mercredi 21 septembre 2022

NIGHTWING #96, de Tom Taylor et Bruno Redondo


Nightwing #96 est donc le dernier numéro de la série que je critiquerai. J'ai décidé d'arrêter de suivre ce titre. Mais j'espérai quand même que Tom Taylor et Bruno Redondo me donneraient des regrets car ce n'est pas une mauvaise série. 


Blockbuster a découvert la double identité de Nightwing et il compte bien faire d'une pierre, deux coups en se débarrassant de lui et de son alter ego, Dick Grayson.


Dehors, alors qu'une chaîne humaine s'est formée pour éteindre l'incendie du havre, Batgirl et Batwoman font face à l'Electrocuteur et Brutale pour les empêcher d'aider Blockbuster.


Dans le bâtiment en flammes, le combat entre Nightwing et Blockbuster se poursuit. Le caïd de Blüdhaven est défenestré. Il tente de fuir mais ses hommes de main lui tournent le dos.


Batgirl rejoint Nightwing dans le havre. Dick est inquiet car Blockbuster sait qui il est et a menacé de s'en prendre à ses proches. Mais Barbara refuse de baisser les bras.

Depuis le n°87 de Nightwing, je dois bien avouer que j'ai progressivement décroché et si j'ai persisté à suivre cette série, c'était en ayant l'espoir que Tom Taylor lui redonne de la substance. Au lieu de quoi la manie du scénariste à sans cesse copier ce qui avait si bien été fait par Mark Waid et Chris Samnee sur Daredevil et les absences répétées de Bruno Redondo ont eu raison de ma patience.

Entendons-nous bien : Nightwing n'est pas une mauvaise série et je comprends qu'elle soit appréciée par beaucoup de fans. C'est mérité. Tom Taylor aime vraiment le personnage et a récupéré le titre après des dizaines d'épisodes médiocres pour lui donner un nouvel élan, soutenu par un artiste de valeur.

Mais, ce 96ème épisode résume en fait ce pour quoi j'ai décidé d'arrêter les frais : Nightwing n'a pas beaucoup de consistance et encore moins de personnalité, c'est écrit par un auteur plus malin que vraiment original et dessiné de manière trop intermittente par le dessinateur titulaire.

Récemment, alors que scrollais sur Twitter, un fan comparaît Nightwing au Daredevil de Waid et Samnee et Bruno Redondo reconnaissait l'influence de ce run en répondant qu'il fallait toujours se caler sur les meilleurs. Et c'est un peu là le souci : Taylor et Redondo ne sont pas aussi bons que Waid et Samnee, mais pire encore, ils arrivent après eux.

Quand Waid et Samnee réalisaient Daredevil, beaucoup ont résumé leur démarche comme celles de narrateurs voulant se démarquer de l'influence de Frank Miller sur le personnage pour aller dans une direction et une tonalité plus légère, plus lumineuse. Cela n'empêchait pas des histoires, des rebondissements noirs, mais avec moins de systématisme et surtout avec une esthétique effectivement très distincte. Déjà, lorsque Ann Nocenti et John Romita Jr animèrent les aventures de l'homme sans peur, ils avaient proposé quelque chose de radicalement différent.

Clairement, c'était aussi l'intention de Taylor et Redondo avec Nightwing : en finir avec les conséquences de son amnésie, consécutive à la tentative d'assassnait par KGBeast dans le Batman de Tom King, et avec la période "Ric Grayson", ses scénarii ineptes. Pour Taylor, Dick Grayson était un personnage aussi important que Bruce Wayne ou Kal-el dans le DCU (il a raison en un sens quand on sait que Dick a 80 années d'existence), mais surtout c'est un héros positif, qui s'est émancipé de son mentor, qui a été chef d'équipe (les Teen puis New Teen Titans), avec une vie sentimentale riche (Starfire, Batgirl).

Tout cela est louable si et seulement si c'est converti dans de bonnes histoires. Taylor a ramené Nightwing à Blüdhaven, mais il a aussi dû se plier à des contraintes éditoriales, come lorsque le héros a été impliqué dans l'arc Fear State de James Tynion IV (alors qi'objectivement ce n'était guère justifié). Un pas en avant, deux pas en arrière : Tom Taylor voulait éloigner Nightwing de Gotham mais DC voulait qu'il y garde un pied (c'est ainsi que Dick Grayson a suppléé Batman dans Detective Comics, écrit par Mariko Tamaki, avec d'autres membres de la Bat-famille).

