lundi 30 avril 2018

X-MEN : DAYS OF FUTURE PAST, de Bryan Singer


Comme Avengers : Infinity War ne sera pas projeté par chez moi avant une semaine, j'en profite pour me (re)plonger dans quelques films super-héroïques mémorables. C'est aussi l'occasion de revenir à une époque où les studios se tiraient la bourre face au géant Disney-Marvel. Exemple parfait avec X-Men : Days of Future Past, produit par la Fox, désormais avalée par l'empire de la souris, et qui fut une réussite saluée à son juste mérite pour avoir réécrit l'histoire des mutants dont la franchise avait déçu lors de son précédent opus - tour de force orchestré par Bryan Singer (tombé entre temps dans le purgatoire de Hollywood lors du scandale #MeToo).

2023 : Storm, le Professeur Charles Xavier, Wolverine et Magneto
(Halle Berry, Patrick Stewart, Hugh Jackman et Ian McKellen)

2023. La quasi-totalité des mutants et des humains prêts à les défendre a été exterminée par les Sentinelles, des robots géants adaptés pour contrer les pouvoirs de leurs cibles et créés par Bolivar Trask cinquante ans plus tôt. Le professeur Charles Xavier et Erik Lensherr/Magneto imaginent un plan de la dernière chance : renvoyer en 1973, grâce aux talents de Kitty Pryde, l'esprit de Wolverine dans son corps de l'époque afin qu'il empêche l'assassinat de Trask par Mystique à l'origine de la tragédie.

1973 : Wolverine
(Hugh Jackman)

1973 : James "Logan" Hewlett investi par son esprit de 2023 retrouve Charles Xavier, qui a renoncé à ses pouvoirs de télépathe pour retrouver l'usage de ses jambes et qui vit cloîtré dans son manoir avec son élève Henry "Hank" McCoy alias le Fauve. 

1973 : Hank McCoy/Le Fauve, Charles Xavier et Wolverine
(Nicholas Hoult, James McAvoy et Hugh Jackman)

Xavier apprend à Logan que Erik Lensherr/Magneto est incarcéré dans une cellule spéciale au sous-sol du Pentagone depuis qu'il a été inculpé pour l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy dix ans plus tôt. Logan explique à Xavier et McCoy la tournure apocalyptique que va prendre l'Histoire s'ils n'interviennent pas ensemble : une fois Trask assassiné par Mystique, cette dernière sera capturée et torturée pour concevoir des Sentinelles capables de s'adapter aux pouvoirs des mutants à partir de son ADN.

1973 : Charles Xavier et Erik Lensherr/Magneto
(James Mcavoy et Michael Fassbender)

Logan convainc le jeune Pietro Maximoff alias Quicksilver de participer à l'évasion de Magneto. Leur mission accomplie, ils s'envolent pour Paris où v se tenir une conférence pour la fin de la guerre au Vietnam. Magneto décide, une fois sur place, qu'il vaut mieux éliminer Mystique mais il ne réussit qu'à la blesser avant qu'elle ne s'échappe. 

William Stryler et Bolivar Trask
(Josh Helman et Peter Dinklage)

Le sang de la mutante est recueilli par l'équipe scientifique de Trask qui n'a aucun mal à convaincre le président Richard Nixon de financer la fabrication en série de ses Sentinelles pour affronter le péril qui s'est manifesté aux yeux du monde devant les caméras de télévision. 

Erik Lensherr/Magneto et Raven Darkholme/Mystique
(Michael Fassbender et Jennifer Lawrence)

Magneto a faussé compagnie à Xavier, McCoy et Logan pour rattraper le train qui convoie les robots géants et les saboter. Lorsque les Sentinelles sont présentés au public par Trask et Nixon, ces derniers ignorent donc que leurs armes vont se retourner contre eux. Dans l'assemblée qui assiste à l'événement, Xavier tente de localiser Mystique, toujours résolue à tuer Trask.

Les Sentinelles

Magneto fait une spectaculaire apparition en déplaçant le Robert Kennedy Memorial Stadium de Washington pour isoler la Maison-Blanche tandis que les Sentinelles ouvrent le feu sur l'assistance. Xavier raisonne Mystique en lui expliquant télépathiquement ce qui se passera si elle profite de la situation pour assassiner Trask. Elle se retourne alors contre Magneto, prêt à abattre Nixon pour prouver au monde la supériorité des mutants, et devient une héroïne devant les caméras de télévision. 

Magneto

2023 : le plan ayant réussi, Wolverine se réveille dans sa chambre du manoir de l'institut Xavier pour jeunes mutants où tous les X-Men et leurs élèves sont sains et saufs, n'ayant jamais été exterminés par les Sentinelles. Logan retrouve le professeur X dans son bureau et lui demande alors de lui résumer les cinquante dernières années telles qu'altérées par son intervention.

