lundi 28 décembre 2020

AN UNKINDNESS OF RAVENS #4, de Dan Panosian et Marianna Ignazzi


Le mois dernier, j'étais prêt à abandonner cette série si Dan Panosian ne produisait pas un effort conséquent dans la caractérisation de son héroïne et le rythme de son intrigue. Tout n'est pas encore palpitant, mais il y a du mieux. Suffisant pour poursuivre ? On verra. Mais An Unkindness of Ravens redresse la tête et reste joliment mis en images par Marianna Ignazzi.


Alors qu'elle franchit juste les portes du lycée en compagnie de son ami Ansel, Wilma est convoquée dans le bureau de la principale Andrews; Celle-ci la reçoit avec les Ravens qui n'apprécient pas qu'elle se soit rendue chez Scarlett Dansforth malgré leurs recommandations.


Mais, fatiguée de ces récriminations, Wilma s'emporte et exprime son ras-le-bol, estimant qu'on joue avec elle un jeu auquel elle ne comprend rien. Les Ravens lui expliquent que les Dansforth, lors de la réception qu'ils préparent, vont leur déclarer la guerre et elle en sera l'enjeu. Wilma, bouleversée, s'en va.


A la maison, son père s'étonne de la voir si tôt. Wilma, elle, exige des explications et en reçoit. Son père lui révèle que Waverly Good était sa soeur et que sa mère avait décidé de leur retour à Crab's Eye dans l'espoir de les protéger grâce aux Ravens, dernières d'une longue lignée de sorcières. 


Wilma rassemble les pièces du puzzle mais, s'estimant trahie par ses parents, ressort. Elle croise Ansel qui lui confie que la police vient de procéder à l'arrestation des Ravens. Puis, au lycée, Scarlett lui indique que d'autres policiers viennent de trouver un cadavre...

Dans le précédent épisode, je déplorai que l'héroïne de An Unkindness of Ravens subisse autant les événements et soit écrit comme une oie blanche constamment cueillie, passive. Wilma Farrington manquait cruellement d'épaisseur et semblait trop perdue dans une intrigue. Son égarement agaçait d'autant plus que le scénario  de Dan Panosian ne se pressait pas pour dévoiler ses secrets, se contentant d'allusions à une sororité de sorcières contre une riche famille de notables (tout cela était plus clairement indiqué dans les pages introductives de chaque épisode, narrées par le concierge de la Maison Abigail, et dessinées par Panosian lui-même).

La série semblait marcher tantôt sur une jambe, tantôt sur l'autre : ces prologues disaient une chose, établissaient une mythologie, tandis que les épisodes raconter quelque chose de beaucoup plus anecdotique, faute de tension, faute d'une héroïne dotée d'un tempérament plus fort. Cétait d'autant plus regrettable que les seconds rôles eux ne manquaient pas de piment, entre la bande des Ravens ou Scarlett Dansforth.

Est-ce que Panosian s'est rendu compte qu'il ne pourrait plus jouer la montre plus longtemps ? En tout cas, il fait preuve d'un louable sens du rebond avec ce quatrième chapitre qui voit Wilma se réveiller. Déjà le prologue souligne franchement qu'une guerre est en train de se préparer et que la Maison Abigail dispose d'impressionnantes archives sur les Ravens, qui existent depuis des lustres, et dont les notables de Crab's Eye, au premeir rang desquels se trouvent les Dansforth, cherchent à se débarrasser définitivement.

Cette ambiance de veillée d'armes va se prolonger dans tout l'épisode, beaucoup plus intense que d'habitude, car prêt à distiller quelques précieuses informations à Wilma et donc à provoquer des réactions vives chez la jeune fille. Cela commence par une réunion avec la principale Andrews et les Ravens et se poursuivra avec une mise au point avec le père de Wilma. Deux scènes qui font considérablement avancer le récit.

En vérité, ce qu'on y apprend comme l'héroïne, c'est que trop de coïncidences ne peuvent qu'éveiller la méfiance. Pourquoi Scarlett Dansforth est-elle si curieuse au sujet de la mort de la mère de Wilma quand la sienne a également mystérieusement disparue ? Pourquoi Waverly Good ressemble à ce point à Wilma Farrington ? Pourquoi, enfin, les Farrington père et fille sont-ils revenus à Crab's Eye (où le père de Wilma ne cherche aucun nouveau travail contrairement à ce qu'il a prétendu pour justifier leur installation) ?

A ces interrogations, Panosian apporte des réponses. Pas toujours clairement formulées, ce qui reste énervant (car, à ce stade, il en dit à la fois trop dans le prologue et incompréhensiblement pas assez dans l'épisode). Mais tout de même claires pour l'essentiel. On sent bien que certaines des révélations sont maladroites car le scénariste les aurait voulues spectaculaires, étonnantes, alors qu'elles s'avèrent convenues, prévisibles (Wilma et Waverly sont soeurs, la mère de Wilma a été une Raven). Mais tout cela au fond n'est que la conséquence d'une histoire mal construite et qui a connu un démarrage poussif.

 En revanche, voir Wilma saisir les ramifications de l'intrigue et même s'emporter fait plaisir car enfin elle sort de cette apathie irritante et si son alliance avec les Ravens ne fait plus de doute, celle-ci se voit contrariée quand les jeunes sorcières sont, providentiellement, arrêtées au même moment où un corps est découvert (celui, selon toute vraisemblance, de Waverley. A moins que ce ne soit celui de Ruth Dansforth, la mère de Scarlett. En tout cas, il est certain que cela va être mis sur le dos des Ravens). Il ne manque plus qu'à donner un peu de relief à Ansel pour en faire autre chose qu'un faire-valoir...

Face à ses faiblesses narrartives, Panosian peut remercier Marianna Ignazzi car son dessin séduisant a permis de rester accroché. Non pas que les images soient époustouflantes : Ignazzi, on le voit, n'est pas une artiste accomplie, elle abuse un peu trop des gros plans sur les visages, des arrière-plans sans décors, et ses compositions sont un peu fades (elles ne cadrent souvent qu'à plat, sans recourir à des plongées ou contre-plongées) et son découpage est sommaire.

 Mais Ignazzi a un trait élégant et vif, spontané. Elle sait à merveiller représenter ses jeunes protagonistes, en particulier les filles à qui elle donne un physique crédible et varié à la fois. Le soin apporté aux looks de chacune est inspiré et finalement, ce naturel sert parfaitement une intrigue qui, elle, emprunte au registre fantastique, même si ça reste discret. La mise en couleurs est au diapason, un peu trop acidulée certes, mais restituant bien l'ambiance d'une petite ville de province américaine, où tout est plus charmant que la réalité.

Je vais donc encore donner au moins un épisode à An Unkindness of Ravens pour voir si c'est une série qui mérite qu'on s'y investisse sur la durée ou s'il s'agit d'un pétard mouillé.

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