vendredi 2 décembre 2011

Critiques 289 : REVUES VF DECEMBRE 2011


Marvel Heroes 11 :

- Les Vengeurs 12.1 : Le Chevalier de l'Espace. Spider-Woman, en mission secrète pour le S.W.O.R.D. (l'équivalent du S.H.I.E.L.D. pour les menaces aliens), découvre une armure au fond d'une grotte. Mais celle-ci est également convoîtée par l'Intelligentsia, ce groupuscule de vilains mené par le Penseur Fou et le Sorcier (avec M.O.D.O.K., le Fantôme Rouge, Klaw...) qui kidnappe la super-héroïne. L'Agent Brand, sa supérieure, demande alors l'aide des diverses équipes de Vengeurs pour retrouver son employée et leur amie. Ils retrouvent facilement sa piste mais vont se retrouver face-à-face avec une vieille (et désagrèable) connaissance...

Cet épisode spécial, plus long que d'habitude (une trentaine de pages), était originellement conçu dans le cadre de l'opération ".1" par laquelle Marvel voulait offrir à de potentiels nouveaux lecteurs une entrée facile pour leurs séries-phares. Brian Bendis s'acquitte de la tâche avec une malice certaine puisqu'il en profite aussi pour poser la base d'une future saga (dans le cadre d'une future opération baptisée... "Point One"), à paraître dans quelques mois.
Pour la peine, le scénariste convoque un impressionnant aéropage de héros, mais sans s'en servir complètement (en prévision pour la suite ?). Néanmoins, l'histoire est efficacement menée et sa conclusion promet un second acte spectaculaire, avec le retour d'un vieil ennemi des Vengeurs.

L'autre "attraction" de cet épisode est la présence au dessin de Bryan Hitch, qui fait à nouveau équipe avec Bendis (après le "Finale" de New Avengers, volume 1, et avant le futur "Point One"). Encré par Paul Neary (comme à l'époque glorieuse des Ultimates), l'artiste livre des planches puissantes, sans toutefois retrouver toute son explosivité d'antan (mais Hitch l'a retrouvera-t-il jamais ?).

- Les Vengeurs 13 : Fear itself (1). A travers une succession rapide de témoignages de divers Vengeurs, et à plusieurs époques différentes, les héros font le point sur leur rôle social, leur valeur symbolique, mais aussi sur l'impact des évènements de la saga Fear Itself. Et entre quelques moments légers, la gravité finit par l'emporter, suggérant que le conflit a laissé des traces profondes et durables...

Dans cet épisode annexe à la saga Fear Itself - un des rares events qu'il n'a pas écrit -, Bendis doit tenir compte d'une histoire impliquant ses personnages sans trop en dire mais en faisant comprendre que la situation (individuelle ou plus générale) de ses héros est impactée.
Le moyen auquel a recours Bendis est particulièrement habile et nécessite une certaine attention car il rappelle des scènes du passé (visibles au costume porté par l'un ou l'autre - comme Captain America/Steve Rogers), du présent et du futur, via une série de témoignages. Il ponctue ces vignettes par une séquence dans les ruines d'Asgard, juste avant qu'Odin n'ordonne à ses sujets de quitter la Terre : c'est l'occasion de mettre en scène le rapprochement entre deux membres de l'équipe, amené à se développer.
Le dialogue est brillant et le rythme imparable tout en conservant à l'épisode une étonnante densité.

Au dessin, Chris Bachalo, dont je suis pourtant loin d'être un fan, livre une copie inspirée, visiblement bien guidé par un script détaillé. Lorsque ses délires visuels sont contenus, cet artiste peut encore produire des planches intéressantes et lisibles (même s'il lui manque un grand encreur, comme à l'époque où Mark Buckingham l'assistait sur Death ou Génération X).
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- Loki (Journey into Mystery 622) : Voyage vers l'inconnu (1). Réincarné dans le corps d'un jeune voyou adolescent, Loki a donc recouvré la vie et une partie de sa mémoire grâce à Thor, après avoir été exécuté par Sentry (lors de la saga Siege). Il va découvrir de nouveaux secrets et une nouvelle voie à suivre grâce à une série d'énigmes, tout en s'efforçant de regagner le confiance des asgardiens - et alors qu'Odin ordonne le retrait de ses sujets de la Terre...