Une scène post-générique de fin annonce le film suivant, X-Men : Apocalypse :

- Dans l'Egypte antique, une foule scande le nom d'un adolescent qui érige les pyramides par la seule force de sa pensée : En Sabah Nur, le mutant qui sera plus tard connu sous le nom d'Apocalypse.

Dans le cinéma actuel, quoi qu'on puisse en penser, il n'est désormais plus possible d'ignorer la place majeure qu'ont pris les super-héros, devenus la nouvelle "cash-machine" des grands studios de Hollywood. De ce point de vue, X-Men : Days of Future Past a clairement été conçu comme la réponse de la Fox à la concurrence représentée par, d'un côté, Disney/Marvel (avec des titres comme Avengers, Iron Man, Captain America...) et par, de l'autre, Warner/DC (avec Batman, Superman...). C'est aussi la reprise en main de la franchise mutante par celui qui, le premier, l'a porté sur grand écran, Bryan Singer, profitant du succès critique et public de X-Men : Le Commencement (Matthew Vaughn, 2011). Enfin, il s'agit d'une adaptation d'une des plus célèbres sagas du comic-book dédié aux X-Men, écrite par Chris Claremont (qui apparaît dans un cameo ici) et John Byrne.

Fort de ces références, dès le début de l'histoire, le film affiche son ambition en présentant les héros dans une situation désespérée qu'ils ne peuvent espérer renverser qu'en modifiant le passé - un procédé bien pratique pour gommer des éléments entiers ayant déçu à la fois Singer et les fans (concentrés dans X-Men 3 : L'Affrontement final, Brett Ratner, 2006). A partir de cette ouverture aussi astucieuse que bluffante par son aspect sombre (New York dans la ténèbres, des centaines de cadavres jetés dans une fosse commune, des mutants dans des camps de concentration, des résistants cachés dans un monastère), le récit se rattache à l'Histoire avec un grand "H" et propose une uchronie puissante dont on ne peut que saluer la fluidité narrative (ce qui n'est jamais gagné quand il s'agit de voyager dans le temps).

A la faveur d'un twist scénaristique habile (quoique fort différent de la BD d'origine, mais où le personnage de Kitty Pryde joue quand même un rôle déterminant et accomplit une sorte de phase ultime), nous voilà transportés en 1973, lorsque Nixon était à la Maison-Blanche, et que Bolivar Trask (incarné par un Peter Dinklage glaçant en mix de Mengele et de marchand d'armes) lançait son programme "Sentinelles". Les X-Men doivent à nouveau (comme dans Le Commencement) faire plier la réalité selon leurs fantasmes - qui sont divergents du point de vue des "frères ennemis" que sont Charles Xavier (partisan d'une cohabitation pacifique entre humains et mutants) et Magneto (désireux de prouver que l'homo superior va dominer l'homo sapiens).

Cette manoeuvre aboutit à un traitement à la fois dense et palpitant, mené tambour battant (grâce au montage nerveux mais jamais haché de John Ottman, aussi compositeur de la musique), en se concentrant sur une poignée de mutants (Wolverine, Xavier, Magneto, Mystique), et sans abuser de clins d'oeil à l'esthétique de l'époque. Le spectacle est jubilatoire, alternant parfaitement exposition et action (avec des morceaux de bravoure impressionnants et parfois ludiques - voir la scène d'évasion de Magneto avec l'aide Quicksilver, que Singer utilise bien mieux que Joss Whedon dans Avengers 2 : L'Ere d'Ultron), jusqu'au (double) dénouement aussi grandiose que subtil.

Ajoutez-y des acteurs investis dans leurs rôles - Hugh Jackman intense, l'excellent duo formé par James McAvoy et Michael Fassbender, Jennifer Lawrence électrisante - , des personnages oscillant entre volontarisme et résignation, et un refus intelligent d'expliquer les paradoxes temporels (au profit du plaisir pur de l'aventure fantastique), et vous obtenez le meilleur opus de la série. De quoi en reprendre une tournée avec ce que promet la scène post-générique de fin (un teaser expéditif copié au Marvel Cinematic Universe).

X-Men : Days of Future Past est donc à la fois un recommencement et une apogée, le film "X" qu'on n'attendait plus - et qui, dans le meilleur des mondes, pour filer le parallèle avec l'intrigue du long métrage, devrait inspirer les editors de Marvel bien à la peine pour produire des comics mutants aussi passionnants depuis un moment.   

1 commentaire:

midnighter a dit…

encore bravo pour la régularité de tes articles
j' avais beaucoup aimé cet opus aussi
notamment l' attentat à paris qui arrive à etre une réussite en terme d' action et de scénario