dimanche 31 mai 2009

Critique 52 : IMMORTAL IRON FIST 2 : THE SEVEN CAPITAL CITIES OF HEAVEN, d'Ed Brubaker, Matt Fraction et David Aja

Ce nouveau receuil de la série Immortal Iron Fist est la suite directe du premier, intitulé The Last Iron Fist Story : The Seven Capital Cities Of Heaven prolonge l'histoire tout en bouclant l'intrigue amorcée précédemment. On a également droit au premier "Annual", dont la lecture sans être indispensable, apporte quand même quelques éclaircissements sur un des protagonistes apparus dans le premier tome.
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Après avoir successivement appris que le titre d'Iron Fist était un legs attribué au champion de K'un Lun (une des Sept Capitales du Paradis) une fois par génération et qu'il y avait déjà eu 66 précédents porteurs du nom, Orson Randall a rencontré son successeur désigné en la personne de Daniel Rand et lui avoué avoir renoncé à cet héritage après la Première Guerre Mondiale.
Mais aujourd'hui, Randall était traqué par les agents du Steel Serpent (au service de Crane Mother, ennemie de K'un L'un) et l'organisation terroriste HYDRA. Orson donna à Daniel le Livre d'Iron Fist, contenant tous les secrets de cet ordre, et qui devait le préparer au prochain tournoi des champions des Sept Capitales du paradis.
Steel Serpent, dont les pouvoirs étaient augmentés par la magie de Crane Mother, retrouva Randall et le tua en combat singulier. Avant de mourir, ce dernier transmit son Chi à Danny, censé lui donner ainsi assez de puissance pour vaincre leur ennemi commun.
Sur ces entrefaîtes, Rand fut convoqué par son maître, Lei Kung (père du Steel Serpent), au dît tournoi qui allait décider de l'accès d'une des Capitales du Paradis avec la Terre.
Ce que nous apprenons d'abord, c'est que les leaders des Sept Capitales ont fait construire en secret une passerelle entre la Terre et chacune de leurs cités, à l'insu de leurs peuples. La corruption de ces chefs convainc Iron Fist, son entraîneur Lei Kung the Thunderer, la fille d'Orson Randall, et John Aman, le Prince des Orphelins, à élaborer une révolution.
Simultanèment, Iron Fist découvre que Crane Mother et Xao, un des patrons de l'HYDRA, ont orchestré un plan pour détruire K'un Lun en utilisant un portail interdimensionnel bâti par le père d'Orson Randall. Steel Serpent ignore apparemment tout de ce projet et lorsqu'il l'apprend, il s'allie avec Danny et les autres champions pour le faire échouer.
Rand stoppe Xao en pulvérisant le train avec lequel il comptait dévaster K'un Lun (et aussi les autres Cités du Paradis). La révolution menée par Lei Kung et la fille d'Orson Randall oblige Nu-an, alias Yu-Ti chef de K'un Lun à s'enfuir.
Face à Danny, Xao préfére le suicide à la reddition mais avant de mourir, il lui révèle l'existence d'une Huitième Cité.
Steel Serpent se repent auprès de son père et de Danny, qui avant de retourner sur Terre avec Luke Cage, Misty Knight, Coleen Wing (venus l'aider à combattre l'HYDRA) , et les autres champions, Danny suggère à Lei Kung d'être le successeur de Yu-Ti avec la fille d'Orson Randall
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Cet album est en tout point remarquable et digne du premier volume, peut-être même supérieur. L'histoire développée par Ed Brubaker et Matt Fraction prend une ampleur exaltante, dévoilant une richesse et une efficacité admirables.
Après avoir exploré le thème de l'héritage dans les 6 premiers épisodes, à travers la passation de pouvoir entre Orson Randall et Danny Rand (et tous ceux qui les ont précédés en tant qu'Iron Fist), c'est ici la question du pouvoir et de son usage qui est puissamment traitée.
Tout comme l'entreprise du héros richissime a été piégée par l'HYDRA, le royaume de K'un Lun a lui aussi été contaminé de l'intérieur par la corruption de son chef. Il faudra une prise de conscience et une riposte d'envergure pour rendre à ce territoire son intégrité.
Cette réhabilitation est en marche alors qu'un tournoi oppose sept guerriers de cités différentes pour décider laquelle communiquera avec la Terre. C'est l'occasion pour les deux scénaristes d'épicer leur intrigue avec une série de duels spectaculaires dont les acteurs rivalisent d'originalité et d'agressivité : moments de violence, mais jamais complaisants, et qui ponctuent le récit avec une habilité jubilatoire.
Chacune des "Armes Immortelles" des Sept Capitales est vraiment singulière et il faut saluer le talent avec lequel Brubaker et Fraction ont su caractériser ces personnages au charisme immédiat. L'issue de chacun des combats est indécise et cela produit un authentique suspense, surtout lorsqu'on voit comment finit la première des joutes (entre Iron Fist et Fat Cobra). C'est un vrai régal que d'être ainsi surpris dans ce genre de comics tellement codifiés narrativement.
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Lorsqu'au terme du chapitre 9, l'album est comme prématurèment coupé en deux par l' "Annual" de la série, on est désarçonné. Ce n'est pas tant que ce qu'on nous propose alors soit dénué d'intérêt, mais cela vient briser le beau tempo de l'ensemble.
Surtout que, visuellement, cela n'a plus rien à voir : il faut alors supporter les illustrations épouvantables d'Howard Chaykin et les planches peintes de Dan Brereton et Jelena Kevic Djurdjevic...
Les quelques infos qu'on y gagne sur le passé d'Orson Randall confirment le caractère iconoclaste du personnage et lèvent le voile sur des péripéties commises avec une équipe d'aventuriers, dont fit partie Wendell Rand, le père de Danny. Mais, in fine, cela reste anecdotique et dispensable.
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Heureusement, David Aja est toujours là pour la (quasi) totalité des graphismes. Il nous offre encore une fois des planches magnifiques où éclate son art du découpage, son sens de la lumière et des ambiances. On songe souvent à Mazzucchelli dans cette façon d'en faire mieux que beaucoup avec peu d'effets, mais si judicieusement disposés : il restera comme LA grande révèlation de cette entreprise.
Comme pour le volume 1, les flash-backs sont illustrés par d'autres artistes : Roy Allan Martinez, Scott Koblish, et surtout Kano s'en acquittent fort bien - même si aucun ne fait oublier la contribution de Derek Fridolfs.
Mais aux 13ème et 14ème épisodes, c'est un débutant, Tonci Zonjic, qui (avec Javier Pulido et Clay Mann en soutiens discrets) prend les commandes et impose des pages d'une sobriété et d'une efficacité prometteuses. Assurèment, un nom à retenir.
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Bref, l'essai est totalement transformé. Ne passez surtout pas à côté !

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