Ce quatrième volume de la collection "Marvel : Les Grandes Sagas" est consacré aux X-Men et reprend la saga Genèse Mortelle (Deadly Genesis, en vo), écrite par Ed Brubaker et dessinée par Trevor Hairsine, publiée par Marvel Comics de Janvier à Juillet 2006.
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Qui est ce mystérieux et puissant mutant qui, surgi de nulle part, en veut tant au Professeur Xavier ? La réponse se trouve dans le passé du mentor des X-Men, et plus précisèment lorsque ses premiers élèves (Cyclope, Marvel Girl, le Fauve, Iceberg, Angel, Havok et Polaris) furent pris au piège sur l'île vivante de Krakoa. La version officielle de l'Histoire prétend que pour les libérer, Charles Xavier recruta une nouvelle équipe, cosmopolite (avec Wolverine, Diablo, l'Epervier, le Hurleur, et Tornade). Mais Moira MacTaggert entraînait elle aussi de jeunes mutants dont le Pr X n'hésita pas à se servir comme de la chair à canon. Et aujourd'hui, l'un d'entre eux réclame vengeance...
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Ce récit en six parties tient une place à part pour moi car il fait partie des premiers que j'ai découvert en revenant aux comics super-héroïques après m'en être longtemps éloigné. C'était en 2007 dans les pages de la revue "Astonishing X-Men" et ce fut une lecture mémorable car elle faisait référence à une autre histoire, un grand classique, Uncanny X-Men King-Size 1, écrit par Len Wein et Chris Claremont et dessiné par Dave Cockrum, à l'origine de la relance triomphale de la série en 1976.Ed Brubaker a imaginé une "retcon" astucieuse : il a profité d'un espace narratif dans la continuité des X-Men pour réécrire l'histoire et introduire de nouveaux personnages tout en rendant le Pr X responsable d'une odieuse manipulation. Dans cette révision du passé, l'équipe moderne a été précédée par un groupe d'élèves dirigé par Moira MacTaggert et sacrifié par Charles Xavier pour tenter de sauver ses premiers disciples.
Le procédé même de la "retcon" est sujet à débat puisqu'il s'agit au mieux d'enrichir la mythologie d'une série, au pire d'y intégrer des éléments qui risquent de ne pas être exploités par la suite. Dès lors, on peut s'interroger : pourquoi revenir sur le passé au lieu de se concentrer sur le présent ? Brubaker a néanmoins créé avec Vulcan un méchant accrocheur, dont on comprend le ressentiment, dont la réapparition ébranle les X-Men, et le scénariste développera son histoire dans un arc de douze épisodes, L'avènement et la chute de l'empire Shi'ar (The rise and fall of the Shi'ar empire, en vo), inégal mais ambitieux, avant que Vulcan ne soit utilisé par le duo Andy Lanning-Dan Abnett dans leurs sagas cosmiques.
Les deux autres additions notables à Genèse mortelle sont le personnage de Darwin, autre survivant de cette génération intermédiaire,dont le pouvoir est très original, et l'exclusion du Pr X, privé de ses pouvoirs à la suite de House of M - ce dernier fait a conduit Cyclope à devenir le véritable nouveau leader de la "mutanité".
Ces épisodes restent assez plaisants à la relecture, l'intrigue est efficace avec une vraie progression dramatique, malgré un affrontement final un peu expédié.
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Graphiquement, en revanche, le résultat est beaucoup plus inégal. La faute en incombe à Trevor Hairsine : après avoir dessiné le premier épisode, il n'a plus livré que des layouts (des planches à peine esquissées, voire incomplètes) et laissé à plusieurs encreurs successsifs (comme Kris Justice, Scott Hanna ou Mike Perkins) le soin de terminer les pages, parce que sa femme attendait leur premier enfant et qu'il n'a pas supporté la pression des délais d'un côté et de sa future paternité de l'autre. Une attitude bien peu professionnelle de la part d'un artiste que Joe Quesada présentait comme une des futures vedettes de Marvel, et dont la carrière depuis n'a fait que confirmer l'irrégularité.C'est d'autant plus dommage que le premier épisode promettait beaucoup (sans être grandiose toutefois) et que les autres ne sont ensuite, au mieux, que moyens, avec des personnages aux expressions crispées, dans un découpage paresseux, aux finitions quelconques.
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Prochaine parution de cette collection : Wolverine par Jeph Loeb et Simone Bianchi (autant dire que ça ne risque pas d'être fôlichon)...
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