mercredi 17 août 2022

NIGHTWING #95, de Tom Taylor et Bruno Redondo


Hé bien, ça aura mis du temps, mais enfin, Tom Taylor et Bruno Redondo ont réussi à refaire un bon épisode de Nightwing ce mois-ci ! L'arc de L bataille pour le coeur de Büdhaven touche à sa fin le mois prochain et il était temps d'accélérer un bon coup. C'est chose faite avec ce chapitre riche en action, qui utilise efficacement son casting et s'achève sur un excellent cliffhanger.


Sauvée des griffes des sbires de Blockbuster par Nightwing, Melinda Zucco confie à Maggie Sawyer détenir des documents compromettants contre le malfrat. Et elle sait comment le piéger.


En effet, Nightwing a réuni les Titans et la Bat-famille afin de compromettre quatre opérations illégales que Blockbuster va commettre cette nuit-là. La police pourra procéder à une vague d'arrestations.


Le plan de Melinda et Nightwing fonctionne parfaitement : les hommes et complices de Blockbuster sont dépassés. Le malfrat décide de répliquer en frappant fort.


Il s'en prend au refuge pour enfants fondé par Dick Grayson et y met le feu. Nightwing se jette dans la gueule du loup pour sauver ses protégés...

Si tout laissait à penser que Tom Taylor subissait une grosse panne d'inspiration depuis ces derniers mois en même temps qu'il visait le 100ème épisode de Nightwing pour mettre un terme à l'arc en cours, ce n°95 contredit ces deux points.

Pour ma part, j'ai été très déçu par Nightwing depuis un moment, alors que la reprise du titre par Taylor m'avait ravi. Je reprochai au scénariste de copier sans vergogne des séries que j'ai adorées sans être aussi inspiré et surtout de multiplier les subplots sans grand intérêt. Ajoutez-y l'inconstance de l'artiste titulaire, régulièrement remplacé au bout de quatre puis deux épisodes, et il y avait de quoi être découragé.

Cette déception atteignait son comble quand Taylor promettait que l'arc en cours, The Battle for the Heart of Blüdhaven était son histoire la plus ambitieuse et qu'elle allait changer les destin de Nightwing, alors que dans les faits son déroulement était mou du genou et s'égarait dans des apparitions de guest-stars, des team-up répétitives, comme si l'auteur condidatait pour écrire un relaunch de Teen Titans.

Il y a peu, je disais même être sur le point de lâcher l'affaire, en souhaitant quand même voir la fin de cet arc narratif. Je ne suis toujours pas certain de persévéver après le #96, mais au moins j'ai l'espoir que le récit trouvera une conclusion digne de ce nom.

Oh, tout n'est pas toujours pas parfait dans ce n°95, mais tellement meilleur que dans les précédents épisodes qu'on s'en contente. Disons que Taylor joue cartes sur table en convoquant tous les invités de ces derniers mois, mais pour une bonne raison, une raison logique. Il y a du rythme, de l'action, les seconds rôles sont exploités à bon escients, il y a des clins d'oeil sympas (et quelques piques contre DC bien senties). Et un sacré bon cliffhanger !

On avait laissé Melinda Zucco en fâcheuse posture, Blockbuster ayant appris qu'elle le trahissait. Nightwing arrive à la tirer ce mauvais pas in extremis puis l'épisode démarre vraiment. Maggie Sawyer a l'occasion de procéder à un coup de filet important avec l'aide de la maire de Blüdhaven et de Nightwing et ses amis. Ils sont venus, ils sont tous là : Batman, Batwoman, Robin (Tim Drake), Spoiler, Orphan, the Signal, les Titans, et bien entendu Oracle pour coordonner cette manoeuvre spectaculaire au cours de laquelle ces héros vont empêcher quatre opérations criminelles simultanées.

Là où ce n'est pas parfait, c'est qu'il n'est guère plausible qu'un caîd aussi aguerri que Blockbuster organise autant de coups en même temps, surtout qu'il s'agit de transactions peu discrètes. Il devrait donc, plus raisonnablement, les étaler dans le temps. Tom Taylor choisit le spectacle à la logique, et on perd en vraisemblance ce qu'on gagne en action. Par ailleurs, la présence de Batman semble un peu forcée, comme s'il fallait absolument qu'il soit là alors que Nightwing et Oracle savent très bien se débrouiller sans lui, et qu'il ne fait guère plus que de la figuration au final.

Enfin, quand Blockbuster riposte, Nightwing cède trop facilement à l'émotion en fonçant tête baissée, sans personne pour le couvrir en cas de pépin, dans le piège tendu par son ennemi. C'est incompréhensible qu'après ce coup d'éclat aucun de ses amis ne l'accompagne (Flash aurait été évident). Mais ce que découvre Roland Desmond ensuite promet un 96ème épisode particulièrement prometteur (même si l'idée plagie encore une fois allégrement ce qu'on a lu depuis belle lurette dans Daredevil...).

Bruno Redondo revient à point pour terminer l'arc. Toutefois, et c'est là encore assez énorme, il a besoin d'un encreur pour plusieurs pages ! Je ne dis pas que c'est un problème en soi, mais le mec a été absent des derniers numéros et il ne peut pas compléter un épisode avec le temps dont il a disposé. A moins que Taylor ne lui ait pas transmis le script assez à l'avance. Mais bon, bref, Redondo a un gros problème et si je dois continuer à lire Nightwing, je souhaite qu'il soit plus régulier.

Parce que, sinon, ses planches sont formidables, dignes de ses meilleures. Redondo est un artiste doué, indéniablement, pour l'action et il chorégraphie des scènes merveilleusement, avec beaucoup de fluidité, délégance dans le trait. Avec le casting dont il dispose, il s'en donne visiblement à coeur joie.

Comme en témoigne aussi, comme toujours, ses couvertures, il a un sens de la composition admirable, et dans les scènes de groupe, il dispose ses éléments avec une vista sidérante. Chaque plan est lisible, dynamique, avec une profondeur de champ bien exploitée, une sorte de grâce dans les mouvements. Et, toujours, les couleurs impeccables d'Adriano Lucas, qui lui vont si bien, contribuent énormément au look de la série.

Vivemetn donc le mois prochain ! Ce sera sûrement mon dernier tour de piste avec Dick Grayson et donc je croise les doigts pour qu'il me le fasse regretter.

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