jeudi 21 juin 2018

MAN OF STEEL #4, de Brian Michael Bendis, Kevin Maguire et Jason Fabok


Ce quatrième chapitre de Man of Steel réserve sa majeure partie à l'affrontement entre le héros et son adversaire, tel un développement de ce qu'on a pu lire dans Action Comics #1000. Brian Michael Bendis surprend surtout avec un interlude intrigant et un cliffhanger explosif. Mais un certaine déception subsiste en ce qui concerne la partie graphique avec un Kevin Maguire en difficulté pour  genre d'épisode...


Metropolis. C'est l'heure de l'affrontement entre Rogol Zaar et Superman, aidé par sa cousine Supergirl. Leur adversaire réussit à les malmener sérieusement en les surprenant par sa puissance et sa rapidité, comme s'il connaissait déjà tout de leur manière de se battre et de contrer leurs pouvoirs.   

Rogol Zaar écarte d'abord Supergirl, dont il compte s'occuper ensuite, et concentre ses assauts sur Superman qui, lui, cherche surtout à temporiser pour mieux comprendre d'où l'ennemi tire sa force. Il saisit qu'il la puise, comme lui, de l'énergie solaire mais doit surtout l'éloigner de la ville afin d'épargner les civils des dommages collatéraux.


Cette bienveillance lui coûte cher car Rogol Zaar, en se cachant, le prend par surprise et le met K.O.. Sans connaissance, Superman revit alors l'arrivée de son père, Jor-El, chez lui et Lois Lane, pour réclamer son petit-fils, Jon.


Quand il revient à lui, Superman retrouve le Green Lantern Hal Jordan qui l'informe que Rogol Zaar a quitté la ville subitement. La police, sous la direction de Maggie Sawyer, quadrille la zone et évacue les habitants dont les logements ont souffert de la bataille. Green Lantern tente d'interroger Superman sur son ennemi mais il s'envole.
  

Direction : la Forteresse de Solitude en Arctique. Rogol Zaar s'y trouve déjà et le questionne sur la présence d'autres kryptoniens sur Terre avant de deviner que Superman a eu un enfant avec une humaine. Le héros lui lance alors une rafale tellement puissante qu'elle achève de détruire la Forteresse !

Ce n'est pas avec cet épisode qu'on aura droit à une lecture très consistante, puisque la majeure partie déroule la bataille entre Superman et Rogol Zaar, reprenant même (sous un angle différent) la scène du KO de l'Homme d'Acier vue dans Action Comics #1000. On a donc le sentiment, justifié, d'assister à une version longue des pages écrites par Brian Michael Bendis et dessinées par Jim Lee, sans vrai supplément.

Est-ce à dire que c'est un chapitre dispensable ? D'un strict point de vue narratif, indéniablement, puisqu'on y apprend rien de nouveau à ce niveau-là. Le héros subit une cuisante correction par un adversaire rusé et puissant, sachant détourner l'attention en mettant en danger des civils innocents aussi bien qu'en répondant coup pour coup. Le renfort de Supergirl ne pèse absolument rien, elle est écartée facilement et rapidement (d'ailleurs, elle a disparu de la scène à la fin de l'épisode).

Ce qu'il vaut mieux retenir, c'est d'abord le retour du Green Lantern Hal Jordan, déjà présent dans l'épisode 2 (dessiné par Evan Shaner et Steve Rude), un personnage que semble apprécier Bendis - peut-être parce qu'il est le reflet de Superman : ce dernier est un extraterrestre débarqué innocemment sur Terre, l'autre est un terrien désigné par une force extraterrestre pour être un flic de l'espace.

Ensuite, on découvre enfin qui est le mystérieux visiteur faisant irruption chez Clark Kent et Lois Lane dans ces fulgurants flash-backs de une ou deux pages dessinées par Jason Fabok et qui semble à l'origine de la situation intime de l'alter ego de Superman. Reste encore à savoir ce qu'il est advenu et ce sera résolu dans les deux prochains (et derniers) numéros.

Enfin, il y a le dénouement de l'épisode qui va sûrement faire réagir le lectorat car Bendis détruit un élément important de la mythologie de son personnage en même temps qu'il prépare à un deuxième round entre Rogol Zaar et Superman.

Mais enfin, c'est bien peu - ou du moins, pas autant que les précédents chapitres.

Et puis il y a, à mon goût, un problème dans la partie graphique de cet épisode. Je suis d'habitude fan de Kevin Maguire, dont le dessin fin et d'une expressivité incroyable (traduisible dans la variété des mimiques et de la gestuelle) en fait un artiste parfait pour Bendis, dont l'écriture s'appuie beaucoup sur les émotions exprimées par ses personnages.

Mais là, il s'agit quasi-exclusivement d'une grosse baston qui réclame donc du punch, de l'intensité, la sensation des impacts. Et ce n'est clairement pas le terrain de prédilection de Maguire qui échoue assez méchamment à restituer l'énormité de la bagarre. Ni son découpage, ni ses angles de vue, ni les effets visuels choisis pour souligner les coups reçus ou donnés n'expriment assez violemment ce duel. Dans ce genre d'exercice, par exemple, le dessinateur peut négliger les décors, ne pas cadrer toutes ses vignettes, déborder volontiers. Or Maguire est un artiste soucieux du détail et qui s'épanouit dans des pages bien découpées, du coup le lecteur passe trop de temps à savourer l'image au lieu d'apprécier l'intensité du combat.

Maguire se passe aussi, désormais, d'encreur et laisse son coloriste, Alex Sinclair, souvent compléter des zones spécifiques plutôt que de les tracer en noir en comptant sur les volumes que produiront les couleurs. Mais là encore, ça ne fonctionne pas car le rendu est trop clair, pas assez contrasté. Tout manque de muscle, de tonus, c'est une erreur de casting total que d'avoir confié cet épisode à Maguire alors qu'il aurait fallu un artiste plus "bourrin", quitte à être moins esthète (quelqu'un comme David Finch par exemple, qui a aussi l'habitude de Bendis).

C'est un faux pas, pas un naufrage, cet épisode ne compromet pas la suite, d'autant que la semaine prochaine, Adam Hughes prend le relais et c'est un événement en soi (car il dessine peu d'intérieurs, mais quand c'est le cas, c'est toujours superbe).     

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