La série Thor s'apprêtant à un nouveau relaunch (sous le titre Mighty Thor, par Matt Fraction et Olivier Coipel) et déménageant dans une nouvelle revue ("Avengers", à partir de Janvier 2012), "Marvel Heroes" accueille donc le titre "historique" Journey Into Mystery où apparut le dieu du tonnerre... Mais dont Loki est devenu la vedette.
Le dieu du mensonge a à présent l'apparence d'un adolescent et son statut reste mystérieux : va-t-il continuer à comploter contre Asgard, dont il a provoqué la chute dans la saga Siege ? Ou profiter de cette nouvelle incarnation, particulièrement inattendue, pour vraiment changer (et si oui, dans quelle mesure, à quelle fin) ?
Cet épisode écrit par Kieron Gillen (qui avait brièvement succédé à J. Michael Straczynski sur Thor) est une divine surprise et donne vraiment envie de suivre cette série. L'écriture est étonnamment fluide et sophistiquée, le héros immédiatement accrocheur, et bien que le titre redémarre en étant attaché au crossover Fear Itself, l'intrigue est prenante car le point de vue est original.

Doug Braithwaite illustre, assisté par Ulises Arreola qui utilise une colorisation directe, dans une palette pastellisée de toute beauté. Le traitement graphique singulier participe pleinement au charme de l'entreprise sans être lourdement esthétisant.
Voilà une pépite à la traduction bienvenue !
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- Captain America 616 : Ombres opaques. La pagination de la revue étant déformée par la taille de l'épisode spécial des Vengeurs, Panini a cru bon de boucler le sommaire par cette back-up de Captain America (dont la parution se déroule actuellement dans des hors-séries avant que la série ne s'installe, comme Thor, dans la nouvelle revue "Avengers").

Ce complèment de programme est totalement dispensable, surtout quand on découvre la nullité de son propos et la mocheté de ses dessins, toutes deux infligées par Howard Chaykin, dont on se demande pourquoi Marvel continue à l'employer.
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Bilan : très positif - j'avais précipitamment abandonné cette revue (lui préférant, à tort, "Marvel Stars"), mais j'y reviens avec plaisir, et sinon pour de bon, en tout cas certainement pour un bon moment. 
Marvel Icons 11 :

- Les Nouveaux Vengeurs 12 : Infinité (4). De nos jours, les Nouveaux Vengeurs s'apprêtent à interroger un membre du HAMMER qu'ils ont capturé tandis que Mockingbird est à l'hôpital dans un état grave...
En 1959, les Vengeurs de Nick Fury affronte Crâne Rouge et le Captain America qu'il a créé...

Ce nouvel épisode confirme que cet arc est décevant et décousu : Brian Bendis échoue à donner de la tension à son double récit, entre passé et présent, et le lien entre les deux époques n'est toujours pas révèlé - sans qu'on n'attende quoi que ce soit. On peut raisonnablement penser qu'il s'agit de l'histoire la plus faible depuis le tout début de la série, et même les dialogues manquent d'inspiration.

Graphiquement, c'est d'autant plus pénible que, ce mois-ci, il y a plus de planches réalisées par Howard Chaykin que par Mike Deodato. Que dire de plus ? Rien sinon que j'ai hâte que cette saga se termine.
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- Iron Man 502-503 : Régénération (2-3) + Comment j'ai rencontré ta mère + Prologue. En découvrant qu'Iron Man affrontait le Dr Octopus (ennemi peu usité dans cette série, il s'agit davantage d'un adversaire historique de Spider-Man), je me suis penché sur ces deux épisodes.
Surprise : ce n'est pas désagrèable, avant tout parce que Matt Fraction boucle rapidement son affaire, ce qui rompt avantageusement avec ses arcs interminables.

