samedi 16 juillet 2022

NEW MUTANTS #27, de Vita Ayala et Rod Reis avec Jan Duursema


Cette semaine aura été fournie en publications mutantes et c'est au tour de New Mutants #27 d'être examiné. Vita Ayala poursuit son arc dans les Limbes, mais il faut bien admettre que la scénariste marque un peu le pas, son intrigue progresse de manière trop mécanique et symbolique pour tout à fait captiver. Rod Reis, en revanche, est toujours au top, aux côtés de Jan Duursema pour quelques pages.


Après que Felina, Mirage et Madelye Prior aient été capturées, Magik se réveille dans un champ de champignons géants. A ses côtés elle-même, encore enfant, qui lui offre son aide pour sauver ses amies.


Prisonnières d'une version alternative de Belasco surnommé le Roi Rouge, Mirage, Felina et Madelyne reçoivent l'aide de Magik et de Colossus, arraché à Krakoa.


Tandis que Colossus charge le Roi Rouge, Magik délivre Mirage, Felina et Madelyne puis vient au secours de son frère en difficulté. Elle réussit à matérialiser une nouvelle épée.


Le Roi Rouge vaincu et ses démons en fuite, Magik veut emmener Ilyana pour lui épargner ce qu'elle a vécu ici. Mais la fillette refuse et téléporte les mutants ailleurs avant que Belasco ne resurgisse...

La couverture avec le Lièvre de Mars, la forêt de champignons, le Roi Rouge, des références au Chapelier fou... Les références sont claires et assumées : Vita Ayala s'inspire beaucoup d'Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll dans ce 27ème épisode de New Mutants qui poursuit l'arc entamé dans les Limbes.

Le souci que j'ai eu avec cet épisode, mais je crois plus généralement avec cet arc narratif, c'est justement toutes ces références qui m'empêchent d'apprécier vraiment l'intrigue. En vérité, ça ne décolle pas vraiment depuis le duel entre Magik et S'ym et la cassure de l'Epee de l'Âme.

Vita Ayala est une excellente conteuse, mais il le semble qu'elle se fourvoie dans ce récit où elle ne parvient pas à captiver autant que pour sa saga du Roi d'Ombre. Pourtant le postulat était prometteur avec la volonté de Magik de transmettre son trône à la Goblin Queen Madelyne Prior et la perspective d'une aventure agitée dans les Limbes avec Mirage et Felina. Seulement la sauce ne prend pas vraiment, pas autant que prévu.

Ce qui faisait la force de Ayala sur la saga du Roi d'Ombre, c'était son utilisation du casting, la caractérisation des personnages, connus ou méconnus, leurs relations, et la présence d'un ennemi vraiment inquiétant. Toutes choses absentes dans cette histoire de Limbes et de passation de pouvoir. Belasco est invisible et les péripéties qui jalonnent le parcours des héroïnes manquent de tension, de rythme. Ce qui était une impression jusque-là diffuse devient plus prégnante dans cet épisode qui concentre tout ce qui fait défaut ç ce récit.

C'est dommage et décevant car j'ai loué les mérites de Ayala, scénariste par ailleurs souvent dénigrée par de soi-disant fans qui, je crois, n'admettent surtout pas qu'une jeune auteur noire et gay écrive un titre aussi iconique que New Mutants en faisant justement la part belle aux mutantes, et à la toxicité des hommes. Ayala passe pour une scénariste "woke", ce concept stupide et fourre-tout pour désigner une attention aux minorités en même temps que le risque de réécrire l'Histoire à l'aune du combat de ce minorités. 

Pour ma part, je me fiche bien de savoir si Ayala est "woke" tant qu'elle écrit de bonnes intrigues et je sais qu'elle en est capable, c'est même une des meilleures auteurs de la franchise X en ce moment à mon avis. Mais on peut être excellent(e) et ne pas enchaîner des histoires égales en qualité. C'est ce qui semble être le cas. Ce qui incite à l'indulgence, c'est que Ayala me semble en mesure de se ressaisir parce qu'avec elle, les personnages sortent changés de ce qu'ils traversent et je pense que Magik va effectivement évoluer d'ici à la fin de cet arc (qui doit, en toute logique, se situer avant le Hellfire Gala 2022 et son intégration dans l'équipe des X-Men). Sans compter que le n°3  s'approche et que Marvel compte bien fêter à cette occasion le 40ème anniversaire du titre avec un épisode spécial, plein de guests.

Visuellement, en revanche, Rod Reis nous régale et maintient notre intérêt intact. L'artiste livre des planches magnifiques, souvent ponctuées de splash composées comme des cartes illustrées. A cette occasion, il met le hola aux effets numériques pour produire un rendu plus classique, avec des formes plus encrées, des textures hachurées, des couleurs moins vives.

Lors de ces ponctuations graphiques, les allusions à Alice au pays des merveilles sont plus appuyées et mettent en scène Ilyana Rasputin encore enfant, bravant dangers et rencontres plus amicales, avec un effort de transposition remarquable (Colossus devient un chevalier, Belasco un dragon). Quitte à reprendre le fil narratif du texte de Lewis Carroll, je pense qu'il aurait été plus judicieux de jouer la carte à fond et même d'oser quelque chose de franchement psychédélique, hallucinogène : Vita Ayala pouvait compter sur Rod Reis pour assumer cette part plus délirante.

Jan Duursema continue à livrer quelques pages situées dans le passé d'Ilyana, du temps de sa captivité dans le château de Belasco. Je trouve cela de plus en plus superflu, même si j'ose espérer qu'à la fin on comprendra à quoi ces pages ont servi (au-delà du rappel à la mini-série de 1983 Magie de Claremont et Buscema).

Un chapitre mineur pour un arc qui traîne. Rien d'accablant, mais c'est tout de même frustrant.

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