelle volume de la série) où Laura Kinney a été ressuscitée sans qu'on sache que sa précédente version vivait encore dans la Voûte.
   

Le retour du Maître de l'Evolution à cette occasion va aboutir à un tour particulièrement dramatique et la dernière page de l'épisode vous réserve une image mémorable et très troublante. En dire plus serait criminel, mais il sera intéressant de voir quand et comment Duggan va négocier cette affaire. C'est en tout cas très fort et retors.

On peut par contre s'interroger sur la qualité du dessin de Phil Noto. J'aime beaucoup cet artiste mais il semble avoir ici travaillé rapidement, comme s'il avait été appelé en catastrophe. Cela se voit nettement dans la pauvreté des décors, des finitions bâclées. Noto est un artiste rapide mais professionnel, aussi quand ses planches montrent des signes aussi évidents de laisser-aller, c'est qu'il a livré son travail dans l'urgence.

Par ailleurs, Noto fait tout : dessin, encrage (même si ça n'a plus grand sens d'appeler ça de l'encrage puisqu'il travaille numériquement et que le temps où des encreurs trempaient leurs plume et pinceau dans un encrier semble révolu), et couleurs. Les effets qu'il tire de ces ressources infographiques sont impeccables, maîtrisées, mais moins peaufinées que d'habitude. En fait, Noto n'est jamais meilleur que lorsqu'on lui confie des scènes tranquilles, pas de l'action (car il n'a pas un découpage et des compositions très stimulantes pour représenter ce type de scènes). Mais là, même dans le registre qui lui convient le mieux, tout est trop plat.

C'est dommage parce que ce que raconte Duggan mérite mieux qu'une simple illustration : par exemple, dans la première scène avec Cyclope, il y a un mélange d'érotisme et de mélancolie, mais Noto échoue lamentablement à le restituer. Passons sur la scène entre Iron Man et Firestar, qui est purement fonctionnelle. Mais on a le même sentiment d'impuissance de la part de Noto quand il lui faut raconter visuellement la mission de Synch et Talon et ses terribles conséquences. Là aussi ça traduit un manque de temps, de recherche : Noto se contente de dessiner ça à l'économie et le résultat en pâtit terriblement.

On a donc l'exemple type d'un épisode faible visuellement mais très bien écrit : ce n'est pas plus suffisant ou satisfaisant qu'un épisode superbement bien dessiné mais mal écrit. Souhaitons que Phil Noto se ressaisisse puisqu'il sera aux manettes des trois prochains numéros avant le retour en Avril de Joshua Cassara.

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