vendredi 11 octobre 2019

SUPERMAN #16, de Brian Michael Bendis et David Lafuente


Un numéro d'acrobatie auquel se livre Brian Michael Bendis dans ce seizième épisode de Superman : il faut en effet que le scénariste tente d'apaiser les fans des "Super Sons" au moment où il s'apprête à envoyer Jon Kent au XXXIème siècle (dans la Légion des Super Héros). Pour cette mission, il s'est adjoint les services du dessinateur David Lafuente et ensemble, les deux anciens partenaires d'Ultimate Spider-Man signent un petit bijou.


Damian Wayne affronte sur les docks de Gotham des sbires de Leviathan mais ils lui échappent en se téléportant. Leur bateau explose ensuite. C'est alors que surgit Jon Kent dont l'apparence désarçonne Damian car il est désormais plus âgé que lui.


Damian, de nature méfiante, particulièrement dans cette période agitée, pense qu'il s'agit d'une ruse de Leviathan. Mais il finit par se rendre à l'évidence et reconnaît son ami qu'il laisse l'enlacer. Jon s'envole au sommet d'un gratte-ciel pour lui donner de plus amples explications sur son changement.


Désolé de n'avoir pas été là dans les épreuves qu'il a traversées durant son périple avec Jor-El, Damian scelle ces retrouvailles avec Jon en l'emmenant chasser quelques gredins en ville. Jon évoque l'offre de la Légion de l'enrôler et ses hésitations à partir pour un futur lointain.


Damian l'encourage pourtant à accepter cette proposition, car lui le ferait. Il espère même que Jon convaincra les Légionnaires de l'intégrer un jour. Quoiqu'il en soit, il sera toujours là pour lui, comme ses parents. Et il enlace Jon à son tour avant de s'éclipser.


De retour à la Forteresse de Solitude, Jon retrouve son père, qui a eu une discussion avec Lois Lane à son sujet. Saturn Girl réapparaît et achève de convaincre Jon de partir avec elle pour le XXXIème siècle.

Indiscutablement, l'événement le plus commenté dans le début du run de Brian Michael Bendis sur Superman aura été d'accélérer la croissance de Jon Kent. La conséquence directe de ce changement concernait les "Super Sons", imaginés par Peter J. Tomasi et Patrick Gleason dans le précédent Volume du titre, qui aura aboutit à deux séries successives (Super Sons et Adventures of the Super-Sons).

Bien que les deux séries en question aient été annulées, faute d'un lectorat suffisant, il n'en a pas fallu davantage à certains pour accuser Bendis d'avoir provoqué leur fin. Et la prise d'âge de Jon achevait leurs espoirs d'une troisième série - autement improbable malgré tout. L'intégration de Superboy aux Teen Titans aurait été plus réaliste. Mais la concurrence de Young Justice avec le retour de Conner Kent condamnait cette piste. Il y avait tout simplement trop de Superboys au XXIème siècle.

Pour ma part, même si je comprends l'attachement pour le jeune Jon Kent, j'apprécie son évolution. Je reconnais que Bendis s'y est pris maladroitement (mais il semble que le scénariste compte revenir sur les années passées par Jon sur Terre-3 durant lesquelles il a vieilli), néanmoins cela produit une situation intéressante, impulsant une nouvelle dynamique entre Jon et Damian, mais aussi Jon et ses parents, et aboutissant de façon fluide à son intégration dans la Légion des Super Héros (dont il est devenu l'inspirateur historique).

J'ignore si les efforts déployés par Bendis dans cet épisode pour traduire tout cela consoleront les fans des "Super Sons", mais je trouve qu'il s'en tire très bien. C'est un des chapitres les plus agréables de la série depuis qu'il l'anime, riche en belles scènes, à l'émotion simple, avec un humour inspiré. Tout juste peut-on regretter qu'il n'y ait aucun moment entre Jon et Lois (dont il s'éloigne aussi). Mais cela sonne juste : l'attitude interloquée et suspicieuse de Damian, la manière dont il compose avec la situation, encourage et envie Jon vis-à-vis de la Légion, vraiment il faudrait être bien sévère pour ne pas apprécier à sa juste valeur tout cela.

L'autre bon point de cet épisode, c'est d'en avoir confié les dessins à David Lafuente. Je ne dis pas que Reis n'aurait pas été capable de l'illustrer aussi bien, mais ç'aurait été très différent. Lafuente est habitué à Bendis, ils ont collaboré sur Ultimate Spider-Man (juste après le départ d'Immonen et avant l'arrivée de Pichelli), et l'espagnol est naturellement à l'aise pour représenter les jeunes héros.

Son style n'a rien de réaliste, il s'inscrit même volontiers dans le cartoon, avec des influences manga. En cela, on peut le rapprocher d'un Humberto Ramos, avec toutefois moins d'exagérations expressives. Son découpage est très nerveux et fluide à la fois, ce qui imprime à l'épisode un rythme soutenu. La mise en couleurs de Paul Mounts est parfois un peu trop appuyée, mais le trait de Lafuente est assez marqué pour ne pas être "mangé".

Une page se tourne pour Superman. En presque un an et demi, Bendis aura fait le ménage à sa manière, écartant Jor-El, Jon, Lois. L'Acte II de son run débutera vraiment en Novembre.   

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