mardi 31 octobre 2023

ALL-NEW X-MEN, TOME 4 : DEMENAGEMENT, de Brian Michael Bendis, Stuart Immonen, Brandon Peterson, Mahmud Asrar et Brent Anderson

 

Comme je vous l'ai annoncé, cette rétrospective sur les X-Men par Brian Michael Bendis va alterner les critiques des tomes de All-New X-Men et Uncanny X-Men après X-Men : Battle of the Atom. Et donc me voilà, neuf ans après, à reprendre mes analyses sur All-New X-Men avec ce tome 4 intitulé Déménagement (All-Different en vo) où le scénariste doit traiter des conséquences du crossover en compagnie de Stuart Immonen (pour l'épisode 18), Brandon Peterson (pour l'épisode 19), Mahmud Asrar (qui vient aider Peterson sur l'épisode 20) et Brent Anderson (qui signe les premières pages de l'épisode 21).

Pour être complet : ce tome 3 comprend aussi un épisode anniversaire intitulé X-Men Gold, mais qui n'a aucun rapport avec l'histoire en cours et que j'ai choisi de zapper par conséquent.

Et comme pour le crossover, j'ai choisi pour le confort de lecture d'appeler les X-Men du passé (Young Cyclops, Marvel Girl, Young Iceberg, Young Beast, Young Angel) transportés par le Fauve les O5 (pour Original Five) quand je les désigne en tant que groupe.



Magik téléporte Kitty Pryde et les O5 au QG des Uncanny X-Men dans l'ancien base de l'Arme X. Angel retrouve ses amis avec joie puis tous s'installent dans leurs quartiers de la nouvelle école Charles Xavier. Le Fauve est plutôt mal à l'aise à l'idée de cohabiter avec Magneto tandis que Iceberg tombe de fatigue et que le jeune Cyclope cherche ses marques. Marvel Girl en revanche doit subir le mauvais accueil des Stepford Cuckoos qui la considèrent comme l'ennemie de Emma Frost. Magik dote les O de nouvelles tenues. 


Une alerte Cerebro conduit Magik, Kitty et les O5 en Floride où ils viennent au secours d'une jeune mutante pourchassée par les Purificateurs, un groupe anti-mutant lourdement armé. Pendant que l'équipe les corrige, Kitty poursuit la jeune mutante et l'identifie...


... Il s'agit de Laura Kinney/X-23, la clone de Wolverine. Mais elle refuse de rester à la base des Uncanny X-Men. Le jeune Cyclope l'apaise et elle accepte de mener l'équipe jusqu'au repaire des Purificateurs où elle a été torturée et dont elle venait de s'échapper et dont elle venait de s'échapper.


Quelques années auparavant, le révérend William Stryker confie son fils à l'A.I.M. pour que les scientifiques en fassent une arme vivante contre les mutants. Aujourd'hui, grâce à ses pouvoirs, il capture les O5. Mais ceux-ci réussissent à se libérer et à le vaincre après qu'il ait fourni à Monica Rappaccini de l'AIM des échantillons de leurs ADN.

Bon, on ne va se voiler la face : ce n'est pas bon. Non seulement il y a peu à lire (quatre malheureux épisodes) mais Brian Michael Bendis n'a surtout pas grand-chose à raconter. Tout est ici prétexte à ajouter un membre au groupe d'élèves sous la responsabilité de Kitty Pryde.

Sans surprise, l'épisode 18 qui ouvre ce tome 4 est le meilleur du lot. D'abord parce qu'il est dessiné par Stuart Immonen. L'artiste canadien est alors en pleine forme, il enchaîne les épisodes à une vitesse folle (la série est quasiment bimensuelle) et il anime les personnages avec un talent indiscutable. On peut discuter du bon goût des designs des nouveaux costumes dont il affuble les O5 qui ne sont pas son meilleur travail mais en même temps Bendis justifie cette séance de relooking de manière amusante.

