vendredi 26 janvier 2018

AMAZING SPIDER-MAN #27, de Dan Slott et Stuart Immonen


Avant-dernière étape avant le dénouement de l'arc narratif intitulé The Osborn identity, cet épisode sonne la charge : Dan Slott et Stuart Immonen sont déchaînés, même si, en fin de compte, une impression de grand n'importe quoi finit par l'emporter sur l'addition des efforts de l'équipe créative. Détaillons ça.


De retour en Symkarie auprès de la comtesse Karkov, Norman Osborn, contre l'avis de son chirurgien, subit une nouvelle greffe du visage pour récupérer sa véritable figure - avec un résultat effectivement affreux. Mais désormais, il compte bien ne plus se cacher et donc, n'ayant plus besoin de ce docteur, il l'expose au sérum du Bouffon.


Cependant, Silver Sable, à bord d'un avion-cargo transportant un tas de véhicules spéciaux de Parker Industries, explique à Spider-Man comment et pourquoi elle a fait croire à sa mort ces derniers mois. Sa longue absence a hélas ! abouti à la prise de pouvoir par la comtesse Karkov et Osborn de la Symkarie mais le Tisseur lui a promis son aide pour renverser la situation.  


Nick Fury interroge, à Honk Kong, May Parker et Harry Lyman pour savoir où se trouve Peter ou Spider-Man, avant de devoir les relâcher, faute d'éléments à charge. Il contacte ensuite Mockingbird qui le dirige sur une fausse piste et lui remet sa démission avant de couper la communication. Silver Sable présente à Bobbi Morse et Spider-Man son nouveau Wild Pack.


Leur première cible est la plus grande usine de munitions de Symkarie dont ils évacuent les ouvriers avant de la détruire. Silver Sable convainc les civils d'embarquer dans l'avion-cargo pour s'abriter, juste avant que les bouffons d'Osborn attaquent.


L'intervention des héros interrompt le dîner d'Osborn et de la comtesse Karkov : elle appelle ses citoyens à rester chez eux tandis que son complice va activer son arme finale : comme le découvre Spider-Man, les bouffons ont tous été exposés au sérum de son ennemi...


... Et Osborn compte maintenant lancer un missile qui lâchera le gaz sur les habitants de Symkarie pour en faire son armée !

L'épisode se lit d'une traite, mené tambour battant, et regorge de scènes spectaculaires : ce n'est pas tous les mois qu'on assiste à l'invasion d'un pays par deux super-héros et une bande de mercenaires contre un bataillon de soldats dopés par un sérum.

Dan Slott sait qu'il peut y aller à fond puisqu'il dispose d'un formidable dessinateur avec Stuart Immonen que ce genre de débauche visuelle n'effraie pas : effectivement, les pages s'enchaînent, toujours plus ahurissantes, avec une collection de véhicules conçus par Peter Parker, à bord d'un avion gros porteur, avec un supporting cast musclé - le Wild Pack de Silver Sable. Plus le récit monte en régime, plus les pages gagnent en ampleur jusqu'à quasiment devenir des posters.

C'est donc un régal pour qui ne demande qu'à lire de l'action.

Mais la narration accumule aussi des moments WTF totalement gratuits, qui font basculer l'intrigue dans un barnum tapageur et anime les personnages de manière pour le moins limite. Ainsi l'alliance que scelle Spider-Man avec Silver Sable a de quoi interroger : le justicier s'associe tout de même avec une mercenaire, qui n'hésite pas à tuer ceux qui la dérangent (ils se sont d'ailleurs retrouvés au début de l'arc alors qu'elle tenait dans sa ligne de mire Norman Osborn) ! Mais comme ça n'a pas l'air de le déranger plus que ça, il lui apporte un soutien logistique et matériel considérable en lui prêtant véhicules armés pour elle et son gang d'assassins ! Ben, voyons...

Que dire aussi de Mockingbird ? Slott, avec la subtilité d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, suggère que Bobbi Morse et Peter Parker vont devenir amants, comme ça, parce qu'ils sont célibataires et s'éclatent en mission. Pourquoi pas ? Mais on peut quand même tiquer devant le comportement cyclothymique de la jeune femme qui, dans l'épisode précédent, lâchait Spider-Man au beau milieu d'une course-poursuite dès que Nick Fury la rappelait à l'ordre (puisqu'elle agissait sans permission officielle en territoire étranger)... Et qui, là, trahit son chef en envoyant une unité du SHIELD au mauvais endroit, démissionne dans la foulée et prête elle aussi main forte aux mercenaires de Silver Sable : visiblement, Mockingbird est moins dérangée de renverser un gouvernement en Symkarie que de chasser Osborn à Honk Kong...

Passons sur l'énième opération dudit Osborn, qui se balade désormais avec une gueule impossible (mais qui ne coupe pas l'appétit de la comtesse Karkov) : c'est parfaitement grotesque, plus ridicule qu'effrayant. Mais même Warren Ellis (lorsqu'il écrivit le personnage, déjà complètement dérangé, dans Thunderbolts, ou Brian Bendis, de Dark Avengers à Siege) n'avaient pas osé pousser le bouchon aussi loin pour décrire la folie d'Osborn et la traduire physiquement.

Triturer les personnages, négocier des unions improbables, opter pour le coup d'éclat permanent, tout ça, en soi, n'a rien d'extravagant dans le contexte des comics super-héroïques, où rien n'est rationnel. Mais le faire de manière si compressée dans la narration devient aberrant et confine au grand n'importe quoi : on ne peut plus suivre l'histoire quand elle est si surchargé d'effets grand-guignolesques. Cela devient une farce où le lecteur a surtout l'impression qu'on se fiche de lui (ou du moins qu'on teste sa capacité à avaler tout ça).

Que Stuart Immonen dépense son énergie et son talent là-dedans est un gâchis, même s'il est en fait le seul élément qui fait qu'on s'accroche. Pas sûr néanmoins que j'insiste après le prochain numéro... 

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