jeudi 12 mai 2022

MOON KNIGHT : BLACK, WHITE & BLOOD #1, de Jonathan Hickman et Chris Bachalo, Murewa Ayodele et Dotun Akande, Marc Guggenheim et Jorge Fornes


J'attendais beaucoup de ce premier numéro de Moon Knight : Black, White & Blood. Sans doute trop. Car c'est une déception. Mis à part le dernier segment, l'ensemble reste difficilement lisible/compréhensible ou simplement sans intérêt. 

 


- Anubis Rex. (Ecrit par Jonathan Hickman, dessiné par Chris Bachalo) - Dans un futur très lointain, Moon Knight traque les scarabés d'or dans lesquels le dieu Ra a placé son essence. Il est guidé par une fillette, prêtresse de Khonshu...
 

- So White. Yet, So Dark. (Ecrit par Murewa Ayodele, dessiné par Dotun Akande) - Moon Knight accepte, à contrecoeur, que Spider-Man l'accompagne lors d'une mission pour récupérer un artefact permettant de réveiller Anubis...


- The End. (Ecrit par Marc Guggenheim, dessiné par Jorge Fornes) - La comptable d'un baron de la Maggia vient demander à Moon Knight de l'aider alors qu'elle doit témoigner pour un procès et que des tueurs sont lancés à ses trousses...

Lorsque j'ai appris que Marvel lançait une nouvelle collection de short stories avec Moon Knight comme héros et que le duo Jonathan Hickman-Chris Bachalo allait inaugurait ce projet, j'étais très impatient de découvrir cela. C'était même la seule raison qui allait me motiver à faire l'acquisition de numéro.

Puis j'ai découvert que Marc Guggenheim et, surtout, Jorge Fornes faisaient aussi partie de l'aventure. De quoi me mettre encore plus en appétit. Quant à la troisième équipe d'auteurs au générique, elle m'était inconnue, mais j'étais sans a priori négatif et ne demandai qu'à juger sur pièces l'effort produit par Murewa Ayodele et Dotun Akande.

Bon, ne tournons pas autour du pot : c'est une énorme déconvenue. Mais reprenons du début.

Jonathan Hickman écrivant Moon Knight et Chris Bachalo le dessinant, avec une intrigue située dans un lointain futur : c'était un chouette pari. C'est au final tout bonnement illisible. Qu'est-ce que Hickman a voulu raconter déjà ? C'est un mystère. Si ce devait être le prologue d'une série, ce serait presque avantageux, mais en l'état, c'est totalement abscons. Ni l'idée d'un Moon Knight futuriste ni ce qui sert de prétexte à l'histoire n'a de sens, n'est exploité dignement et ne comble le fan du scénariste. 

Quant au dessin de Bachalo, c'est absolument impossible. L'artiste a parfois tendance à composer des plans qui ne se révèlent pas tout de suite, mais la couleur aidant, on finit par s'en accommoder et les décrypter. Il lui arrive cependant de produire des images fulgurantes et son style est alors exceptionnel. Mais ici, c'est vraiment embarrassant d'avouer qu'on ne sait pas ce qu'on regarde la plupart du temps. Même en collant le nez sur la page, on n'y pige rien, c'est dramatique. Le noir et blanc rehaussé de niveau de gris et avec quelques éléments en rouge (comme c'est le principe de ce genre de collection) n'arrange rien. On s'use les yeux pour rien, si bien qu'on finit ce récit sans savoir ce qu'on a lu.

Hélas ! si ce que propose Murewa Ayodele est plus sobre, ce n'est pas plus fameux. Cette aventure avec Spider-Man collé aux basques de Moon Knight se veut drôle, elle est juste consternante. On est gêné devant les efforts vains de l'auteur pour emballer ce récit dont toutes les vannes tombent à plat et qui finissent même par sérieusement horripiler. L'argument étant particulièrement peu original, on s'en remet au dessin de Dotun Akande, mais ils sont si désincarnés qu'on s'ennuie. Par ailleurs, l'artiste échoue à plusieurs reprises à équilibrer harmonieusement des plans d'ensemble, comme s'il ne maîtrisait pas encore complètement son art. Ouille !

Les mains jointes, le regard au ciel, on prie alors pour que le troisième segment soit plus décent. C'est le cas. Et pour cela, Marc Guggenheim, qui n'a pas non plus inventé une intrigue bien terrible, soigne la forme à défaut du fond. En effet, tout est raconté à l'envers, comme le film Memento de Christopher Nolan (auquel on pense immédiatement). Une citation dee Kierkegaard sur le fait de pouvoir comprendre sa vie à contresens tout en se projetant dans l'avenir vient souligner, assez prétentieusement, le propos (qui n'en demandait pas tant).

Car le véritable atout de tout ça, c'est bien évidemment que Jorge Fornes le dessine. Désormais exclusif chez DC, on en déduit qu'il a signé ces planches juste avant que la "Distinguée Concurrence" ne décide de garder ce talent juste pour elle. Mais Fornes séduit et épate, bien plus que Bachalo et Akande, avec cet exercice de style qui lui convient parfaitement. Lui n'a aucun mal à faire vivre son dessin sans autres couleurs que le noir, le blanc et un peu de rouge. Qui plus est il magnifie un script très classique avec un découpage à l'os, qui appuie l'aspect tragique, nerveux et poignant de l'histoire.

Rendez-vous dans un mois pour trois nouvelles nouvelles, avec des auteurs qu'on espère plus inspirés (Benjamin Percy, David Pepose, Patrick Zircher, Gerardo Zaffino et Leonardo Romero).

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