Immonen et Bendis s'entendent très bien, le génie du premier complétant à merveille la sensibilité du second. En une succession de scènes courtes, on peut apprécier la justesse avec laquelle les relations entre les nouveaux arrivants et les mutants déjà présents au sein des Uncanny X-Men sont exploitées.

Le Fauve est visiblement mal à l'aise car il doit cohabiter avec Magneto qu'il a toujours eu comme ennemi et dont il peine à comprendre comment Scott Summers peut être devenu son allié. On remarquera lors de cette scène que sur les écrans de contrôle apparaît Dazzler quand elle exerçait son métier de chanteuse : le clin d'oeil est subtil quand on sait que Mystique a usurpé l'identité de Alison Blaire au sein du SHIELD.

Iceberg est conduit dans sa chambre par Eva Bell/Tempus et ne peut s'empêcher de confier les émotions fortes qu'il a vécues récemment... Avant de s'apercevoir que la jeune femme n'est plus dans la pièce. Et puis surtout il y ce formidable échange entre la jeune Jean Grey et les Stepford Cuckoos, en particulier Celeste, qui ne cache pas à quel point elle déteste Marvel Girl car elle a failli tuer Emma Frost. Le décalage entre le vécu de Celeste et ses "soeurs" et celui de Jean aboutit à un moment qui révèle le malaise incarné par ces mutants venus du passé pour tenter d'empêcher une catastrophe et dont personne ne sait quoi faire désormais.

Il y a un autre joli moment entre Magik et Kitty à l'occasion duquel les deux amies se confient sur ce qui les a éloignées l'une de l'autre et le plaisir de se retrouver. Immonen réussit impeccablement à montrer la maladresse qui s'empare de Magik quand elle veut étreindre Kitty qui, surprise, "phase" et qui donc provoque la chute d'Ilyana. C'est quelque chose qui paraît tout bête à représenter mais qui est en vérité très délicat à dessiner correctement.

Le reste est, autant narrativement que graphiquement, beaucoup moins heureux. D'abord en trois épisodes, on voit Brandon Peterson incapable d'enchaîner. Il est aidé par Mahmud Asrar (qui ne se doutait pas qu'il remplacerait Immonen deux arcs plus loin) puis Brent Anderson signe les premières pages du dernier numéro de ce tome.

Le souci, c'est que le style de Peterson n'est pas très plaisant à l'oeil avec un trait saturé de lignes inutiles, des corps et des visages improbables. Asrar est encore loin d'afficher un niveau correct et surtout on voit bien qu'il a été appelé en catastrophe pour dépanner et donc ses planches sont honnêtes mais un peu "rushés". 

En ce qui concerne Brent Anderson, il s'agit plus d'un clin d'oeil que d'un vrai fill-in : il ne réalise que peu de pages et Bendis a dû vouloir qu'il les dessine car il fait référence au graphic novel God Loves, Man Kills (Dieu aime, l'homme détruit en vf), un classique écrit dans les années 80 par Chris Claremont, qui posait un regard très cru, dur et adulte sur les mutants.

Mais Bendis se montre particulièrement gauche pour ce renvoi. Tout ce petit arc a du mal à convaincre, et en tout cas rien ne justifie qu'il y consacre trois épisodes entiers. Tout ça n'est qu'un prétexte pour introduire X-23, le clone de Wolverine, et en faire un membre des All-New X-Men. Pourquoi pas ? Mais pas comme ça. D'autant qu'on n'entendra plus parler ensuite de l'implication de l'AIM, des ADN prélevés sur les O5 par le fils Stryker.

Heureusement, par la suite, Bendis prouvera qu'il n'a pas intégré X-23 pour rien. Le personnage apportera une dynamique intéressante à la série et le scénariste en jouera sur plusieurs plans. D'ailleurs, l'arc suivant chamboulera la série de manière conséquente. Mais ça, ce sera pour une prochaine critique... Stay tuned !

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