Malgré tout, la série tenait bon parce qu'elle était écrite correctement et dessinée avec énergie par Bruno Redondo qui déployait beaucoup d'imagination pour des découpages et des compositions très soignées, même s'il avait du mal à ecnhaîner plus de quatre épisodes d'affilée (ce qui est honorable mais trop peu pour un artiste titulaire).

Revenons-en au #87, construit comme une morceau de bravoure, un épisode en un plan-séquence, fait de doubles-pages sans coupures - et que certains fans ont acheté en plusieurs exemplaires pour ensuite décortiquer leur floppies et coller les planches pour en faire une frise prouvant la virtousité de Redondo. C'était en effet remarquable. Mais cela ressemblait plus à un numéro de cirque, un truc pour épater le chaland, un exercice de style qu'à un épisode digne de ce nom (d'ailleurs tout ça pour raconter le sauvetage du toutou de Dick Grayson, franchement...).

Moi, ça m'a complètement sorti de la série. Je ne le savais pas sur le moment mais les numéros suivants l'ont confirmé, invitant régulièrement des guest-stars pour éviter Dick Grayson de se faire assassiner. Tom Taylor mentirait effrontément s'il prétendait ne pas avoir envie d'écrire un relaunch de New Teen Titans (et d'ailleurs il a finit par réunir l'équipe dans le n°88). J'avoue que ça m'a gonflé (autant que la manie de Kelly Thompson, chez Marvel, à toujours transformer ses séries en team-book déguisés, qu'il s'agisse de Hawkeye, Black Widow ou Captain Marvel).

Nightwing #96 conclut l'arc The Battle for the Heart of Blüdhaven et le combat final entre Nightwing et Blockbuster après que ce dernier vient de découvrir que Dick Garyson était le justicier masqué rappelle encore une fois Daredevil aux prises avec le Caïd. Même bagarre acharnée, même contexte, toujours des guest-stars (Batgirl bien sûr, Batwoman aussi). Ce n'est pas déplaisant à lire, mais ce n'est pas non plus suffisant et parfois même franchement grotesque.

Taylor cherche à amuser la galerie avec le logo du Comics Code pour masquer les gros mots et les gestes obscènes de l'Electrocuteur, Batgirl évite une bagarre avec le même Electrocuteur et Brutale en dégainant une tablette tactile qu'elle sort de sa cape (on croirait un mauvais magicien sortant un lapin de son chapeau), Blockbuster file après avoir été défenestré (bon, mettons que ce colosse a le dos solide pour se relever après une chute de plusieurs étages. Mais personne - Batwoman la première - n'a l'idée de le menotter en attendant l'arrivée de la police ? Non !). Et je vous passe ce qui arrive dans les trois dernières pages, un vrai attrape-nigaud... Juste après que Babs et Dick se soient enfin embrassés.

Redondo produit des belles planches, comme d'abord, mais il ne s'encre plus (un type dont je n'ai jamais entendu parler s'en charge et fait le minimum en repassant sur les traits de l'artiste pour que l'illusion soit parfaite). Où est le Redondo qui avait signé neuf épisodes sur dix de Suicide Squad (écrit par Taylor) ? J'aimerai être indulgent, clément, mais je suis lassé de tous ces dessinateurs qui n'enchaînent pas, quand Samnee ou Mora sont si disciplinés qu'ils complètent deux épisodes mensuels. A un moment, on ne peut plus être gentil ou alors il faut que ce soit justifié par des épisodes exceptionnels. Redondo n'a rien d'exceptionnel s'il ne peut pas dessiner deux épisodes d'affilée et se faire remplacer.

J'aurai donc aimé avoir des regrets en arrêtant Nightwing, me dire que je peux encore attendre un arc avant de stopper. Mais entre l'écriture à la limite du plagiat, le dessinateur intermittent, les histoires creuses, non. Mieux vaut en rester là.

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