lundi 11 juin 2018

X-MEN : RED #5, de Tom Taylor et Mahmud Asrar


On va en profiter pour dire également "adieu" à un autre titre mutant ce Lundi puisque c'est le dernier numéro de X-Men : Red que j'acquiers. Jamais vraiment convaincu par cette série depuis son lancement, je voulais quand même lui donner sa chance jusqu'à la fin de son premier arc narratif avant de décider de son sort, mais Tom Taylor a achevé de m'exaspérer avec ce cinquième numéro. Et Mahmud Asrar quitte lui aussi le navire pour un prochain projet (Wolverine ?). La messe est dite !


Cassandra Nova fait signer sa loi anti-mutants au président polonais. L'un de ces indésirables est prévenu par un ami policier qu'il doit fuir le pays avant d'être arrêté car le texte entrera rapidement en vigueur.


Pendant ce temps, en Louisiane, Gambit s'introduit incognito dans la chambre de l'homme qui a tué une jeune mutante sous ses yeux avec l'intention de le lui faire payer. Mais Jean Grey, Nightcrawler et Trinary sont déjà là et l'empêche de se venger en désactivant la Sentinite qui a influencé le civil.


Nightcrawler téléporte tout le monde à l'extérieur où les attendent Wolverine (Laura Kinney/X-23), Honey Badger, Storm et Gentle à bord de la Sentinelle-X. La situation, apprennent-ils, est critique sur les rives de la mer Baltique.


L'équipe s'interpose entre des mutants cherchant à fuir par la mer et l'armée qui veut les arrêter pour le conduire dans des camps de rétention. Wolverine, Nightcrawler et Honey Badger désarment les soldats puis Jean Grey montre télépathiquement au général en charge de l'opération qu'il est manipulé. Namor surgit des eaux et met en garde les militaires contre toute tentative d'ingérence sur son territoire maritime.


Les réfugiés sont embarqués pour l'abri que leur fournit le roi d'Atlantis tandis que Nightcrawler interroge Jean sur la suite qu'elle compte donner à sa mission. Elle est résolue à démanteler ce complot anti-mutant en trouvant qui le dirige tout en essayant de le faire de la manière la plus pacifique possible afin de prouver que homo sapiens et homo superior n'ont rien à craindre les uns des autres.

Le mois dernier, la série semblait, contre toute attente, marquer une accélération bienvenue dans sa narration. Ce n'était qu'un soubresaut : Tom Taylor est retombé dans ses travers et conclut, sans rien résoudre, son premier arc narratif avec sa mollesse habituelle et sa dose de clichés rebattus.

Car que faut-il retenir de ces cinq épisodes déjà produits (et d'un Annual que j'ai zappé, par manque de motivation) ? C'est le temps qu'il a fallu pour former cette équipe "Rouge" (et comme pour X-Men : Gold et Blue, je me demande encore à quoi renvoie ce code couleur sinon à distinguer les séries, toutes faiblardes quand ce n'est pas pire...). Mais même avec ça, Taylor a du mal à nous convaincre : du choix de ses membres (l'intégration de Gambit - pas connu pour son implication politique dans le sort des mutants - , Namor - qui est reconverti en hébergeur de mutants - ou Gentle - le wakandais de service qui n'aura servi à rien - sans oublier le doublon Wolverine-Honey Badger - cette dernière n'étant là que pour quelque répliques censées alléger l'ambiance).

Le potentiel est pourtant là : Jean Grey qui reprend le flambeau de Charles Xavier, en pacifiste convaincue, pourquoi pas ? Mais Taylor n'en fait rien, ou en tout rien de nouveau au final puisque ladite Jean veut constituer une énième "Nation X", un havre de paix pour les mutants persécutés : ça n'a rien d'original puisque Cyclops avait déjà la même lubie avec l'île d'Utopia au large de San Francisco (par exemple). En vérité, Jean ne perpétue pas le rêve de son professeur, elle n'est qu'une isolationniste de plus qui, consciente que son retour d'entre les morts intrigue/inquiète autant que la population mutante, préfère ne pas risquer d'intégrer ses semblables avec la communauté humaine et les cache tantôt au Wakanda, tantôt sous l'eau à Atlantis (passant ainsi de chez Black Panther à Namor, qui ne peuvent pourtant pas s'encadrer).

Ensuite la série s'inscrit dans cette tradition horripilante des mutants persécutés : on le sait bien que Stan Lee et Jack Kirby avaient imaginé les X-Men comme une métaphore de l'adolescence et surtout du mouvement pour les droits civiques pour les noirs. Mais c'était en 1963 ! Ne serait-il pas temps de changer de disque et d'oser une approche un peu différente en montrant les mutants autrement que comme des créatures sans cesse effrayés et contraintes de se cacher ou de fuir. Kelly Thompson a, dans la mini Rogue & Gambit, su s'affranchir de cette thématique poussiéreuse pour écrire une histoire divertissante où ses héros affrontaient une intrigue qui n'était pas plombée par le symbolisme. Taylor n'a pas eu la même imagination.

Tout est artificiel dans X-Men : Red : son groupe, sa mission, sa méchante, son plan... Et tout vire au ridicule comme, dans cet épisode, où l'équipe neutralise facilement des militaires qu'elle laisse sur une plage avec la preuve qu'ils sont manipulés. Mais le sort des mutants sauvés en mer Baltique n'est pas plus résolu que la haine provoquée chez les humains par les Sentinites et les mesures coercitives prises sous l'influence de Cassandra Nova par les dirigeants de plusieurs pays. Jean Grey et ses acolytes se retrouvent avec des centaines (au moins) de réfugiés qui vont vivre dans une bulle sous l'eau ou au Wakanda, sans perspective d'avenir. Seul Nightcrawler paraît se demander où cela va aboutir et sa chef lui répond qu'elle va continuer le combat, pacifiquement, pour faire éclater la vérité (la belle affaire : au rythme où la série avance, ça risque de durer... Quoique, à la toute fin de l'épisode, une scène "post-générique" annonce la saga X-termination, par Ed Brisson et Pepe Larraz, au cours de laquelle les X-Men "Rouges" sont très mal barrés...).

Le seul point positif de ces cinq épisodes aura été la prestation, excellente, de Mahmud Asrar. Mais le dessinateur s'en va déjà, appelé sur un autre projet secret (je mise sur la future série Wolverine), et il sera remplacé par Carmen Carnero, transfuge de DC, et artiste moyenne. Pas de quoi motiver pour poursuivre.

Je ne croyais pas incroyablement à ce nouveau titre, et je le quitte donc sans regret. Il m'en faudra plus pour me ramener aux mutants. Mais c'est aussi une forme de soulagement car je ressentais le besoin d'alléger ma dose de lectures mensuelles. Après la fin d'Astonishing X-Men, bye-bye X-Men : Red !  

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