jeudi 2 juillet 2009

Critiques 69 : Revues VF Juillet 2009

MARVEL ICONS 51 :

- Les Nouveaux Vengeurs 45 : L'Empire (5). Comme depuis le démarrage de Secret Invasion, les Nouveaux Vengeurs ne sont pas vraiment au centre de leur série... Mais cet épisode est plutôt d'une bonne facture. Ce mois-ci, ce tie-in revient sur une autre saga mémorable (et sans doute plus réussie) : House of M.

La reine Skrull Veranke, qui a l'apparence de Spider-Woman, et Criti-Noll, qui a les traits d'Hank Pym, réagissent comme ils peuvent à la reconfiguration de la réalité par la Sorcière Rouge et essaient de voir comment ils pourront tirer profit de la situation.
A peine ce passage réglé, c'est aux conséquences d'Annihilation que les Skrulls sur Terre doivent faire face.

Cette fois, aucune vedette de la saga n’apparait ou ne disparait, et nul n'en sort défiguré ou dôté de nouveaux pouvoirs. Mais ce retour sur les évènements d'House Of M sous l'angle de l'Invasion Skrull rend rétrospectivement la saga mutante troublante. Encore une fois, on se demandera si Bendis avait vraiment tout préparé aussi minutieusement, mais c'est indéniablement habile et efficace.
Il ne s’agit plus de savoir qui est un Skrull ou pas, mais plutôt d'examiner la stupeur des envahisseurs face à la fréquence et l’envergure des événements de ces dernières années. Et pour eux, il s'agit d'autant de points à corriger pour parfaire leur projet. Du coup, et ça, c'est malin, Bendis réfléchit à l'impact des "events" tout en se servant de cette réflexion pour alimenter celui qu'il écrit.
Par contre, j'ai été plus déstabilisé par l'évocation d'Annihilation, que je n'ai pas lu - mais qui est vite expédié. Néanmoins, on remarque que ce qui s'est passé dans l'espace à ce moment-là a été l'équivalent d’un Pearl Harbor pour les Skrulls : le déclencheur de leur offensive générale et le symbole de leur esprit sacrificiel, où seule compte la mission. Le fameux « Il vous aime» prend là une dimension plus émotionnelle, dont Bendis réussit bien à rendre compte.
Néanmoins, on peut s'interroger sur un point : pourquoi, après avoir constaté la puissance de la Sorcière Rouge, les Skrulls ne se sont-ils pas hâtés de la supprimer ?
La lecture de ce New Avengers 45 n’est donc pas essentielle mais s'apparente à un n° O de Secret Invasion.

Graphiquement, c'est très beau : normal, Jim Cheung illustre l'épisode, excellant comme d'habitude dans la représentation de personnages féminins et livrant des double-pages bluffantes. Son trait m'a paru moins raide qu'à l'ordinaire, bien servi par deux encreurs de qualité (John Dell et Jay Leisten).

Je mets un B+ puisqu'Il m'aime...


- Iron Man : Les 5 Cauchemars (5) - Code Noir. Bon... Ben... Comment vous dire ?Je n'y arrive toujours pas ! La laideur absolue du traitement graphique du lamentable Larroca me rebute, et je préfère zapper cette série qui est vraiment une faute de goût totale. Si je la lisais, je deviendrai certainement méchant.Pourquoi créer l'automne prochain une nouvelle revue alors qu'il aurait été si simple d'exclure cette "chose" pour la remplacer par Dark avengers?

- Captain America (vol.5) 41 : L'homme qui a acheté l'Amérique (5). Pénultième volet du récit concocté par un Ed Brubaker en apesanteur, ce nouvel épisode est encore une merveille.

Bucky/Cap' et le Faucon traquent le Grand Directeur pour remonter jusqu'à Crâne Rouge et délivrer Sharon Carter. C'est sans compter sur le Dr Faustus qui décide de fausser compagnie à ses complices alors qu'un débat public entre les candidats à la Présidentielle se prépare à Albany, avec bien sûr en vedette le Sénateur Wright. Sin, la fille de Crâne est dans la place, et Bucky va s'y inviter.
La Veuve Noire et le Faucon attaquent le repaire d'Arnim Zola, qui fuit en embarquant Sharon...

Cette série n'évolue définitivement pas dans le même registre et au même niveau que les autres, avec son intrigue politique et une narration parallèle dirigée de main de maître. Tout est encore une fois admirable : le récit est traversé par une tension palpable, nimbé de mystère et d'incertitude, tout en offrant de l'action classique qui ponctue le tout avec à-propos.Après cela, on peut bien débattre des heures durant sur la progression discutable d'un Bendis ou la régression improbable d'un Millar, mais le scénariste le plus complet, le plus ambitieux de Marvel n'est-il pas Brubaker - aussi fabuleux ici que sur Daredevil.

Visuellement, Steve Epting, aidé à l'encrage par Rick Magyar et toujours assisté à la couleur par Frank D'Armata, livre des planches au découpage d'une simplicité et d'une fluidité somptueuses. Le sens du cadre, de l'angle de vue, des lumières, tout participe à servir au mieux l'histoire.

