vendredi 12 janvier 2024

BIRDS OF PREY #5 (Kelly Thompson/Arist Deyn) / FABLES #161 (Bill Willingham/Mark Buckingham)

Retour de lecture sur deux séries DC qui sont sur le point de conclure, pour l'une son premier arc, pour l'autre son histoire éditoriale.



Les Birds of Prey sont confrontés, en particulier Black Canary à Magaera, la créature tapie sur l'île de Themyscera en quête d'un hôte humain. Dans le ventre de la bête va se jouer le destin de Sin Lance...


Cet épisode a été, c'est le moins qu'on puisse dire, fraîchement accueilli par les fans de la série récemment relancée. Non pas tant pour ce qu'il raconte que par la manière dont il le raconte, en particulier graphiquement. Car, oui, autant prévenir tout de suite, ce n'est pas Leonardo Romero (qui signe quand même la couverture) qui le dessine mais Arist Deyn et son style n'est visiblement pas fait pour tout le monde.
 

J'ai découvert Arist Deyn il y a déjà quelque temps sur Tumblr avec des fan art, représentant notamment Wonder Woman. Mais je l'ai ensuite perdu de vue et c'est donc ici que je le retrouve. Si j'en crois Kelly Thompson, la scénariste, il ne s'agit pas d'un fill-in mais bien d'un choix artistique (même s'il aura permis à Romero de souffler). D'après elle, il fallait une rupture visuelle pour coller au propos et surtout à l'environnement de cet épisode qui se déroule majoritairement du point de vue de Magaera.
 

On a appris auparavant que cette créature tapie sur Themyscera cherchait un hôte humain pour s'incarner dans notre monde et certaines amazones avaient ainsi enlevé Sin Lance, la soeur adoptive de Dina Lance/Black Canary, à cette fin. Thompson montre de manière efficace comment Megaera séduit Sin et tente de raisonner Black Canary tout en n'éludant pas la partie la plus inquiétante.

Et c'est là qu'intervient Arist Deyn qui s'emploie avec talent à donner corps et chair à cette créature étrange et flippante. Là où le dispositif atteint ses limites, c'est que, contrairement à ce qu'affirme Thompson, tout n'est pas raconté du point de vue de Megaera et donc, sans doute, aurait-il été préférable, pour les fans les plus tolérants et ceux qui le sont moins (voire pas du tout), que Romero dessine quand même les pages dont l'action se situe à l'extérieur de la bête tandis que Deyn aurait fait le reste. Moi, j'aime bien ce que fait Deyn tout en comprenant qu'on puisse ne pas partager mon ressenti. Mais en aucun cas cela ne justifie les commentaires désobligeants émis à son encontre.

En tout cas, c'est un pari osé, tout en exploitant des figures récurrentes chez Thompson. Et cela augure d'une fin d'arc (le mois prochain) attirante.


Peter Pan n'est pas mort, dévoré par Bigby Wolf. Herne le défie avant que la fée Clochette, liée à Pan par un sort, ne vienne le défendre contre le dieu de la forêt noire. Mais Blanche Neige et sa meute et avant eux Greenjack sont aussi sur le point de croiser le fer avec Pan...


Après le psychodrame ayant entouré la sortie du précédent numéro, et qui est surtout venu confirmer qu'avec la fin de cette histoire, c'en sera bel et bien terminé de Fables, on apprécie cet épisode avec un goût amer. Bill Willingham a beau l'avoir écrit depuis deux ans, c'est comme s'il avait de toute façon prévu de couper les ponts, et pas seulement avec DC.


Le scénariste n'a jamais fait dans le sentimentalisme avec Fables, n'hésitant pas à tuer des personnages chers au coeur des fans, et ne reculant pas devant une certaine cruauté au moment de les faire tomber. On se souvient de ce qui est arrivé à Boy Blue par exemple et sa longue agonie. Fables #161 est un nouvel exemple de la plume impitoyable de Willingham. Mais est-ce que cela n'est pas un peu gratuit ?


En ce qui me concerne, et sans présager de ce que dévoilera la fin de Fables (prévue pour le mois prochain, même si je reste prudent compte tenu des retards récurrents), je trouve que le scénariste y va un peu trop de bon coeur dans le gore et le sadisme. Certes, c'est pour partie justifié par le caractère des adversaires et du méchant de l'histoire, un Peter Pan en mode barjo (et qui ainsi justifie que Willingham voulait en faire le méchant du premier cycle de Fables à la place de Gepetto). Mais disons aussi qu'il y a la manière et de ce côté-là, un épisode comme ça se révèle un brin pénible à supporter tant l'auteur semble se réjouir de casser ses jouets sans se soucier de l'affection que le lecteur porte aux héros.

Mark Buckingham a l'honnêteté de ne pas se défiler devant le spectacle sinistre qu'il doit mettre en images. Ses planches sont épiques, violentes, sanglantes, désespérées. Son découpage très simple, avec très peu de cases par page, renforce cette impression que chaque coup porté est définitif et que rien ne saurait contredire ce qui se passe.

Autant dire qu'entre ceux qui se sont plaints d'Arist Deyn sur Birds of Prey comme si c'était un scandale et ceux qui n'ont pas du lire cet épisode de Fables, les vrais raisons de faire grise mine sont vite trouvées pour moi. Dommage : j'espérai quelque chose de moins lugubre pour la presque fin de Fables - même si, en procédant de la sorte, Willingham est somme toute malin : personne ne le regrettera.

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