 Doc Ock menace de faire sauter une bombe nuclèaire si Stark ne le guérit pas de ses lésions cérébrales, prétexte en vérité pour l'humilier en l'obligeant à admettre son infériorité intellectuelle.

Néanmoins, rien d'exceptionnel non plus : le dénouement manque cruellement d'intensité, les dialogues de punch. Mais Fraction serait bien inspiré de continuer à concevoir des intrigues aussi courtes.

Marvel, lui, serait bien inspiré de dégager Salvador Larroca, dont les dessins sont toujours aussi accablants.

Deux appendices agrèmentent le programme : 9 pages dessinées par Chaykin (encore !... Hélas !) et 7 par Barry Kitson, qui annocent la publication du spin-off Iron Man 2.0 (avec War Machine en vedette), et qui sera publié dans un hors série. Tout cela est complètement dispensable et seulement édité pour assurer la pagination habituelle de la revue, dont le sommaire est toujours altéré.
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- Les Quatre Fantastiques : Oncles. Cette back-up à l'épisode 588 (le dernier de la série régulière) met en scène Spider-Man et Franklin Richards, qui ont désormais en commun d'avoir tous deux perdu leur oncle (Ben pour le premier, Johnny Storm pour le second).

Jonathan Hickman réussit à écrire une annexe simple et touchante, sobrement dialoguée, qui tranche avec bonheur avec ses scripts ampoulés et mous. Comme Fraction, il gagnerait fortement à miser sur des histoires centrés sur les personnages et moins sur des intrigues au long cours.

Mark Brooks illustre ceci très joliment, avec une belle colorisation de Paul Mounts.
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Bilan : la revue traverse un creux, entre sommaire anarchique et séries peu inspirées. Espérons que le prochain arc de New Avengers (en Fèvrier) et l'arrivée de la nouvelle série FF (le mois prochain) vont remonter le niveau.

Spider-Man Hors-Série 36 :

- La Chatte Noire : Chasseurs de trophées (1-4/4). La Chatte Noire croise lors d'un cambriolage dans un musée un autre voleur qui va bientôt la faire chanter en l'obligeant à commettre des vols sinon il exécutera sa mère. Felicia Hardy découvre progressivement que les commanditaires du maître-chanteur sont la famille Kraven en train de comploter contre Spider-Man...
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Cette mini-série a été publiée d'Août à Décembre 2010 (le dernier épisode paraissant deux mois après le troisième) en parallèle à la saga Grim Hunt (Chasse à mort en vf, écrite par Joe Kelly et dessinée par Michael Lark et Marco Checchetto) de la série Amazing Spider-Man. On y trouve en effet une partie de la toile de fond, avec les Kravinoff préparant le sacrifice du Tisseur pour ressuciter Kraven le chasseur. Pourtant, ces éléments ne gênent en rien la compréhension de cette histoire.
Jen Van Meter anime avec habileté la créature créée par Marv Wolfman et Keith Pollard en 1979 : Black Cat était à l'origine un vague décalque de la Catwoman de DC, mais le personnage a traversé régulièrement les aventures de Spider-Man avec qui elle entretient une relation à la "je t'aime, moi non plus" piquante et parfois dramatique (comme dans des épisodes des années 80 écrits par Roger Stern ou plus par Kevin Smith).
La dualité de l'héroïne est bien exploitée dans ce récit où ses talents de voleuse qui porte la poisse à ses adversaire lui permettent de sortir sa mère d'un mauvais pas. Le scénario est rythmé, avec de l'humour, une voix-off sobre et des dialogues bien troussés.
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Les dessins sont le fait de Javier Pulido, talentueux espagnol, trop discret (il a signé de superbes épisodes de Human Target chez Vertigo et assisté Marcos Martin sur Spider-Man). Son style épuré et élégant convient parfaitement à cette histoire, et même quand il est épaulé par Javier Rodriguez (sur les dernières pages des épisodes 2 et 3), la différence est quasi-imperceptible. La colorisation de Matt Holligsworth (et Javier Rodriguez sur l'épisode 3) est au diapason, simple et sobre.
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Bilan : très positif - on peut remercier Panini d'avoir, malgré le décalage avec la revue "Spider-Man", édité cette mini-série rafraîchissante.
Ultimate Spider-Man 11 :