Une constance dans l'excellence : A +.


- Fantastic Four 561 : La mort de la Femme Invisible (4) - La machine de Galactus. ici s'achève le deuxième arc du tandem Millar-Hitch... Et se confirme qu'il a été bien meilleur que leur premier !

Prisonniers des Nouveaux Défenseurs dont le chef s'est avéré être la fameuse Tabitha Deneuve, nounou récemment embauchée par les Richards, le Dr Fatalis, Johnny Storm et Galactus vont donc servir de batterie pour transporter à notre époque les survivants du futur.Pour localiser le QG de leurs adversaires, Red Richards trace Tabitha Deneuve en se servant de sa version actuelle, c'est-à-dire Jane. L'affrontement entre les Fantastiques et les Défenseurs va se jouer en même temps que le sort des hommes de demain - auxquels va être offert une issue ingénieuse...
Mais Fatalis, lui, n'en restera pas là...

La résolution de l'intrigue renoue avec les grandes heures du duo Millar-Hitch, dans un bagarre aux accents de délivrance pour les héros comme pour les lecteurs, qui se languissaient de voir l'équipe en découdre aux poings avec des adversaires redoutables.
Millar fait preuve de tout son savoir-faire pour conclure, le pied sur l'accélérateur, une histoire qui avec ses quatre chapitres est un modèle de concision par rapport aux standards actuels. Pourtant, il a su habilement réemployer des éléments posés dans l'arc précédent - comme Nu-Earth ou Alyssa et son mari. Et, tout aussi efficace, il clôt l'épisode sur une image glaçante qui annonce déjà la suite tout en expliquant la fameuse "mort de la Femme Invisible". C'est un régal !

Comme c'est un régal de retrouver Hitch en aussi bonne forme, toujours prompt à nous épater avec des pages spectaculaires, sans négliger le découpage, percutant. Le dessinateur a cette fois vraiment pris possession dee ses personnages et son plaisir est visible, notamment quand il anime Ben Grimm, déchaîné. Sa complicité avec Andrew Currie à l'encrage permet aussi au titre une plus grande solidité graphique, après les tâtonnements du début.

Je suis content : A+ !

Un numéro de très belle facture, auquel seul Iron Man fait du tort.

WOLVERINE 186 :
- Wolverine 69 : Old man Logan 4. La fresque futuriste de Millar et McNiven est à mi-chemin et se déroule sur le même faux-rythme depuis le début, alternant avec maestria scènes d'actions ébouriffantes et plages plus calmes, aux ambiances étudiées.

Clint Barton sur le point de se faire occire par sa fille est sauvé in extremis par Logan et les deux bougres fuient Fisk Lake City le pied sur l'accélérateur, avant d'être englouti dans les tréfonds de la terre à cause des Taupoïdes.
Le spectacle des abysses est cauchemardesque mais grâce à la Spider-buggy, Hawkeye et Wolverine s'en sortiront une fois de plus. Ils traversent le Wyoming, puis Electroville (où gît encore un personnage emblématique, dont la découverte suggère encore la dévastation du monde), puis le Sud-Dakota (où le Mont Rushmore dévoile son imposante façade avec une surprise de taille).
Dans l'Iowa, nos deux voyageurs font une halte dans un bar (soyez attentifs et vous découvrirez le clin d'oeil que McNiven a fait à son scénariste...). Logan s'apprête à - enfin - dévoiler son secret...

Il émane toujours de cette saga un sentiment double, mélange de sidération et d'effroi : nul doute que Millar signe là une de ses oeuvres les plus puissantes, chaque nouvel épisode réservant son lot de séquences mémorables. Le mystère reste entier sur ce qui a provoqué la retraite de Wolverine, mais aussi sur la "marchandise" que transporte Hawkeye.
Aux éléments "westerniens" viennent se greffer des segments horrifiques saisissants, et comme le traumatisme caché de Logan, le visage désolé de l'Amérique qu'il dépeint laisse deviner l'ampleur du cataclysme qui a bouleversé le passé.

Graphiquement, ne craignons pas de répéter que McNiven produit des planches à couper le souffle : le découpage est d'un dynamisme formidable et une double-page comme celle du Mont Rushmore mérite qu'on s'y attarde, subjugué. Du très haut niveau.

La note est évidente : A+. Et déjà une certitude : ce "Old man Logan" fera date !
- Wolverine : Origins 28 - Pêché originel (prologue). C'est fou ce qu'un bon dessinateur peut faire du bien à une série qui vous laissez jusqu'ici indifférent... Loué soit Mike Deodato, qui dope spectaculairement le scénario de Daniel Way !

Ayant retrouvé son fils Daken, Wolverine décide de s'en occuper pour le déconditionner de sa nature de tueur. Le rejeton ne se souvient en effet plus de rien… Charles Xavier décédé, reste la solution - en désespoir de cause - d'aller demander l'aide des X-Men. En route pour retrouver son équipe, Logan se remémore son arrivée à l’école de Xavier après qu'il ait combattu (séquence fameuse) Hulk.

