vendredi 18 octobre 2019

CAPTAIN MARVEL #11, de Kelly Thompson et Carmen Carnero


Il n'y aura rien eu à sauver de cet arc narratif de Captain Marvel qui s'avère un pitoyable ratage jusqu'au bout. Kelly Thompson livre son pire travail et surtout ne donne vraiment pas le sentiment qu'elle apporte quelque chose au personnage. Carmen Carnero s'en sort un peu mieux, mais quitte le titre sur un triste bilan.


Résumer cet épisode est une vraie purge, aussi me contenterai-je du strict minimum : Captain Marvel, comprenant que Star tire désormais ses forces des civils grâce à un virus kree conçu par Minerva, décide de replacer dans sa poitrine le siphon qui la prive de ses pouvoirs au bénéfice de son ennemie.


Ce geste fou, espère-t-elle, incitera Star à se ressaisir. Mais ce n'est pas le cas : traumatisée par son expérience avec Nuclear Man (voir les épisodes #1-5), elle veut se venger de Captain Marvel qu'elle juge responsable de l'avoir entraînée dans ses mésaventures. 
  

Tabassant l'héroïne, son agressivité se retourne doublement contre Star : d'abord en lui valant le rejet du public et ensuite en permettant à Captain Marvel de l'atteindre et de la neutraliser dans une manoeuvre périlleuse. Elle est incarcérée au Raft tandis que Carol Danvers, à nouveau plébiscitée par le public, se demande jusqu'à quand durera ce regain de popularité...


Rien, absolument rien ne fonctionne dans cet épisode, comme dans les précédents de cette histoire. Et le pire, c'est que Captain Marvel commente, à un moment, la nullité des événements en tentant de raisonner Star, lui expliquant que son attitude est irrationnelle (en gros, elle est traumatisée par son séjour dans la dimension de Nuclear Man, elle justifie son comportement maléfique actuel par cela en reprochant à Carol Danvers de l'avoir entraînée dans ses galères).

Un tel ratage est difficile à cerner, surtout de la part d'une scénariste comme Kelly Thompson qui écrit d'habitude bien mieux. Mais son intrigue est tellement tirée par les cheveux, les péripéties sont tellement grotesques, le dénouement tellement laborieux, qu'on ne peut être indulgent.

Plus généralement, ce qui frappe, c'est qu'en presque une année sur le titre (onze épisodes, dont deux dévolus à coller à l'event War of the Realms), Thompson n'a jamais semblé en mesure d'apporter quelque chose de consistant et d'original à la série et son héroïne. La fantaisie dont elle a su faire preuve, avec une inspiration certes inégale, sur Hawkeye et West Coast Avengers est tristement absente. Captain Marvel manque cruellement d'humour, jouant la carte d'un pathos ennuyeux, avec une protagoniste qui n'existe que par rapport à ses amis (le supporting cast devient envahissant sans être très constructif, comme en témoigne la présence de Hazmat, que Carol doit former - ce qu'elle n'a visiblement ni le temps ni l'envie de faire).

La série partait déjà avec un sérieux handicap puisque devant suivre la retcon écrite par Margaret Stohl dans la mini The Life of Captain Marvel, où on apprenait que Carol Danvers devait ses pouvoirs non pas à Mar-Vell mais à sa mère d'origine kree. Thompson s'en est servi de manière plutôt habile, mais en vérité surtout comme un prétexte au début de cet arc pour appuyer la disgrâce de son héroïne.

L'identité du titre demeure nébuleuse. Captain Marvel semble comme à l'étroit dans sa propre série, devant rester sur Terre pour être mieux identifié par les civils et disponible pour les Avengers, mais du coup cantonnée à des adversaires vraiment pas charismatiques (Nuclear Man, Star - à laquelle pourtant Marvel semble croire puisqu'elle aura droit à sa mini-série en 2020 !), et constamment suivie par une bande de filles (soulignant de façon lourdingue le féminisme promis du titre). Thompson, du coup, donne le sentiment d'écrire une suite officieuse de A-Force ou de spin-off d'Avengers. Gênant pour un personnage censée exister de façon aussi affirmée que Captain America, Iron Man, Black Panther, Thor, etc.

Comment la fille qui rédige des épisodes enchanteurs de Sabrina the teenage witch peut-elle être aussi gauche avec Captain Marvel ? A cause de la pression éditoriale (car, avec le succès du film, Marvel veut absolument imposer l'héroïne comme une vedette de comics) ? D'une panne d'inspiration ? D'une perte de motivation (suite aux échecs successifs de Hawkeye et WCA) ? 

Carmen Carnero quitte le navire en tout cas - elle va dessiner la mini X-Corp, qui reviendra sur les vies antérieures de Moira McTaggert, en 2020. Elle me laissera une impression mitigée : c'est une artiste solide, douée, mais à qui il manque ce petit plus pour marquer les esprits, faire la différence (et peut-être un encreur, qui embellirait son trait). Son remplacement par Lee Garbett sera l'occasion d'apprécier la différence entre un dessinateur mûr et sûr de lui et elle qui se cherche encore (à mon humble avis).

Grâce à Garbett justement, je vais sûrement tenter le prochain arc, qui promet de bouger les lignes (Captain Marvel passe du côté obscur). Mais attention quand même car il faudra que Thompson convainque rapidement pour que je ne lâche pas l'affaire !  

1 commentaire:

Zaïtchick a dit…

Nuclear Man... était-il besoin de le sortir des limbes ?