- Ultimate Spider-Man 155-157 : La mort de Spider-Man (Prélude 3 + Pt 1-2). J. Jonah Jameson, qui connaît désormais la double identité de Peter Parker, accepte de le réintégrer au Daily Bugle en échange de l'exclusivité sur ses photos quand il agira sous le masque de Spider-Man. Après avoir retrouvé, lors d'une bagarre contre des malfrats, Kitty Pryde, Peter l'invite chez sa tante May où celle-ci et ses locataires (Bobby Drake/Iceberg, Johnny Storm/la Torche, Mary-Jane Watson...) ont préparé une fête pour son 16ème anniversaire.
Peu après, Norman Osborn/le Super-Bouffon réussit à s'évader du Triskelion et entraîne avec lui Electro, l'Homme-Sable, Kraven le chasseur, le Vautour et le Dr Octopus. Spider-Man part à leur recherche sans les trouver alors que les deux équipes des Ultimates s'affrontent. Nick Fury a chargé le Punisher d'abattre Captain America durant le combat et le Tisseur décide de s'interposer...

La série entame sa dernière ligne droite avant son relaunch, et après un troisième prologue, Brian Bendis met en place les éléments qui vont décider du destin de son héros - destin qui s'annonce sombre, comme l'indique le titre de l'histoire et que vient confirmer la dernière page (saisissante) de l'épisode 657. Lorsqu'on sait que dans l'univers Ultimate, les personnages condamnés ne ressucitent pas, l'issue (annoncée clairement ici) compte finalement moins que les moyens d'y arriver.
Bendis affiche une forme dont la constance sur ce titre a de quoi épater même ses plus hargneux détracteurs. Le 3ème prologue en témoigne, merveille d'écriture intimiste où chaque dialogue sonne vrai, chaque situation est d'une justesse imparable. Pour ce chapitre, il est accompagné au dessin par Chris Samnee : le talent de l'artiste est connu (en tout cas pour ceux qui n'ont pas raté Thor the mighty avenger, par exemple) mais il n'empêche qu'il signe peut-être le plus bel épisode de toute la série (oui, même au-dessus d'Immonen et Pichelli). La subtilité de ses expressions, la fluidité de son découpage, l'élégance de son trait, tout enchante !

Puis, donc, l'intrigue de La mort de Spider-Man est engagée : Bendis mène son affaire tambour battant en convoquant les ennemis les plus emblématiques du héros mais aussi les Ultimates (officiels de Carol Danvers et clandestins de Nick Fury), dont la confrontation va impacter brutalement la trajectoire du Tisseur. La convergence attendue des deux récits (le sort des fugitifs et l'issue de la lutte entre les super-soldats) promet énormèment.
Mark Bagley, qui avait quitté USM (et peu après Marvel pour une aventure peu concluante chez DC) il y a quatre ans, renoue avec la série comme s'il ne l'avait jamais quitté. Encré par Andy Lanning, le dessinateur n'a rien perdu de sa vivacité et, même si, comme moi, on n'est pas toujours client de ce qu'il fait, il faut avouer qu'il est là comme un poisson dans l'eau.
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Bilan : LA revue du mois - le récit est emballant et mis en image de manière imparable, avec mention pour la contribution (formidable et superbe) de Chris Samnee.

1 commentaire:

Midal a dit…

Salut, un bon début pour une série qui s'annonce bien
"JOURNEY INTO MYSTERY" dans marvel héroes.