Deodato transcende réellement ce retour dans le passé (même si on peut regretter qu'il n'ait pas conservé le costume de Wolvie à cette époque). L'affrontement entre le griffu et le colosse de jade offre quelques pages ravageuses, avec le Wendigo en guest.

Way clôt l'épisode de telle manière que pour, apparemment bien apprécier toute l'intrigue à venir, il faudra également lire X-Men legacy écrite par Mike Carey (et publiée dans la revue "X-Men"). Cette histoire me séduit mais n'achetant pas la revue "X-Men" , vais-je quand même tout piger ?

Quoiqu'il en soit, avec un tel atout graphique, ces "Origins" prennent un relief inattendu : ça mérite un B+.

Un très bon cru donc !


SECRET INVASION 6/8 :

- Secret Invasion 6 : d'abord, mes biens chers frères, mes biens chères soeurs, recueillons-nous un instant pour deux raisons :
- d'abord, en hommage à cette jolie couverture de Marco Djurdjevic (Djurdj' pour les intimes)... Que Panini a bien salopée, avec son bon gôut esthétique reconnu, en y apposant un mochissime logo "70 ans de Marvel Comics : en cadeau une litho exclusive (1/4)" ! Une pensée, donc, pour l'artiste qui a sué sur cette peinture bousillée par Panonoproductions, trop atteint par la crise sans doute pour investir dans des stickers (mais pas trop endetté quand même pour emballer la revue dans de la cellophane afin de protéger ladîte litho...) ;
- ensuite, parce que, dès les premières pages de cet avant-avant dernier volet de la saga, nous pleurons la perte d'un héros récemment revenu parmi nous (non, ce n'est pas Michael Jackson)...Sur ces entrefaîtes, l'envahisseur Skrull explique à la population pourquoi son arrivée est censée être si bénéfique à l'espèce humaine, et nous voilà à San Francisco, sur la Lune, au Wakanda, en Terre Sauvage (avec Zazie et Frédéric Lopez ? Non, avec Shanna - ce qui n'est pas désagréable non plus...), en Israël (! J'ignorai même qu'il existait des héros là-bas. Voilà qui va causer un choc à Dieudonné...) pour observer les réactions à ces justifications.
Le Skrull est vert, certes, il est aussi confiant. Trop ? C'est que pensent aussi les Vengeurs (Puissants, Nouveaux, tous réunis, que c'est beau)... Jusqu'à ce qu'ils arrivent à New York et constatent les dégâts. Mais Nick Fury, ses Secret Warriors, ce qui reste de l'Initiative, puis bientôt Captain America et Thor décident de faire le ménage : ça va saigner !

Coïtus interruptus : Bendis est un petit malin. Après avoir un peu dormi ces deux derniers mois, il trouve son second souffle alors que s'approche le dénouement de son épopée... Mais à la fin du présent épisode, la bataille commence à peine et donc il faudra attendre le mois prochain pour la grande baston de la mort qui tue ! Elle promet d'être épique, vu le nombre de belligérants - d'un côté, une horde de Skrulls patibulaires (mais presque), de l'autre du Vengeur en colère (en veux-tu ? En voilà !), du Thunderbolt énervé, et même de la canaille de chez Hood ! Caramba !
J'avoue : j'ai bien aimé cet épisode, à la fois dense, rythmé, et où on assiste à la réunion du trio emblématique des Vengeurs (Cap, Thor, Iron Man) avec Fury. Nous savons aussi maintenant qui est ce "Il" qui nous aime tant - pas sûr que Benoît XVI soit ravi, mais les autres, comme Nick le borgne, répondront que leur dieu à eux, "il a un marteau !" (et les athées comme moi, ajouteront que Benoït XVI est marteau...)

Niveau graphique, Yu se réveille lui aussi : son découpage est à nouveau plus varié et dynamique, et les deux dernières double-pages régaleront les amateurs pendant de longues minutes. Bien que son style diffère, il évoque aloors, dans cette démesure, cette pléthore de personnages ruant dans les brancards l'immense George Pérez !

Allez : A + !

- Secret Invasion : Ligne de front 3 - En fuite. La grippe méxicaine (ou porcine, ou qui fait tousser, ou qui fait les choux gras des jt...) frappe hélas ! une partie du personnel de Marvel et de GG Studios. Je ne vois pas d'autre explication (sinon le réchauffement climatique...) à la catastrophique médiocrité de ce complèment de programme, où Brian Reed n'est que l'ombre de lui-même et les dessins donneraient des cauchemars à tous les enfants qui sont aujourd'hui en vacances pour deux mois.

Epargnez-vous ce désolant spectacle... Ou écrivez à : Frédéric Mitterrand, Ministère de la Culture, Paris (qui fera suivre vos plaintes).

L'invasion se resaissit, et ses auteurs aussi. Félicitations !

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